Hausse des marges sur les produits alimentaires : rendez l’argent !

Il est clair que la hausse des prix constatée sur les produits alimentaires est totalement infondée. Producteurs, distributeurs, industriels, il est probable que tout le monde profite de l’inflation pour augmenter les marges.

vendredi 12 mai 2023, par Denis Lapalus

Producteurs, distributeurs, industriels... Qui sont les profiteurs de crise ?

Le consommateur ne peut pas savoir qui profite de la situation. Toujours est-il que le constat est là : les prix des produits alimentaires ne baissent pas, alors que les coûts de l’énergie et de la majorité des matières premières (blé, etc.) ont chuté. Alors qui ment ? Il est probable que tous les acteurs de la filière bénéficient du mouvement de hausse de prix. En résumé :

  • Producteurs : nous ne gagnons pas de quoi vivre, les prix payés aux producteurs sont trop faibles,
  • Industriels : le coût de l’énergie et des transports poussent les prix de revient à la hausse, certaines matières premières connaissent des hausses de prix historiques (sucre notamment), les producteurs augmentent leurs prix,
  • Distributeurs : nos marges n’ont pas augmenté, les marges des industriels sont les plus élevées de ces 10 dernières années.

Les producteurs ont toujours une bonne image auprès des consommateurs

Les producteurs ont toujours bonne presse. Leur image auprès de l’opinion est excellente. Quitte à payer des marges importantes, les consommateurs préfèrent qu’elles finissent dans les poches des producteurs que dans celles des industriels ou des distributeurs. Du côté du gouvernement, ce serait surtout les industriels qui ne jouent pas le jeu. "Les industriels ne jouent pas le jeu, ils refusent de revenir à la table pour négocier les prix à la baisse", a déclaré jeudi soir le ministre de l’Economie sur TMC. Le prix du blé a bien baissé, mais le prix des pâtes ne baisse pas de la même ampleur, logique ? C’est donc comme avec le prix des carburants. Les prix de l’essence grimpent quand le cours du pétrole augmente, mais ils baissent très faiblement lorsque la cotation du baril s’effondre.

Industriels de l’agro-alimentaire à l’amende

"Les industriels ne jouent pas le jeu, ils refusent de revenir à la table de négociation pour négocier les prix à la baisse", a déclaré jeudi soir Bruno Le Maire sur TMC, estimant "qu’ils n’ont pas à profiter de cette crise". Le ministre de l’Economie a défendu la réouverture des négociations commerciales entre industriels et distributeurs, "au moment où les prix de gros baissent". "Si jamais les industriels de l’agro-alimentaire refusent de rentrer dans cette négociation – ce qu’évidemment je ne peux pas imaginer –, nous emploierons tous les instruments à notre disposition, y compris l’instrument fiscal, pour récupérer des marges qui seraient des marges indues faites sur le dos des consommateurs", avait averti dans la matinée Bruno Le Maire. "Non, il n’y a pas de profiteurs", s’est offusqué sur RTL jeudi Jean-Philippe André, le président de l’Association nationale des industries alimentaires. "Nous avons dans tous les contrats des clauses de révision automatique à la hausse ou à la baisse s’il y a des variations sur les matières premières", a-t-il rappelé.

Les producteurs ne veulent pas entendre parler de baisses de prix

Le nouveau président du syndicat agricole majoritaire FNSEA, Arnaud Rousseau, a regretté jeudi lors d’une conférence de presse une forme de "surenchère" alimentée par le ministre de l’Economie et les distributeurs. Cela risque, selon lui, de relancer "une guerre des prix" bas, qui pénaliserait le revenu des agriculteurs et la pérennité des exploitations.

Les distributeurs se réfugient derrière le plan anti-inflation

Avec leurs paniers anti-inflation, les distributeurs montrent qu’ils proposent des paniers à des prix attractifs. Ce n’est pas de leur faute si les consommateurs achètent des légumes et des fruits qui ne sont pas de saison...

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