La hausse des prix du tabac fait son effet : l’Etat voit ses recettes fiscales chuter
La hausse du prix du tabac abaisse fortement les ventes de cigarettes en France. Conséquence directe, la chute des recettes fiscales de l’Etat, une bonne nouvelle ?
mardi 30 juillet 2024, par Denis Lapalus
La consommation de tabac baisse-t-elle vraiment ?
Ce n’est pas certain. Ce qui l’est est que les ventes en France de cigarettes sont en forte baisse. La récente autorisation d’acheter des cartouches de cigarettes à l’étranger sans limite, pour les fumeurs, contribue sans doute à cet effet. Toujours est-il que le nombre de cigarettes vendues en France ne cesse de diminuer. En dépit de l’augmentation du prix du paquet, les recettes fiscales ne progressent plus. L’Etat devrait toucher 400 millions d’euros de moins qu’initialement prévu, ce qui complique encore un peu plus l’équation budgétaire de 2024.
100 millions de paquets de cigarettes vendues en moins en France
Sur les six premiers mois de l’année 2024, les buralistes ont vendu 100 millions de paquets de cigarettes de moins que l’année précédente. Depuis mars 2024, les Français fumeurs peuvent acheter autant de cartouches de cigarettes à l’étranger qu’ils le souhaitent.
Des estimations effectuées avant la promulgation de la mesure
En septembre dernier, la Commission des comptes de la Sécurité sociale espérait que les « droits de consommation sur les produits du tabac », qui représentent environ les deux tiers du prix d’un paquet de cigarettes, rapporteraient 13,6 milliards d’euros en 2024 (sans compter la TVA, qui rapporte également trois milliards et demi d’euros). L’Etat misait alors sur une légère hausse de ces recettes fiscales spécifiques par rapport à 2023, après trois années de tassement consécutives au pic de 2020. A l’époque, les confinements avaient contraint les fumeurs à s’approvisionner localement plutôt qu’à l’étranger, permettant à l’Etat d’engranger un record de 14,4 milliards d’euros. Sans prétendre l’égaler, Bercy comptait sur la forte progression des prix du tabac (le paquet de Marlboro rouge, étalon du secteur, est par exemple passé de 11,5 à 12,5 euros en janvier) pour redynamiser ses rentrées fiscales en 2024.
Les hausses de prix font chuter les ventes en France
Sans surprise, l’augmentation du prix du paquet compense à peine l’érosion spectaculaire des ventes dans le réseau de distribution tricolore. Au premier trimestre 2024, selon les données des douanes, les buralistes ont écoulé 650 millions de paquets de cigarettes, soit 100 millions de moins qu’à la même époque un an plus tôt.
Recettes fiscales en berne
L’une des deux vaches à lait en France, avec les carburants, le tabac ne rapportera donc pas de jackpot en 2024. Bercy estime désormais que les « droits de consommation » ne pourront pas rapporter davantage que 13,2 milliards d’euros - soit la même somme que l’an passé et 400 millions d’euros de moins que prévu.