COVID / La crise économique sera une catastrophe humanitaire pire que l’épidémie elle-même
Famine, chômage, pauvreté... La pandémie de coronavirus risque de provoquer, en raison de ses répercussions économiques dévastatrices, un doublement du nombre des personnes menacées par la famine dans le monde et une catastrophe humanitaire à l’échelle planétaire, prévient l’ONU.
mercredi 22 avril 2020, par FranceTransactions.com (avec AFP)
Catastrophe humanitaire à l’échelle planétaire
La pandémie de coronavirus risque de provoquer, en raison de ses répercussions économiques dévastatrices, un doublement du nombre des personnes menacées par la famine dans le monde et une "catastrophe humanitaire" à l’échelle planétaire, a prévenu le Programme alimentaire mondial (PAM), une agence de l’ONU. Alors que la maladie a fait plus de 174.000 morts à travers le monde depuis son apparition en Chine en décembre, selon un bilan établi mardi par l’AFP, le PAM a lancé un cri d’alarme sur ses conséquences en termes d’alimentation.
Famines à venir
"Le nombre de personnes souffrant sévèrement de la faim pourrait doubler en raison de la pandémie de Covid-19, atteignant alors plus de 250 millions d’ici la fin de 2020", a averti cette agence de l’ONU, évoquant le risque d’une "catastrophe humanitaire mondiale". Symbole des bouleversements économiques provoqués par la pandémie, le prix du baril de pétrole américain est passé lundi en territoire négatif, atteignant moins 38 dollars, avant de repasser au-dessus de zéro à la clôture mardi.
Récession sans précédent
Le ralentissement général des économies mondiales dû à la pandémie, avec les voitures au garage et nombre d’usines à l’arrêt, a provoqué une surabondance de pétrole qui a forcé les courtiers en or noir à payer pour se débarrasser de barils qu’ils s’étaient engagés à acheter. Aux Etats-Unis, devenus premier producteur de pétrole mais dont les coûts d’extraction sont élevés, cet effondrement historique menace l’ensemble du secteur, et a conduit le président Donald Trump à demander à son administration de mettre sur pied un plan de sauvegarde.
Effet dévastateur du confinement
L’Organisation internationale du travail (OIT) a prévenu mardi : "La crise du Covid-19 a un effet dévastateur sur les travailleurs et les employeurs", à travers "des pertes massives sur la production et les emplois dans l’ensemble des secteurs". "Le monde du travail traverse la pire crise internationale depuis la Seconde Guerre mondiale", a affirmé Alette van Leur, directrice des politiques sectorielles de l’OIT. "L’impact économique de la pandémie sera probablement grave et durable". En Europe, le ralentissement économique provoqué par le virus pourrait à terme affecter les emplois de 60 millions de travailleurs, entre baisses de salaires et licenciements, a prévenu mardi le cabinet d’études McKinsey. La pandémie pourrait "presque doubler le taux de chômage européen dans les prochains mois", estime le cabinet de conseil américain.
Pire récession de son histoire en Amérique latine
Et une agence de l’ONU basée au Chili a estimé mardi que l’Amérique latine allait connaître cette année la pire récession de son histoire, avec une chute attendue de 5,3% du PIB à cause des conséquences de la pandémie sur les économies de la région. Face à ce qu’il a appelé "l’ennemi invisible" du coronavirus, le président Donald Trump avait annoncé lundi soir son intention de "suspendre temporairement" l’immigration aux Etats-Unis pour "protéger les emplois" des Américains. M. Trump a précisé mardi qu’il allait signer un décret ordonnant une "pause" de 60 jours sur la délivrance de cartes vertes qui offrent le statut de résident permanent. Cette mesure ne s’appliquera pas aux visas de travail temporaires.
Déconfinements lents
L’Italie comme la France préparent un lent déconfinement, avec force précautions, respectivement à compter des 3 et 11 mai. En Espagne, les enfants, jusqu’ici interdits de sortie, peuvent à partir de lundi accompagner un adulte pour faire des courses de première nécessité. En revanche, au Royaume-Uni, qui a enregistré mardi 828 décès supplémentaires et est toujours "en situation de danger", le confinement instauré le 23 mars a été prolongé d’au moins trois semaines.