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Publié le par Zurbains
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Un scandale ! Ces frais sans goût, vendues à prix prohibitif. Les consommateurs se plaignent des prix trop élevés ? Arrêter d’en acheter serait la meilleure des réponses. Que ces fraises viennent de l’Espagne ou du sud de la France pour être consommées dans le Nord, cela reste un non-sens. Consommer local, la seule façon de réaliser des économies tout en respectant la planète. Et non, avril ne sonne pas la saison des fraises dans la moitié nord de la France.
D’ici à la mi-juin, la France aura importé d’Espagne plus de 83.000 tonnes de fraises. Enfin, si on peut appeler "fraises" ces gros trucs rouges, encore verts près de la queue car cueillis avant d’être mûrs, avec un goût insipide, car l’ajout de sucre est obligatoire. Ou alors, il faudrait les consommer en entrée. Pour produire une fraise consommable début mars, il faut qu’en octobre, nous soyons en hiver... Pensez-vous que ce soit l’hiver au mois d’octobre au sud de l’Espagne ? Non, comment font-ils ? Ils utilisent des serres climatisées, une température abaissée à 12 degrés alors qu’il fait 25 à 30 degrés dehors. Envie de ces fraises ?
En Ile-de-France, la période de production des fraises débute mi-mai. L’avantage est d’avoir de bonnes fraises, véritablement sucrées, naturellement.
1.500 km en camion, c’est le trajet des fraises que vous consommez actuellement, avec du sucre, car elles n’ont de fait aucun goût. A dix tonnes en moyenne par véhicule, ils sont 16 000 par an à faire un parcours valant son pesant de fraises en CO2 et autres gaz d’échappement. Car la quasi-totalité de ces fruits poussent dans le sud de l’Andalousie, sur les limites du parc national de Donana, près du delta du Guadalquivir, l’une des plus fabuleuses réserves d’oiseaux migrateurs et nicheurs d’Europe.
Ce fruit fait envie ! Nous le voyons dans les rayons, et hop, un petit plaisir. Mais en l’achetant, nous savons déjà qu’elles n’auront pas de goût. Ce n’est pas grave, mettons du sucre dessus. C’est le consommateur qui choisit, pas le producteur ! Ce dernier ne fait que produire ce que vous achetez ! Tentez de ne plus acheter des fruits et légumes hors saison, vous verrez que les étales vont changer ! Les prix vont baisser, car cultiver des fruits et légumes de saison, coûte bien moins cher, et surtout, ils seront bien meilleurs au goût et pour votre santé ! En achetant des fraises cultivées à l’envers des saisons, vous encouragez ces producteurs à continuer dans cette voie ! Une activité certes très lucrative pour eux, mais très dommageable pour notre planète ! Vous avez le choix !
Cette agriculture couvre près de six mille hectares, dont une bonne centaine empiète déjà en toute illégalité (tolérée) sur le parc national. Officiellement, 60% de ces cultures seulement sont autorisées ; les autres sont des extensions "sauvages" sur lesquelles le pouvoir régional ferme les yeux en dépit des protestations des écologistes.- Un hiver artificiel créé au plus fort de l’été andalou ! Les fraisiers destinés à cette production, bien qu’il s’agisse d’une plante vivace productive plusieurs années, sont détruits chaque année. Pour donner des fraises hors saison, les plants produits in vitro sont placés en plein été dans des frigos qui simulent l’hiver, pour avancer leur production. A l’automne, la terre sableuse est nettoyée et stérilisée, et la microfaune détruite avec du bromure de méthyle et de la chloropicrine. Le premier est un poison violent interdit par le protocole de Montréal sur les gaz attaquant la couche d’ozone, signé en 1987 (dernier délai en 2005) ; le second, composé de chlore et d’ammoniaque, est aussi un poison dangereux : il bloque les alvéoles pulmonaires.
Les plants poussent sur un plastique noir et reçoivent une irrigation qui transporte des engrais, des pesticides et des fongicides. Les cultures sont alimentées en eau par des forages dont la moitié ont été installés de façon illégale. Ce qui transforme en savane sèche une partie de cette région d’Andalousie, entraîne l’exode des oiseaux migrateurs et la disparition des derniers lynx par de petits carnivores dont il ne reste plus qu’une trentaine dans la région, leur seule nourriture, les lapins, étant en voie de disparition. Comme la forêt, dont 2 000 hectares ont été rasés pour faire place aux fraisiers.
La production et l’exportation de la fraise espagnole, l’essentiel étant vendu dès avant la fin de l’hiver et jusqu’en avril, représente ce qu’il y a de moins durable comme agriculture, et bouleverse ce qui demeure dans l’esprit du public comme notion de saison. Quand la région sera ravagée et la production trop onéreuse, elle sera transférée au Maroc, où les industriels espagnols de la fraise commencent à s’installer. Avant de venir de Chine, d’où sont déjà importées des pommes encore plus traitées que les pommes françaises...
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