Hausses fulgurantes des prix dans l’alimentaire : pas d’abus, mais le juste prix selon l’Inspection Générale des Finances

Difficile à avaler. L’explosion des prix dans l’alimentaire ne serait pas liée à une hausse sensible des marges des distributeurs, mais à une forte hausse des prix des matières premières agricoles.

dimanche 6 novembre 2022, par Denis Lapalus

Des témoignages contradictoires... Mais un rapport officiel annonce le contraire

Il n’existe pas pas d’abus sur les marges dans l’alimentaire, conclut un rapport de l’Inspection générale des finances, commandé par Bruno Le Maire. Ce précieux dossier indique que la hausse des prix de vente des produits alimentaires s’explique essentiellement par celle des prix des matières premières agricoles. L’étude, qui se concentre sur seulement une douzaine de produits (!), indique tout au contraire que les marges ont fondu. À marges égales, les prix de l’alimentaire devraient donc être plus élevés.

Un rapport commandé en juillet... Publié en novembre

Commandé en juillet par le ministre de l’Economie à propos de la hausse des prix des produits alimentaires, ce rapport, auquel ont contribué deux députés membres de la majorité présidentielle (Frédéric Descrozaille et Stéphane Travert) et deux agriculteurs et responsables syndicaux agricoles (Guillaume Cabot et Yannick Fialip), indique en effet que la tendance fortement inflationniste ne reflète pas des comportements abusifs de tierces parties au sein de la chaîne de valeur. « La conclusion est sans appel : Il n’y a pas eu de profiteurs de l’inflation dans l’alimentaire. Ni les agriculteurs, ni les distributeurs, ni l’industrie agroalimentaire n’ont pris au passage de rémunération excessive », déclare à ce propos Bruno Le Maire dans un entretien publié dans Le Parisien, faisant référence au rapport de l’IGF.

Marges brutes

Le constat est d’importance dans la mesure où la mission, qui a mené ses travaux entre fin juillet et fin octobre, a donc passé en revue les trois principaux secteurs de la filière que sont l’agriculture, l’industrie agroalimentaire et la grande distribution, sur la base d’un échantillon de douze produits de la vie quotidienne :

Produits étudiés

La liste des produits étudiés peut faire sourire : Jambon cuit, bœuf haché, escalope de poulet, lait demi-écrémé, veau, viande ovine, yaourt nature, beurre, emmental, camembert, baguette, pâtes. Les végétariens apprécieront, pas un seul fruit ou légume. De manière moins ciblée, faute de données, la mission s’est également penchée sur le cas de la farine et de l’huile.

Pour huit des douze produits de l’échantillon, l’augmentation du prix des matières premières agricoles est même « très significativement supérieure » à celle du prix de vente final. En clair, l’industrie agroalimentaire et la grande distribution ont comprimé leurs marges brutes.

Chute des marges des distributeurs

S’agissant de la grande distribution, l’étude précise notamment que la baisse des marges a été « très significative » pour les pâtes (-15,6 %), le bœuf haché (-6 %) et l’escalope de poulet (-6,4 %). En revanche, deux produits sont sujets à l’évolution inverse : le camembert (+6,1 %) et le yaourt nature (+4,2 %).

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