France : forte chute de l’inflation en septembre à +1.1% en rythme annuel
Personne ne l’a vu venir... La hausse des prix se calme très nettement en septembre.
samedi 28 septembre 2024, par Denis Lapalus
Grosse surprise à la baisse pour l’inflation française
L’inflation confirme sa baisse en septembre en France. Sur un an, selon les derniers chiffres définitifs de l’INSEE, les prix à la consommation augmenteraient de 1,1 % en septembre 2024, après +1,8 % en août. Cette nette baisse de l’inflation s’expliquerait d’abord par un repli des prix de l’énergie en particulier ceux des produits pétroliers. Les prix des services ralentiraient sur un an et ceux des produits manufacturés diminueraient à un rythme un peu plus soutenu qu’au mois précédent. Les prix de l’alimentation et du tabac augmenteraient sur un an au même rythme que le mois précédent.
Sur un mois, les prix à la consommation diminueraient de 1,1 % en septembre 2024 (après +0,5 % en août). À l’effet saisonnier de la baisse du prix des transports (aériens notamment) et des services d’hébergement, s’ajoutent en particulier la baisse marquée des prix de l’énergie, le retour à la normale de certains tarifs après les Jeux Olympiques et Paralympiques et la baisse du prix des services de santé. À l’inverse, les prix des produits manufacturés augmenteraient sur un mois, portés par la hausse des prix de l’habillement et des chaussures. Ceux du tabac seraient quasi stables par rapport à août. Cela conduit au total à la baisse mensuelle des prix la plus forte depuis le début de la série en 1990.
L’inflation française largement en-dessous des 2%
En septembre 2024, l’indice des prix à la consommation (IPC) baisse de 1,2 % sur un mois, après +0,5 % en août, soit la plus forte baisse mensuelle depuis le début de la série (1990). Cette baisse des prix s’explique d’une part, par la baisse des prix des services (‑2,2 % après +0,5 %) en raison de l’effet saisonnier de la baisse des prix des transports (‑13,5 % après +1,4 %), notamment aériens (‑24,8 % après +0,7 %), ainsi que des services d’hébergement (‑17,2 % après +7,2 %), marquant le retour à la normale de certains tarifs après les vacances d’été et les Jeux Olympiques et Paralympiques. D’autre part, les prix de l’énergie reculent de nouveau (‑1,8 % après ‑1,3 %), portés par la baisse des prix des produits pétroliers (‑3,5 % après ‑2,8 %). Les prix de l’alimentation diminuent légèrement sur un mois (‑0,3 % après +0,3 %). À l’inverse, les prix des produits manufacturés augmentent sur un mois mais ralentissent (+0,5 % après +1,4 %), à l’image de ceux de l’habillement et des chaussures (+4,0 % après +6,2 %). Les prix du tabac sont stables sur un mois comme en août.
Les experts d’ING nous livrent leur analyse de la situation. Cette nette baisse de l’inflation est avant tout due à un repli des prix de l’énergie de 3.3% sur un an, notamment à la suite de la baisse des produits pétroliers. Mais cela fait aussi suite à une baisse des prix des produits manufacturés (-0.3% par rapport à septembre 2023). En outre, l’inflation des services ralentit à 2.5% contre 3.0% en août, notamment en raison des Jeux Olympiques, certains prix étant revenus à la normale après avoir augmenté pendant la période des Jeux.
La modération de l’inflation devrait se poursuivre
Cette modération de la pression des prix et le retour de l’inflation en-dessous de 2% est une très bonne nouvelle pour la BCE qui aura davantage d’arguments pour poursuivre les baisses de taux au cours des prochains mois dans un contexte où l’activité économique ralentit très nettement. C’est d’autant plus vrai que la modération de l’inflation devrait se poursuivre en France.
En effet, l’inflation énergétique pourrait continuer à être négative, car les prix du pétrole en euro sont susceptibles de rester inférieur à leur niveau d’il y a un an pendant les prochains mois. En outre, les prix réglementés de l’électricité doivent baisser de 15% en février 2025. Si les coûts du transports maritimes n’augmentent pas davantage à la suite de l’instabilité en mer Rouge, l’évolution des prix des produits manufacturés devrait restée très faible au cours des prochains mois, dans un contexte de ralentissement de la demande mondiale et de capacités excédentaires chinoises.
Il y a en outre aucun signe d’une accélération imminente de l’inflation alimentaires. Enfin, l’inflation des services devrait rester le principal contributeur à l’inflation dans les prochains mois, car les hausses passées des salaires continuent d’être répercutées par les entreprises dans les prix. Néanmoins, les intentions de prix des entreprises sont bien orientées et le ralentissement de l’activité économique en France rend la demande moins dynamique, ce qui n’est pas un environnement favorable pour des fortes hausses de prix. Dès lors, l’inflation des services pourrait continuer à se modérer au cours des prochains mois, pour atteindre progressivement les 2%.
Au total, l’inflation française devrait poursuivre sa décrue et de façon plus rapide que prévu. Nous pensons qu’elle devrait rester inférieure à 2% au cours des derniers mois de 2024 et que, en l’absence de choc géopolitique défavorable, elle devrait également restée inférieure à 2% en 2025.
L’inflation plus faible ne signifie pas un rebond de l’activité
Cette baisse de l’inflation observée en septembre et attendue pour la suite est une bonne nouvelle pour le pouvoir d’achat des ménages français, les hausses de salaires étant désormais supérieure à celles des prix à la consommation. Il reste néanmoins à savoir si cela se traduira par une hausse de la consommation au cours des prochains mois. Nous pensons qu’une faible hausse est effectivement possible, mais qu’il ne faut pas la surestimer. Le contexte d’incertitude politique, les difficultés du secteur industriel européen et le marché du travail moins solides risquent de peser sur la confiance des consommateurs et leur volonté de consommer. Une nouvelle hausse du taux d’épargne est probable. En outre, la politique budgétaire deviendra plus restrictive et les exportations pâtisseront du ralentissement économique attendu dans le monde.
Les Jeux Olympiques ont boosté la croissance du PIB au troisième trimestre, mais le contre coup signifie que le PIB devrait diminuer au quatrième trimestre 2024. La croissance trimestrielle devrait être faible début 2025, ce qui porterait la croissance moyenne sur l’année 2025 à 0.7% contre 1.1% attendu en 2024.