Carburants : ventes à perte autorisées avec compensation financière ? Ils sont devenus fous ?
Autoriser les ventes à perte sur les carburants ? Encore une brillante idée, mais pas sans compensation financière... Mais, hormis les grandes surfaces, qui aura intérêt à vendre à perte ? Pourquoi une telle usine à gaz, alors que réduire les taxes serait si simple...
mardi 19 septembre 2023, par Denis Lapalus
Les faits
Le gouvernement souhaite proposer, à partir de décembre, et pour une durée de 6 mois, la possibilité laissée aux distributeurs de carburants de vendre à perte. C’est illégal en France depuis 1963. L’idée étant que les stations service vendant des carburants à pertes peuvent se rattraper sur la vente de produits annexes dans les boutiques. Pour les grandes surfaces, supermarchés et hypermarchés l’attrait est évident, du miel pour attirer les consommateurs, mais il l’est beaucoup moins pour les stations services indépendantes. C’est pourquoi, devant une telle distorsion de concurrence, une compensation financière serait proposée. Le projet de loi sera présenté en Conseil des ministres le 27 septembre, a confirmé Bercy à l’AFP. Une vraie usine à gaz de plus...
Les prix des carburants vont s’enflammer...
Les cours du pétrole s’enflamment et les cartels du pétrole vont tout faire pour augmenter le prix du baril. Toujours la même chose, s’en mettre plein les poches avant tout en créant un sentiment de pénurie sur le marché mondial de l’or noir.
Les avis
Globalement, du grand n’importe quoi. Le plus simple serait d’abaisser les taxes sur les carburants. Ces dernières représentent à ce jour entre 50 et 60% du prix du litre de carburant à la pompe. Pourquoi le gouvernement ne souhaite aller dans cette direction ? Tout simplement car une fois la crise passée, ce sera très impopulaire de revenir au niveau de taxes d’avant... Et l’Etat en a besoin, car ce sont des recettes importantes pour tenter d’éponger le déficit abyssal du pays. Par ailleurs, abaisser ses recettes fiscales enverrait un mauvais signal aux marchés financiers et le coût de la dette du pays pourrait grimper sérieusement. La hausse du coût de la dette serait bien supérieur aux compensations financières lâchées aux stations indépendantes.
Mais, même pour les professionnels, cette solution semble vraiment être une idée de stagiaire. Cette disposition n’est "économiquement pas viable pour les distributeurs indépendants, qui ne pourront pas compenser les pertes sur cette activité par des autres recettes - notamment les produits alimentaires", a indiqué lundi dans un communiqué le syndicat professionnel Mobilians, représentant 5.800 stations-service hors grandes surfaces. Ces indépendants, qui ne pourront pas mettre en place la vente à perte, craignent non seulement de voir alors leurs clients faire leur plein dans les grandes surfaces mais aussi de subir "automatiquement une baisse des activités annexes, économiquement rémunératrices (lavage, boutique, etc.)", explique Mobilians, dénonçant un "véritable déséquilibre" entre les acteurs aux "effets dévastateurs".