COVID19 / Déconfinement du 11 mai : de nombreuses interrogations et de multiples doutes

L’épidémie COVID19 continue ses ravages en France et se rapproche du bilan de la grippe saisonnière de 2015 (18.300 décès). Emmanuel Macron a indiqué une fin possible du confinement à partir du 11 mai prochain, sous réserve d’une évolution toujours favorable de la crise sanitaire. Mais en autorisant la reprises des écoles, tout en maintenant nombre de commerces fermés, les questions sont plus nombreuses... Et les doutes se multiplient.

mardi 14 avril 2020, par FranceTransactions.com (avec AFP)

le 11 mai : une date objectif de déconfinement, mais pas une certitude

Emmanuel Macron a fixé au 11 mai la date d’un possible déconfinement, mais la réouverture progressive des écoles à partir de cette date ne fait pas l’unanimité et des interrogations affleurent sur les modalités futures de dépistage. La France s’approche du cap des 15.000 décès liés au Coronavirus (14.967) mais, pour le cinquième jour consécutif, lundi, le nombre de patients en réanimation a baissé. Le bilan 2020 du COVID19 en France s’approche de celui de l’épidémie de grippe saisonnière de 2015, qui avait le triste record de 18.500 décès. "L’épidémie commence à marquer le pas" et "l’espoir renaît", a souligné le président lors de son allocution lundi soir, tout en reconnaissant que la France n’était "à l’évidence pas assez préparée" à la pandémie. Une allocution qui était très attendue après près d’un mois de confinement puisqu’elle a été regardée par 36,7 millions de téléspectateurs, un record absolu. L’"humilité" affichée du président de la République est saluée par de nombreux éditorialistes mardi, qui relèvent aussi l’"espoir" donné aux Français avec l’annonce de la "date de la quille". Mais "le 11 mai est une date d’objectif. Ce qu’a annoncé le président de la République, ce n’est pas le déconfinement le 11 mai, c’est le confinement jusqu’au 11 mai", a martelé sur France Inter Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur.

Encore trop d’interrogations

Des voix s’élèvent déjà pour réclamer plus de clarté. "Il y a encore trop d’inconnues et il faut que le gouvernement très vite donne les éléments qui permettraient de comprendre comment cette histoire peut s’exécuter dans le temps", a ainsi demandé le premier secrétaire du PS Olivier Faure mardi sur Franceinfo TV. Un sujet fait notamment débat : le chef de l’Etat a créé la surprise, en annonçant qu’à partir du 11 mai, seraient rouvertes "progressivement les crèches, les écoles, les collèges et les lycées", alors que dans l’enseignement supérieur, "les cours ne reprendront pas physiquement avant l’été". En revanche, bars, restaurants et salles de cinéma resteront fermés. "Le 11 mai c’est dans un mois et la question c’est de savoir si nous pourrons à ce moment-là, protéger à la fois les élèves, les parents, les enseignants", souligne ainsi M. Faure.

De multiples critiques

Mêmes inquiétudes et critiques chez les enseignants. "C’est tout sauf sérieux de rouvrir les écoles le 11 mai car on nous dit que tous les lieux publics sont fermés, les cinémas, les salles de spectacle, mais pas les écoles alors que l’on sait que c’est un lieu de haute transmission, de haute contamination, il y a un manque de précaution, ça paraît être en contradiction totale avec le reste", a réagi Francette Popineau, secrétaire générale du Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire, auprès de l’AFP. Par ailleurs, les frontières de la France avec les pays non-européens "resteront fermées jusqu’à nouvel ordre" a précisé M. Macron.

Le MEDEF satisfait

Du côté des réactions positives, le patronat s’est déclaré "satisfait" que le président "ait fixé un cap pour remettre le pays en marche" à partir du 11 mai, à l’exception du secteur de l’hôtellerie-restauration exclu du déconfinement. Le Medef a aussi salué comme "importantes" les "bonnes nouvelles" sur le prolongement jusqu’au 11 mai des aides aux entreprises, mesures de chômage partiel et fonds de solidarité pour les petites entreprises.

Le chômage partiel devrait dépasser les 10 millions de personnes

Le chômage partiel en France, qui concerne actuellement 8 millions de salariés, coûtera 24 milliards d’euros, a indiqué mardi le ministre de l’Economie Bruno Le Maire sur BFMTV/RMC, ajoutant que l’effort public d’aide à l’économie atteindrait "plus de 100 milliards d’euros. La partie du fonds de solidarité réservée aux entreprises menacées de faillite va être renforcée et le montant de ce fonds porté au total à 7 milliards d’euros, a aussi avancé M. Le Maire.

Au-delà du maintien des 1.500 euros pour les entreprises ayant une chute de plus de 50% de leur chiffre d’affaires, il y a un "deuxième étage qui va être porté de 2.000 à 5.000 euros" pour les entreprises menacées de faillite, a encore spécifié le ministre de l’économie. De nouvelles conditions d’octroi de l’aide de 1500 euros seront également mises en place prochainement afin que davantage d’indépendants puissent en bénéficier.

Des tests de dépistage

Mais le tableau est toujours aussi sombre sur le plan économique : le gouvernement prévoit un recul de 8% du produit intérieur brut en France en 2020. Et la France devrait connaître un déficit public aux alentours de 9% du PIB cette année et une dette de 115%, a annoncé mardi le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin sur Fanceinfo.

Comment planifier le déconfinement ?

L’opération pourrait s’avérer catastrophique si n’était pas mis en place un système de tests massifs et d’isolement des personnes infectées, selon une étude réalisée notamment par l’Inserm. A partir du 11 mai, "la multiplication des points de dépistage", pour toute personne présentant les symptômes, "nous saurons faire", a assuré le ministre de la Santé Olivier Véran mardi matin sur RTL. Le ministre souhaite "qu’on innove", qu’il y ait des tests "dans les hôpitaux, les laboratoires - quel que ce soit leur statut" et veut aussi "s’appuyer sur les collectivités", "mettre en place des équipes mobiles, des drive-tests, procéder à partir des pharmacies, d’officines volontaires". Quant à l’isolement des personnes testées positives au nouveau coronavirus, Olivier Véran confie que "toutes les possibilités sont à l’étude, nous n’excluons rien", notamment une éventuelle réquisition d’hôtels. "Pour l’instant, ce que je vois, c’est de la défiance, du doute et la parole publique a été tellement décrédibilisée sur les masques, sur les tests, qu’il faut des données concrètes", a taclé M. Faure. "On fait, à peu près, aujourd’hui, 150.000 tests et au delà par semaine, nous sommes en train d’aller vers les 200.000 tests par semaine", a dévoilé M. Véran, qui a aussi révélé que "60 millions de masques" étaient arrivés de provenance de Chine depuis le 8 avril.

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