L’impact du coronavirus sur l’économie sera bien plus important qu’anticipé en France
La croissance française pourrait passer sous la barre des 1% cette année à cause des répercussions de l’épidémie de coronavirus, dont le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a reconnu lundi attendre un impact beaucoup plus significatif que ce qui était envisagé jusqu’ici.
mardi 3 mars 2020, par FranceTransactions.com (avec AFP)
Coup de frein à l’économie mondiale
L’épidémie de Covid-19 va mettre un coup de frein à l’économie mondiale, et la France ne va pas y échapper : sa croissance devrait tomber à 0,9% en 2020, selon les prévisions publiées lundi par l’OCDE, première grande institution internationale à évaluer l’impact économique de l’épidémie. C’est 0,3 point de moins que sa dernière prévision fin novembre. Le gouvernement, qui espérait mettre fin au ralentissement de l’économie française cette année et entamer une baisse du déficit public, va donc devoir patienter.
La Banque de France revoit également ses prévisions à la baisse
La semaine dernière déjà, le gouverneur de la Banque de France avait indiqué que l’institut d’émission allait certainement abaisser "légèrement" fin mars sa prévision de croissance pour 2020, attendue jusqu’ici à 1,1%.
Un impact plus important que prévu selon le gouvernement
Le gouvernement, qui tablait jusqu’ici sur une progression du PIB de 1,3% cette année, se voulait, lui, prudent. Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire évoquait encore la semaine dernière un impact de 0,1 point si l’épidémie restait essentiellement cantonnée à la Chine. Mais lundi, il a dû se rendre à l’évidence : l’impact sera "beaucoup plus significatif", a-t-il concédé, sans donner de chiffre précis. Car en une semaine la situation s’est rapidement détériorée. L’Italie est devenue un des principaux foyers de Covid-19 et une des sources de diffusion de la maladie en Europe, tandis que la France a dépassé la centaine de personnes contaminées.
Situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles
Pour endiguer la propagation du virus, le gouvernement a annoncé des mesures exceptionnelles, comme l’interdiction sur tout le territoire des événements rassemblant plus de 5.000 personnes en milieu fermé, et des restrictions plus strictes pour les foyers principaux dans l’Oise et en Haute-Savoie. Le ministre des Transports n’a pas exclu lundi d’imposer des restrictions de circulation des transports publics si le virus continue de s’étendre.
Contraction de la consommation et de l’activité en France
Ces mesures, qui commencent déjà à peser sur le quotidien des Français, pourraient, si elles se durcissent, altérer aussi la consommation des ménages et l’activité des entreprises. Elle s’ajoutent aux perturbations que subissent déjà certains secteurs du fait de la crise sanitaire en Chine, incontournable dans les circuits industriels mondiaux, notamment dans l’automobile, la pharmacie ou l’électronique. Pour la première fois en sept mois, l’activité de l’industrie française s’est d’ailleurs contractée en février, selon l’indice de référence publié par le cabinet IHS Markit, les entreprises ayant enregistré une forte baisse de leurs commandes en lien avec le coronavirus.
Le tourisme en berne
Les secteurs du tourisme et du luxe se voient eux privés de leurs clients chinois, une perte évaluée lundi à 1 milliard d’euros par mois à l’échelle européenne par le commissaire européen Thierry Breton. "Le coronavirus c’est d’abord un effet sur l’offre, c’est-à-dire sur la capacité de production de la Chine et des entreprises. (...) Plus cet effet sur l’offre se prolonge, plus ça devient aussi un effet sur la demande, c’est-à-dire du côté de la consommation", a prévenu lundi le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau. "Cette question de durée est absolument clé sur la transmission économique de la capacité de production vers la volonté de consommation. Aujourd’hui, du côté de la demande, c’est limité à certains secteurs où l’effet est très sensible, comme le tourisme, ce n’est pas encore un freinage général de la consommation", a-t-il noté.
Cas de force majeure
Pour tenter d’enrayer un effet domino de la crise sanitaire sur l’économie, Bruno Le Maire a décrété le Covid-19 comme "cas de force majeure" pour les entreprises ayant des contrats dans le cadre de marchés publics, leur permettant de ne pas payer de pénalités en cas de retard de livraison. Les entreprises touchées pourront aussi bénéficier d’étalements de charges. "Nous ferons preuve d’une solidarité totale vis-à-vis de tous les entrepreneurs qui aujourd’hui sont en première ligne", a assuré Bruno Le Maire.