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Private equity : une crise majeure à venir ? BPIFrance soumis à une enquête pour prise illégale d’intérêts

Le private equity a toujours eu un côté sulfureux, entre valorisations discutables et rendements surestimés, l’enquête préliminaire du parquet financier à propose d’une prise illégale d’intérêts risque bien de jeter de l’huile sur le feu.

Private Equity : des nuages arrivent à l’horizon... © FranceTransactions.com / stock.adobe.com

Publié le
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Parmi l’ensemble des acteurs proposant des fonds de Private Equity, BPIFrance est sans conteste le plus renommé et le plus fiable. Alors que ce secteur souffre d’une image écornée par les erreurs du passé, des valorisations surestimées, il se serait assainit. Toutefois son ouverture au grand public, cette fameuse démocratisation du private equity, dont tous les médias parlent, pose question. Certains avancent qu’une partie importante de cette démocratisation ne serait qu’un recyclage sur le marché secondaire des parts d’investisseurs institutionnels ayant eu connaissance d’un probable retournement du marché. Alors que les conseillers financiers et autres CGP, rétribués pour la distribution de ces produits, n’hésitent pas à mettre en avant des performances passés obsolètes (2021...), les particuliers avides de gains élevés cèdent facilement aux sirènes du private equity. Les investisseurs doivent se méfier de ces arguments marketing pour le moins douteux, basé sur les performances passées, tout comme celui indiquant que ce serait une opportunité d’investir sur des produits, réservé aux pros, quelques années de cela. Les performances du passé appartiennent au passé. Par ailleurs, les performances intermédiaires des fonds de private equity ne sont jamais à considérer, puisque la performance ne peut être connue qu’à la sortie du fonds. Ces dernière ne devraient pas être publiées de fait. En marge des évolutions de ce secteur, BPIFrance fait l’objet d’une enquête préliminaire pour prise illégale d’intérêts.

Private Equity BPIFrance...

Une enquête préliminaire du chef de prise illégale d’intérêts a été ouverte fin juillet par le Parquet national financier (PNF) à l’encontre de Bpifrance et certains de ses salariés, comme l’a révélé la semaine dernière l’hebdomadaire Marianne. Les investigations ont été confiées à l’Office central de lutte contre la corruption. Bpifrance conteste toute prise illégale d’intérêt, mais assure collaborer avec la justice, tout en indiquant qu’il n’y a, « à ce stade, aucune incrimination » de la part du PNF. L’affaire concerne un fonds d’investissement lancé par la banque publique à l’automne 2020. Baptisé « BE1 », il a permis aux particuliers d’investir, moyennant un ticket minimum de 5.000 euros, dans un portefeuille de 1.500 entreprises (PME et start-up), dans lesquelles Bpifrance avait lui-même investi via des fonds partenaires.

Au total, 4.000 Français ont souscrit à ce produit , censé ouvrir la voie à l’investissement dans le non coté (private equity) pour les particuliers. Parmi eux, figurent 200 salariés de la banque publique (sur 3.500), dont le directeur général, Nicolas Dufourcq, et le comité exécutif. Leur investissement s’élève à 3,3 millions d’euros, sur un montant total de 190 millions (particuliers et institutionnels).

Les collaborateurs de Bpifrance pouvaient-ils investir dans ce fonds, compte tenu de leur implication dans la construction du produit ? Le processus avait été validé à l’époque par l’Autorité des marchés financiers (AMF). Mais la Cour des comptes, dans un rapport sur la banque publique publié en juin dernier , avait noté « les questions déontologiques » que posait la souscription de ce produit par des salariés, sans pour autant constater de « délit ».

Aucun avantage pour les collaborateurs BPIFrance

Les magistrats financiers relevaient que la cession de ces fonds par l’établissement public aux investisseurs privés, réalisée avec une décote similaire à celle observée sur le marché, avait permis de « générer de la liquidité sur une partie de son portefeuille ». Mais que cette décote - inférieure à 20 % - avait conduit « à renoncer à une partie de la performance financière au profit des épargnants et des investisseurs privés ». La Cour avait recommandé à « veiller à la bonne application du cadre s’appliquant aux salariés de Bpifrance pour la gestion des fonds ».

Pour le patron de Bpifrance, « les collaborateurs qui ont souscrit au fonds n’ont obtenu aucun avantage sur le prix de vente des parts du fonds. Ils ont pris leur risque, dans les mêmes conditions que tous les autres souscripteurs ». Une ligne, selon les informations du quotidien Les Echos, partagée par la Caisse des dépôts (CDC), actionnaire de Bpifrance à hauteur de 50 %.

Changement de cap

Si Bpifrance affiche sa sérénité dans cette affaire, elle n’en a pas moins revu ses pratiques pour le lancement de ses autres fonds de private equity aux particuliers. Pour BE2 , lancé en 2022, et BE3, en cours de constitution, la décision a été prise d’interdire la souscription pour les administrateurs de la banque, le comité exécutif et l’équipe de conception des produits.

«  Nous avons voulu limiter les risques potentiels de réputation liés à la concomitance de l’exercice de missions publiques et de la réalisation d’un investissement, et ce même en l’absence d’obstacle juridique », justifie Nicolas Dufourcq. La CDC n’a pas souhaité commenter.

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