
Élections législatives allemandes : le millionnaire Friedrich Merz probable futur chancelier avec le retour de la droite et extrême droite

La formation d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) a réalisé une percée historique, avec un score de 20,8%, tandis que le Parti social-démocrate (SPD) du chancelier sortant Olaf Scholz a dégringolé (16,4%).
lundi 24 février 2025, par FranceTransactions.com
Les élections législatives, organisées dimanche 23 février, ont vu triompher l’alliance de l’Union chrétienne-démocrate et de l’Union chrétienne-sociale (CDU/CSU), qui a obtenu 28,6% des voix. La formation d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) a réalisé une percée historique, avec un score de 20,8%, tandis que le Parti social-démocrate (SPD) du chancelier sortant Olaf Scholz a dégringolé (16,4%).
Friedrich Merz
Le conservateur Friedrich Merz, tête de liste de la CDU/CSU, est donc pressenti pour accéder à la chancellerie – décision qui sera prise après la formation d’une coalition gouvernementale. Voici cinq choses à savoir sur cet homme de 69 ans qui se retrouve aux portes du pouvoir.
Lorsqu’il quitte le monde politique, Friedrich Merz se tourne vers celui de la finance. Il évolue comme avocat d’affaires et accumule les sièges dans les conseils d’administration d’entreprises, grandes (la banque Commerzbank) et moins grandes (le fabricant de papier Wepa). Le financier s’enrichit jusqu’à rejoindre le cercle des millionnaires, comme il l’a confirmé au magazine Die Zeit(Nouvelle fenêtre) en 2018. Cette fortune ne l’a pas empêché d’assurer, dans le quotidien Bild(Nouvelle fenêtre), appartenir "à la classe moyenne supérieure", faisant bondir le grand public.
Le financier a surtout joué un rôle important au sein du fonds d’investissement américain BlackRock, le plus grand gestionnaire d’actifs au monde, "qui détient des parts significatives dans toutes les entreprises du CAC 40", illustre le site d’investigation Basta(Nouvelle fenêtre). "Cette expérience lui vaut des critiques de ses détracteurs", pointe Nathalie Le Bouëdec. En 2018, quand il signe son retour en politique, deux chercheurs allemands appellent à ne pas le laisser intégrer le gouvernement en raison de ses liens trop étroits avec BlackRock, rapporte le média allemand Deutsche Welle(Nouvelle fenêtre).
Dans son programme, "il prévoit de baisser les impôts sur les bénéfices des sociétés et une relance économique qui passe par des politiques favorables aux entreprises", expose Nathalie Le Bouëdec. Surtout, "il met en évidence son expérience professionnelle pour se légitimer et se donner une stature", analyse-t-elle. Lorsqu’il est dépeint comme un homme déconnecté des réalités des Allemands, il répond au Süddeutsche Zeitung : "Celui qui n’a jamais fait que de la politique manque de cette expérience de la vie."
Lutte contre l’immigration
Pendant la campagne, Friedrich Merz s’est illustré par une ligne très dure sur l’immigration, renforcée au fil des attaques meurtrières commises par des réfugiés ces derniers mois. Il plaide pour des contrôles durables aux frontières, le renvoi des étrangers sans papiers, y compris des demandeurs d’asile, et un délai de huit ans pour demander la citoyenneté allemande, passé à cinq sous Olaf Scholz. Déjà dans le passé, le chef de la CDU n’avait pas mâché ses mots concernant les immigrés, qualifiant leurs enfants de "petits pachas", rappelle le magazine Der Spiegel, ou accusant les réfugiés ukrainiens de "tourisme social", relève Bild.
Son conservatisme transparaît ailleurs, comme lorsqu’il promet de revenir sur la légalisation du cannabis par le gouvernement social-démocrate. Sur l’homosexualité, il s’est opposé en 2000 à la loi autorisant les unions civiles entre personnes de même sexe, comme le rapporte le média Taz(Nouvelle fenêtre). Vingt ans plus tard, interrogé sur l’éventualité d’un chancelier homosexuel, sa réponse – "pas de problème, tant que c’est légal et que ça n’affecte pas les enfants" – a provoqué un tollé, rappelle la Deutsche Welle(Nouvelle fenêtre). Enfin, sur la question de l’égalité entre les femmes et les hommes, il s’est déjà prononcé contre la parité dans un gouvernement sous sa direction.
Pour autant, il est difficile de dépeindre une Allemagne gouvernée par Friedrich Merz, "car il n’a jamais occupé de poste décisionnel, que ce soit celui de ministre fédéral ou d’un Land", souligne Nathalie Le Bouëdec.
L’homme qui a flirté avec l’extrême droite
Friedrich Merz est aussi celui qui a brisé le tabou sur l’alliance avec l’extrême droite. Le 29 janvier, la CDU et l’AfD ont allié leurs voix pour adopter une motion non contraignante visant à durcir la politique migratoire. Une première en Allemagne depuis la Seconde Guerre mondiale. Deux jours après, ils ont tenté de récidiver en votant ensemble une proposition de loi sur l’immigration, rejetée de peu par le reste des députés.