De moins en moins de riches en France en nombre, mais de plus en plus fortunés, gagnant plus de 3673 euros en net fiscal par mois, soit 7.1% de la population
Oui, cela peut paraître surprenant pour de de nombreux salariés, mais l’on est considéré comme riche en France dès lors que l’on perçoit plus de 3673 euros net fiscal par mois. Tout est relatif. Afin d’être riche, il faut qu’il existe des pauvres, et là aussi, ils sont de moins en moins nombreux.
jeudi 2 juin 2022, par Denis Lapalus
L’Observatoire des Inégalités a publié son dernier rapport, concernant les données de 2019. En l’espace de 10 années, la proportion des riches en France (ceux gagnant plus de 3700 euros par mois), a diminué afin de passer de 8.6% à seulement 7.1%. Les riches ne sont pas devenus pauvres pour autant, il existe davantage de riches, dès lors que les pauvres sont plus nombreux. Et c’est bien ce qu’il s’est produit, les inégalités entre pauvres et riches se sont amoindries, venant de fait, réduire le nombre de riches.
À partir de combien de revenus par mois est-on riche ?
Et bien justement, cela se calcule, et cela change chaque année. Le seuil de richesse est fixé à deux fois le revenu médian - soit 3.673 euros par mois pour une personne seule, impôts déduits, ou 7.713 euros pour un couple avec deux enfants -, 4,5 millions de Français sont riches, soit 7,1% de la population, détaillent les auteurs du rapport, Anne Brunner et Louis Maurin.
La baisse de la proportion de ménages riches entre 2010 et 2019 s’explique notamment par les mesures fiscales décidées en 2011 et 2012, qui ont affecté les hauts revenus, et par les mesures en faveur des classes moyennes décidées en 2019 pour répondre à la colère des Gilets jaunes.
Des riches plus riches
Malgré tout, les riches sont "nettement plus riches qu’il y a 20 ans", a observé M. Maurin : entre 1999 et 2019, le niveau de vie annuel moyen des 10% les plus aisés, corrigé de l’inflation, a progressé de 9.100 euros, contre 3.300 euros pour les classes moyennes.
En outre, "les mesures fiscales de 2017 ont été très avantageuses" pour les plus nantis. Si "la richesse n’est pas un mal en soi", l’Observatoire des inégalités affirme vouloir contribuer à "ouvrir les yeux" sur les disparités de revenus, et éclairer un débat sur "la justice et le mérite".
"Les inégalités créent des tensions sociales car elles sont perçues comme largement injustes", souligne Mme Brunner, qui plaide pour une "réforme globale de l’imposition des revenus, de l’héritage et du patrimoine", pour "refonder la solidarité et faire contribuer davantage l’ensemble des ménages, en fonction de leurs revenus". Pour les deux auteurs du rapport, l’enjeu n’est pas de "se défouler" sur "une frange étroite d’hyper-riches", les 1% les plus aisés, mais d’élargir la réflexion à la capacité contributive des ménages bien plus nombreux qui "mènent une vie confortable". "En France, personne n’aime être qualifié de riche", observe M. Maurin. Car "hormis Bernard Arnault et une poignée d’ultra-riches, on est toujours le pauvre d’un autre".