Plans sociaux : chômage massif attendu dès la fin de la prise en charge à 100% du chômage partiel par l’Etat

Dès la fin de prise en charge à 100% par l’Etat du chômage partiel (à fin mai), les emplois seront détruits par dizaines de milliers, conduisant le taux de chômage à un niveau record. Le redémarrage sera long, poussif et incertain.

lundi 11 mai 2020, par FranceTransactions.com (avec AFP)

Une vague de licenciements sans précédent sur le mois de juin

La hausse du chômage en France, +7.10% pour le seul mois de mars, n’est est qu’à ses débuts. La récession qui devrait être à son point culminant cet été pourrait réduire considérablement le nombre de salariés en France. Actuellement, si l’employeur verse le salaire de substitution du chômage partiel, il est intégralement remboursé par l’État. Ce ne sera plus le cas à fin mai. Si la majorité des employeurs n’abusent pas du système, de nombreux utilisent le chômage partiel, à temps partiel, en demandant à leurs salariés de ne travailler que quelques jours par semaines. Faire seulement l’essentiel, ce qui peut rapporter à l’entreprise. Le solde, c’est l’État qui paie. A fin mai, ce sera terminé. Et les licenciements vont alors arriver.

Plans sociaux : les modifier pour éviter l’hécatombe ?

"Il faut repenser d’urgence les règles des plans sociaux" : l’ancien conseiller social de Nicolas Sarkozy, aux manettes pendant la crise de 2008, préconise d’adapter ces règles en vue de la crise "très forte" de l’emploi à venir, dans un entretien publié lundi sur le site des Echos. "La crise de l’emploi va être très forte et le climat social va être très dégradé", estime Raymond Soubie, patron du cabinet de conseil en ressources humaines Alixio. Il est "clair" qu’un "nombre élevé" d’entreprises "ne pourra pas conserver tous les chômeurs partiels", observe-t-il, pronostiquant la disparition de "dizaines de milliers, et probablement des centaines de milliers d’emplois". "Comme l’Etat aura déversé beaucoup de milliards en faveur des entreprises, il lui sera demandé d’interdire les licenciements et les plans sociaux", commente-t-il. Il se dit "étonné" que "personne ne parle de cette question" et n’"anticipe" ces plans sociaux et la situation d’entreprises qui vont se retrouver face à des "marchés durablement réduits".

Le secteur de l’aéronautique

Pour les entreprises des secteurs très touchés, comme l’aéronautique, il "faut repenser d’urgence les règles des plans sociaux". A titre d’exemples : allonger la durée du congé de reclassement et l’ouvrir aux entreprises de moins de 1.000, ou encore instaurer une "protection spécifique" pour les salariés les plus vulnérables, créer un "congé compétence"...

"Pour les entreprises dont la perte d’activité est modérée, l’Etat pourra continuer de les aider en maintenant un soutien plus limité à l’activité partielle, et en leur demandant en échange de continuer de faire des efforts pour garder leurs salariés", propose-t-il. Notamment, en concluant des accords de "transformation" : "engagements sur l’emploi d’un côté, et des concessions sur le temps de travail ou les rémunérations de l’autre".

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