Investir dans le vin : des Bordeaux primeurs 2018 exceptionnels restent un investissement passion plus que de raison
De nombreux épargnants, amateurs éclairés ou pas, investissent sur des vins de garde pensant ainsi réaliser une plus-value à terme, à la revente. Les caves patrimoniales se multiplient sur la toile. Mais les réussites financières restent à la marge. La qualité exceptionnelle des Bordeaux primeurs 2018 pourraient inciter des investisseurs à renforcer leurs mises. Prudence.
lundi 9 septembre 2019, par Denis Lapalus
Pas véritablement à l’opposé des foires aux vins, dont c’est la pleine saison, les investisseurs dans les vins de garde sont en quête des primeurs de crus d’investissement. Une opportunité pour acheter ces grands vins moins chers. L’enjeu étant de parier sur une évolution positive de son prix. En cas de mauvaise anticipation, généralement les amateurs consomment alors eux-mêmes leurs bouteilles.
Des bordeaux primeurs 2018 exceptionnels
Les experts semblent être unanimes. Les Bordeaux primeurs 2018 seraient de grande qualité. Ainsi Cavissima, une des plateformes de référence en matière d’investissement sur les vins de garde indique : "Les vins sont concentrés, puissants, tanniques avec des taux d’alcool parfois supérieurs à la moyenne. Les critiques sont très élogieux à son sujet. Depuis l’arrêt des notations Primeurs par Robert Parker et avec le report de la notation par Neal Martin, il est primordial de regarder un pool de critiques plutôt qu’un seul critique. Nous avons donc décidé d’intégrer la note moyenne WineDecider dans nos notes & analyses Primeurs. Cette note est la moyenne des notes des critiques internationaux les plus influents (Wine Advocate/équipe Parker, Vinous, Quarin, Wine Spectator, Decanter, etc.).".
Des volumes fortement réduits
Le prix du vin se base sur sa qualité, mais pour une grande partie sur sa rareté. Concernant les volumes produits, il existe une vraie disparité entre les appellations et entre les châteaux. Des épisodes de grêle puis d’attaques de mildiou (champignon parasite qui se développe en milieu humide sur la vigne) ont également affectés les quantités sans pour autant impacter la qualité. Les appellations comme Pauillac, Saint-Estèphe, Saint-Julien, Margaux et Pessac Léognan sont en retrait en termes de quantité produite par rapport aux 3 millésimes précédents. Le mildiou, quant à lui, a affecté particulièrement les producteurs en agriculture biologique et biodynamie comme le Château Palmer à Margaux (seulement 11hl/ha).
Des investissements dans le vin qui passionne les amateurs, mais attention. En France, une plateforme prodiguant des conseils sur l’investissement sur le vin doit impérativement être inscrite auprès de l’AMF.
Investir dans le vin, éviter les arnaques
De son côté aussi, Thomas Hébrard, Président-fondateur de U’Wine, maison de négoce de nouvelle génération fondée en 2014, met en garde les investisseurs et les professionnels pour réaliser un investissement dans le vin en toute sérénité pour se constituer une cave patrimoniale.
Il est indispensable d’adopter les bons réflexes lorsque l’on cherche à investir dans le vin. Ce domaine attire beaucoup les sociétés frauduleuses et les arnaques, car il s’appuie sur la méconnaissance des particuliers sur les mécanismes de rendement et le fonctionnement de l’investissement dans le vin. Attirés par des promesses de rendement alléchantes, une facilité d’investissement et une démarche 100% en ligne, ceux-ci peuvent facilement tomber dans le piège de la fraude.
L’investissement dans le vin est un domaine régulé par l’Autorité des Marchés Financiers, qui a établi une liste noire des acteurs ne respectant pas la législation et n’ayant pas fait l’objet d’un contrôle et d’un audit par leurs services. De nombreux acteurs du monde du vin dénoncent régulièrement les arnaques et sociétés frauduleuses, promettant un achat de Grands Crus et des performances attractives en très peu de temps.
Il existe plusieurs moyens de détecter une société suspecte et de reconnaître une fraude versus une société sérieuse et compétente :
- L’avis de l’AMF - Cette autorité contrôle les activités des sociétés dans le domaine des investissements alternatifs tels que le vin, l’or ou les forêts. Elle référence les acteurs enregistrés (Cavissima et U’Wine) et a aussi identifié les acteurs frauduleux et construite une liste noire, disponible sur le site d’AMF. Il faut donc passer par cette étape de vérification indispensable, il s’agit du premier filtre et il est le plus efficace.
- Les rendements affichés - Si la société affiche des rendements calculés en semaines ou en mois, il faut faire preuve de prudence. En effet, un investissement dans le vin doit se faire sur la durée et implique un temps long. Un millésime ou une bouteille, même de Grand Cru, devra attendre avant d’atteindre une valorisation et une rareté sur les marchés, allant de pair avec son apogée de consommation. Par ailleurs, des rendements affichés annuels sont souvent faux et inatteignables dans le cadre d’un investissement dans le vin. Une performance de 5 à 10% net annuelle est plus vraisemblable et réaliste. Par ailleurs, l’AMF restreint particulièrement l’affichage des performances par les sociétés qu’elle a contrôlé. Afficher de manière visible sur un site des promesses de performance est donc un signal d’alerte supplémentaire.
- Les caractéristiques de la société - la société doit pouvoir montrer sa sélection de vins, étayer ses choix et sa façon d’acheter les Grands Crus (négociant, partenariat). Il est nécessaire de parcourir en détail la documentation commerciale et contractuelle de la société et de demander ses référencements auprès des acteurs financiers (banques privées, family offices ou sociétés de gestion).
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