Au-delà du cynisme de notre société, vivre ou survivre ?
Trop de Français souffrent d’un mal-être, nombreux sont ceux qui se sentent oubliés, méprisés. Je salue leur courage et leur détermination, je respecte leurs larmes et leurs cris de colère, j’entends leur appel, je soutiens leur revendication de justice et d’équité. Ils chantent, ils crient, malgré des vies souvent difficiles et surtout ils espèrent que leur détresse soit reconnue, entendue. Ils attendent des choix de nos décideurs, des projets bons pour tous. A ces invisibles, à ces oubliés je veux donner l’espoir d’un changement possible. Un projet réaliste peut être porté. Je veux m’accrocher à la vie et non à la survie.
mardi 10 décembre 2019, par Jean-Luc Ginder
La souffrance des Français ne doit pas aboutir en folie du désespoir.
Des solutions existent pour qui accepte d’y réfléchir. C’est notre rôle de citoyen que d’envisager des transformations profondes au service de tous, c’est le rôle des politiques que de se mettre au service du bien commun, c’est mon rôle d’économiste que d’analyser et proposer. Le constat est visible par tous : les tensions sociales montent jusqu’à l’exaspération au sein des classes populaires et des classes moyennes. La réponse à la souffrance des Français est une réponse fiscale. Il pourrait sembler paradoxal que plus on monte dans la hiérarchie sociale où l’on paie plus d’impôt, plus on a tendance à l’accepter. la raison est simple à comprendre. Plus on possède d’argent plus on a la possibilité de réduire ce que l’on doit au fisc et à l’inverse, moins on en a, moins on déduit. Le système français est très nettement proportionnel. Nos impôts sont en majorité calculés avec un taux identique quel que soit le niveau de richesse ou de revenu. Sur cette catégorie d’impôts, il n’y a aucune marge de manœuvre.
En France il a très exactement 3 types d’impôts.
D’abord l’impôt forfaitaire, c’est le plus injuste, mais il est rare, on prélève le même montant à tout le monde. C’est le cas de la redevance télé par exemple. Ensuite il y a l’impôt progressif, c’est le plus juste, le taux de prélèvement augmente avec les valeurs de ce qui est taxé. Prenez l’impôt sur le revenu, plus vous gagnez de l’argent plus votre taux de prélèvement augmente. Enfin il y a l’impôt proportionnel, cette fois le même taux est à tout le monde. Avec la TVA par exemple, si le prix d’une valeur double, la TVA double aussi. Les impôts proportionnels sont les plus répandus en France, et c’est bien là le problème ! Ce sont des impôts qu’on paye au prix fort, bien trop fort, à la différence d’un impôt progressif comme l’impôt sur le revenu ou on a toute série de mécanismes de défiscalisation, de réductions. Si on a un employé à la maison, si on fait des investissements, si on fait un don aux associations on peut réduire son impôt et d’une certaine manière rentrer dans une relation contractuelle avec l’Etat et on a du même coup une représentation plus apaisée de la contrainte fiscale.
En effet les impôts proportionnels (CSG, CRDS, TVA …) représentent la plus grosse part des recettes fiscales (37,7%) au contraire des impôts progressifs, qui sont ceux que les Français considèrent les plus justes, comme l’impôt sur le revenu par exemple. Ce dernier pèse d’ailleurs très peu dans les recettes fiscales (11.2%) mais c’est celui qui revient le plus dans le débat public – c’est l’impôt dont on parle le plus – et c’est lui qui entretient l’idée que plus de la moitié des français ne paient pas d’impôts – ce qui est totalement faux -. Le mouvement de contestation général du peuple français, exprimant sa souffrance dans d’un quotidien qui fait mal et peur, est un mouvement de contestation de l’impôt porteur d’une injustice fiscale et non contre l’impôt dans son principe.
Les plus fragiles de notre société sont aussi des français qui sont piégés par des impôts et qui voient que ceux qui gagnent plus qu’eux peuvent y échapper. Cela crée sans ambiguïté possible un sentiment fort d’injustice fiscale. Cela aboutit à une révolte sociale française, d’abord initiée par le ressenti des « Gilets Jaunes » reprise aujourd’hui par beaucoup de Français. Le sentiment d’exaspération face aux taxes, impôts, prélèvements grandit. « Vivre ou survivre, travailler pour payer, on n’en peut plus. » Il est urgent d’entendre cet appel et d’agir vite et efficacement. La précarité n’en finit pas de toucher des travailleurs, la pauvreté ne cesse d’augmenter.
Avec eux tous je veux agir, car un économiste inactif et narratif reste un économiste en posture.
En activant un changement de pattern du prélèvement de l’impôt on en en capacité de changer nos vies. En rendant l’impôt doux et générateur de relance économique réelle nous aurons fait notre devoir.
Je réitère le concept que j’ai déjà développé qu’il est urgent d’inventer une réforme pratique et applicable. Je préconise de remplacer le prélèvement sur les revenus par un prélèvement sur les flux de consommation et de transactions. Cette idée ne relève pas d’un délire philosophique mais bien d’un élargissement du principe de la taxe de James Tobin et est facilement concevable qu’il soit étudié sérieusement à l’heure de l’intelligence artificielle. Pour argument, dans un pays voisin, une votation est lancée pour janvier concernant ce mode de prélèvement. En France, l’idée est développée par Guillaume Peltier dans son livre « Milieu de cordée ». L’idée de besoin de réforme de l’impôt fait son chemin politiquement en réponse à la revendication sociale. J’apporterai mon aide à tous ceux qui sauront s’engager dans l’intention d’apporter à notre peuple un projet juste pour tous.
Je propose quelques chiffres pour comprendre.
En France, 3,4 millions d’entreprises appelées personnes morales, 29,6 millions de personnes actives touchant un revenu déclaré, soit 34 millions d’acteurs économiques produisant chaque jour des flux de consommation. La TVA rapporte 200 milliards par an à l’Etat, l’Impôt sur le revenu 76 milliards, un total de 276 milliards.
Si nous changeons le mode de prélèvement en appliquant à chaque mouvement (flux de consommation représentant 50% du PIB) un taux de prélèvement automatique de 1% par mouvement, quel résultat observé ?
Sur cette base de raisonnement, chaque acteur économique (entreprises et actifs) réalise un flux de consommation moyen (ou achat) de 2 283 euros* par jour et cède immédiatement 1% d’impôt soit 22,83 euros. Le volume euros par jour étant de 75,3 milliards cela représente 750 millions par jour c’est à dire 275 milliards d’impôts perçus par an. 275 milliards d’impôts par an est la somme rapportée à ce jour par la TVA et l’impôt sur le revenu.
Il est donc parfaitement envisageable de remplacer la TVA et l’impôt sur le revenu par 1% de retenue fiscale par flux de consommation. Le cadre fiscal et juridique reste à mettre en place.
Les bénéfices de cette mesure sont immédiats : réduction des coûts liés au produit ou au service du montant de la TVA et suppression de l’impôt sur le revenu, blocage de l’inflation en France donc protection des taux d’intérêts des crédits bancaires et de relance du pouvoir d’achat pour tous les citoyens, la classe moyenne haute ou basse et plus particulièrement les retraités tout en relançant par la consommation le PIB (la consommation représente 50% du PIB actuel). En un mot un remède imparable contre la stagflation (combinaison d’inflation et de croissance 0). Très concrètement et immédiatement, chaque acteur économique bénéficiera d’une augmentation de 30% de richesse pleine à dépenser, nouvelle richesse qui sera réinjectée immédiatement dans l’économie du pays. Cette nouvelle manière de consommer atténuera de façon très perceptible les fins de mois douloureuse.
En illustration, si je fais un achat de 100 euros par carte bancaire, il me sera facturé 101 euros et 1 euro ira électroniquement dans les caisses de l’Etat. Si je règle mon achat de 100 euros en espèces, le retrait m’aura été facturé 1 euro de plus. L’effet inattendu de ce mode de prélèvement est un appel d’air pour des investisseurs étrangers très susceptibles d’investir fortement en France, l’attractivité de l’impôt direct et l’extrême allègement de l’impôt indirect étant évident.
Et pour les Français, l’effet psychologique de l’impôt devient nul remplacé par 1% de flux d’achat. Ce système allège de 20 à 30% la pression fiscale sur le contribuable sous forme physique ou morale. Le principe d’une économie orientée vers la consommation donc vers la croissance est respecté et pleinement activé. Cette consommation pourra aussi à permettre à tous de bénéficier par exemple, d’une alimentation de qualité et locale. Un acte économique moderne, vertueux et efficace.
"Exigeons la justice fiscale. Changeons l’impôt pour un vie digne pour tous. Passons à l’acte. Ne laissons personne en souffrance derrière nous."
Jean-Luc Ginder Économiste