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Ukraine : suite à l’invasion russe, escalades et menaces nucléaires ce dimanche 27 février, l’économie mondiale et les marchés financiers devraient plonger

L’Ukraine ne faisant pas partie de l’OTAN, aucune force armée ne sera envoyée pour combattre l’armée russe, seul de l’armement sera envoyé. L’invasion russe pourrait faire dérailler une économie mondiale fragile.

Escalades dans le conflit Ukraine/Russie © FranceTransactions.com/stock.adobe.com

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Menaces nucléaires

Vladimir Poutine a annoncé dimanche 27 février mettre en alerte la "force de dissuasion" de l’armée russe, qui peut comprendre une composante nucléaire, au quatrième jour de l’invasion de l’Ukraine par Moscou. "J’ordonne au ministre de la Défense et au chef d’état-major de mettre les forces de dissuasion de l’armée russe en régime spécial d’alerte au combat", a déclaré le président russe lors d’un entretien avec ses chefs militaires retransmis à la télévision.

Ukraine : comment l’invasion russe pourrait faire dérailler une économie mondiale fragile

L’invasion de l’Ukraine intervient à un moment délicat pour l’économie mondiale, qui commençait à peine à se remettre des ravages du Covid. La guerre enclenchée par la Russie pourrait avoir des conséquences économiques considérables, alors que les marchés financiers s’effondrent et que le prix du pétrole s’envole.

Un précédent, la guerre du Kippour

Une comparaison inquiétante peut même être faite avec la guerre du Yom Kippour de 1973 au Moyen-Orient, qui a conduit à une crise pétrolière. Cette crise a ébranlé l’économie mondiale et marqué la fin d’un boom économique qui avait permis de réduire le chômage et d’augmenter le niveau de vie.

Aujourd’hui, l’économie mondiale pèse beaucoup plus qu’à l’époque, mais sa croissance a été bien plus lente au cours des dernières décennies. Et la pandémie a eu un impact important au cours des deux dernières années, les gouvernements étant contraints de dépenser des sommes considérables pour renflouer leurs propres économies. Malgré certains signes de reprise, les risques d’une inflation plus élevée et d’une croissance plus faible demeurent, et les dettes importantes limitent la capacité d’intervention de nombreux gouvernements.

Stagflation, retour en 1973

La hausse des coûts de l’énergie et les perturbations persistantes des chaînes d’approvisionnement, qui seront toutes deux aggravées par la crise ukrainienne, sont des facteurs clés de l’affaiblissement des perspectives économiques. La Russie est le plus grand fournisseur de gaz et de pétrole de l’UE, et la hausse des coûts de l’énergie se traduit par un renchérissement des transports, ce qui affecte la circulation de toutes sortes de marchandises. Mais le plus grand risque pour l’économie mondiale est peut-être qu’une crise prolongée fasse basculer le monde dans la stagflation, c’est-à-dire la combinaison d’une forte inflation et d’une faible croissance économique. Il s’agissait d’un problème majeur après la crise pétrolière de 1973, mais que de nombreux économistes espéraient voir relégué aux oubliettes, les prix ayant été relativement bas et stables au cours des deux dernières décennies.

Le coût de la vie pourrait augmenter

Une inflation élevée et en croissance va exacerber la crise du coût de la vie qui touche déjà de nombreux consommateurs. Elle pose également un dilemme aux banques centrales qui ont injecté de l’argent dans l’économie au cours des deux dernières années de la pandémie. La plupart d’entre elles envisagent désormais de retirer progressivement ce soutien tout en relevant progressivement les taux d’intérêt pour juguler l’inflation.

Mais tout cela ne fera qu’affaiblir davantage l’économie – surtout si l’inflation continue à s’accélérer et que les banques centrales réagissent par des hausses spectaculaires des taux d’intérêt. Pendant la crise des années 1970, la Réserve fédérale américaine avait porté les taux d’intérêt à 10 %, provoquant une profonde récession. L’année suivante, au Royaume-Uni, les taux d’intérêt de la Banque d’Angleterre ont atteint 17 %, ce qui a précipité un fort déclin économique.

Les espoirs de voir les pressions inflationnistes s’atténuer d’ici le milieu de l’année 2022 semblent désormais incertains. La Russie et l’Ukraine comptent parmi les plus gros exportateurs de blé au monde et beaucoup (surtout en Europe) dépendent du pétrole et du gaz russes, de sorte que les prix de l’énergie et des denrées alimentaires pourraient continuer à augmenter.

Hyperinflation

Et ce n’est pas seulement le taux d’inflation qui compte, mais aussi les attentes de l’opinion publique face à une nouvelle hausse des prix. Cela peut déclencher une « spirale salaires-prix », où l’on voit chacun et chacune demander des salaires plus élevés pour compenser l’augmentation du coût de la vie. Ce qui obligerait les entreprises à augmenter davantage leurs prix de manière générale pour financer ces mêmes augmentations de salaire. Dans ce cas, les banques centrales seraient alors contraintes de relever encore davantage les taux d’intérêt.

Une inflation très élevée signifie également que les dépenses publiques pourraient diminuer en termes réels, réduisant le niveau des services publics et comprimant les salaires du secteur public.

Enfin, si les entreprises craignent de ne pas pouvoir augmenter suffisamment leurs prix pour compenser la hausse des salaires, elles pourraient être tentées de réduire leurs effectifs, ce qui entraînerait une hausse du chômage.

Chute des actions

Alors que les banques centrales ont injecté d’énormes quantités d’argent sur les marchés financiers afin de contribuer à stabiliser une économie faible, les marchés boursiers sont restés remarquablement dynamiques au cours de la dernière décennie, augmentant de près de 10 % par an en moyenne. Mais les actions avaient déjà commencé à baisser cette année après que les banques centrales ont annoncé qu’elles allaient mettre fin à leur intervention et les marchés ont encore chuté depuis l’attaque de l’Ukraine.

Si la stagflation revient, les banques centrales doivent réduire leur soutien à l’économie encore plus rapidement et un ralentissement pouvait alors affectez les bénéfices des entreprises et ferait encore baisser les cours des actions (même si les valeurs énergétiques devraient augmenter). Cela pourrait également réduire les investissements et la confiance des entreprises, ce qui entraînerait une diminution du nombre de nouveaux emplois.

Pour de nombreuses personnes qui détiennent des actions ou d’autres actifs, la hausse des prix entraîne souvent un « effet de richesse », c’est-à-dire que les gens sont plus confiants pour dépenser (et emprunter) de l’argent, en particulier pour des articles de luxe. L’affaiblissement des marchés affecterait donc la croissance économique, ainsi que la viabilité des régimes de retraite.

Si les conséquences politiques et humaines de l’attaque de la Russie contre l’Ukraine sont très incertaines, le monde doit également se préparer à de graves ramifications économiques.

L’Europe sera probablement la première touchée par la tempête économique, en partie en raison de sa plus grande dépendance à l’égard des approvisionnements énergétiques russes, mais aussi en raison de sa proximité géographique avec une guerre à ses portes.

Aux États-Unis, toute difficulté économique pourrait affaiblir encore davantage l’administration Biden et renforcer les prises de position isolationnistes. Dans le même temps, une alliance mondiale entre la Russie et la Chine pourrait renforcer davantage les économies de ces deux pays, en annulant tout effet des sanctions et en renforçant leur influence militaire et économique.The Conversation

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

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