Transmission de patrimoine à ses enfants : une proposition de loi pour passer l’abattement de 100.000€ à 150.000€

Tous les 15 ans, chaque parent peut transmettre jusqu’à 100.000€ de patrimoine à chacun de ses enfants. Or plus de la moitié des ménages vivant en France déclarent posséder plus de 150 000 € de patrimoine brut. La réduction de l’abattement à 100.000€ en 2012 affecte donc les Français, même les plus modestes. Une proposition de loi a été déposée fin avril 2019 afin de repasser ce plafond à 150.000€.

dimanche 5 mai 2019, par FranceTransactions.com

Augmenter l’abattement de 100.000 à 150.000€

Transmettre son patrimoine en France est source de taxation. Les droits de mutation à titre gratuit peuvent confisquer une une part importante de ce patrimoine ne soit confisquée par l’impôt.

Abaissé en 2012 de 159 325 € à 100 000 € l’abattement personnel applicable pour les donations et successions sur la part de chacun des ascendants et de chacun des enfants vivants ou représentés est trop restrictif. En effet, plus de la moitié des ménages vivant en France déclarent posséder plus de 150 000 € de patrimoine brut. Ce ne sont donc pas les Français les plus privilégiés qui ont été affectés par cette mesure, mais les classes moyennes qui ont travaillé dur toute leur vie pour se constituer un patrimoine en poursuivant un rêve d’ascension social pour leur famille. C’est cette mobilité sociale qui est bridée par une telle disposition.

Ramener le délai du rappel fiscal de 15 à 10 ans

Par ailleurs, en portant de dix à quinze ans le délai du rappel fiscal des donations consenties entre les mêmes personnes et, dans le même temps, en fixant à quinze ans le délai de rappel applicable en matière de donation et de donation-partage transgénérationnelles cette loi de 2012 a alourdi considérablement les droits de mutation à titre gratuit en rendant davantage de patrimoine taxable. Surtout, le collectif budgétaire de 2012 a étendu le délai du rappel fiscal applicable aux transmissions de parts de groupements fonciers agricoles, de groupements agricoles fonciers et de biens ruraux donnés à bail à long terme ou à bail cessible.

Les agriculteurs souhaitant transmettre leurs exploitations à leurs enfants se voient alors pénalisés par ce renforcement des droits de mutation. Alors que le secteur agricole connaît une crise des vocations et de nombreuses difficultés, l’existence de tels droits de mutations rend parfois impossible la transmission de l’exploitation aux nouvelles générations à cause de droits de mutation élevés du fait d’un patrimoine foncier important caractéristique de l’exercice de l’activité agricole.

Enfin, la loi de finance rectificative de 2012 a supprimé l’actualisation annuelle sur le barème de l’impôt sur le revenu du tarif et des abattements et limites applicables en matière de droits de mutation à titre gratuit.

Le niveau des abattements n’est donc plus actualisé en répercussion de l’évolution de l’inflation, augmentant d’autant, au fur et à mesure que le temps passe, le poids des droits de mutation à titre gratuit sur la transmission du patrimoine.

Face à tant d’écueils, cette proposition de loi dispose en son article 1er que :

  • l’abattement personnel applicable pour les donations et successions sur la part de chacun des ascendants et de chacun des enfants vivants ou représentés est relevé de 100 000€ à 150 000 € ;
  • le délai du rappel fiscal des donations consenties entre les mêmes personnes est réduit de quinze à dix ans, et, par cohérence, le délai de rappel applicable en matière de donation et de donation-partage transgénérationnelles ainsi, d’une part, qu’aux transmissions de parts de groupements fonciers agricoles, de groupements agricoles fonciers et de biens ruraux donnés à bail à long terme ou à bail cessible, d’autre part qu’au délai de renouvellement de la limite d’exonération des dons familiaux de sommes d’argent est fixé à dix ans ;
  • le dispositif dit de « lissage » qui avait été adopté lors du passage du délai de rappel précité de six à dix ans dans le cadre de la première loi de finances rectificative pour 2011 est rétabli ;
  • l’actualisation annuelle sur le barème de l’impôt sur le revenu du tarif et des abattements et limites applicables en matière de droits de mutation à titre gratuit est rétablie.

Collectif de députés signataires de cette proposition de loi : Valérie BAZIN-MALGRAS, Emmanuelle ANTHOINE, Isabelle VALENTIN, Jean-Yves BONY, Jean-Marie SERMIER, Robin REDA, Éric STRAUMANN, Frédérique MEUNIER, Thibault BAZIN, Sébastien LECLERC, Jean-Pierre DOOR, Brigitte KUSTER, Fabrice BRUN, Michel VIALAY, Gérard CHERPION, Laurence TRASTOUR-ISNART, Stéphane VIRY, Didier QUENTIN, Damien ABAD, Jean-Carles GRELIER, Jean-Claude BOUCHET, Rémi DELATTE, Patrick HETZEL, Marie-Christine DALLOZ, Arnaud VIALA, Véronique LOUWAGIE, Valérie BEAUVAIS, Nadia RAMASSAMY, Fabien DI FILIPPO, Bernard PERRUT, Éric PAUGET, Ian BOUCARD, Jean-Luc REITZER, Valérie LACROUTE, Julien DIVE, Raphaël SCHELLENBERGER, Philippe GOSSELIN, Nathalie BASSIRE, Laurent FURST, Bérengère POLETTI, Nicolas FORISSIER, Virginie DUBY-MULLER, Geneviève LEVY, Claude de GANAY, Julien AUBERT, Vincent DESCOEUR, Daniel FASQUELLE, Marc LE FUR.

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