Toujours plus de pauvres en France (+ 0.9%), soit 9 millions de personnes, la hausse du seuil de pauvreté est de +25.32 % en 2021
La pauvreté et les inégalités s’accentuaient en France en 2021, selon l’Insee.
mardi 14 novembre 2023, par Denis Lapalus
Pauvre à moins de 1.158 euros par mois
En 2021, la part de Français pauvres a augmenté de 0,9 %, pour s’établir à 14,5 % de la population. Plus de neuf millions de personnes vivaient donc, il y a deux ans, sous le seuil de pauvreté monétaire, établi à 60 % du revenu médian, soit 1 158 euros par mois pour une personne seule, la moitié d’entre elles disposant de moins de 924 euros par mois.
La pauvreté et les inégalités s’accentuent en France
Les chiffres publiés par l’INSEE concernent l’année 2021. La pauvreté augmente en France depuis le Covid et les inégalités s’accentuent. C’est le constat dressé par le dernier rapport de l’Insee sur le sujet, paru ce mardi en fin de journée. Globalement, les Français sont sortis de la pandémie plus pauvres qu’ils n’y sont entrés. Mais dans le détail, ce sont surtout les niveaux de vie des plus pauvres qui ont baissé, alors que ceux des plus aisés se sont améliorés.
« La reprise de l’activité en 2021 s’est accompagnée d’une hausse des revenus du travail et des dividendes reçus par les ménages, plus marquée pour les ménages les plus aisés dont le niveau de vie augmente. À l’opposé, la non-reconduction des aides de solidarité exceptionnelles versées en 2020, en lien avec la crise sanitaire, a pesé sur les niveaux de vie des ménages les plus modestes qui diminuent en 2021 », écrit ainsi l’Insee.
14,5 % des Français vivent sous le seuil de pauvreté
En 2021, la part de Français pauvres a augmenté de 0,9 %, pour s’établir à 14,5 % de la population. Plus de neuf millions de personnes vivaient donc, il y a deux ans, sous le seuil de pauvreté monétaire, établi à 60 % du revenu médian, soit 1 158 euros par mois pour une personne seule, la moitié d’entre elles disposant de moins de 924 euros par mois. Si cet appauvrissement concerne aussi les personnes en emploi – dont 7,4 % vivaient sous le taux de pauvreté –, ce sont surtout les chômeurs (35,1 %) et les familles nombreuses (25,6 %) qui sont touchés, tout comme les femmes, en première ligne.
Celles-ci représentent d’ailleurs 57,5 % des personnes accueillies l’an dernier par le Secours catholique. Un taux bien plus élevé que leur proportion dans la population en France, qui pousse l’association à parler de « féminisation » de la pauvreté dans son dernier rapport annuel.
Les mères isolées et les enfants en première ligne
Les mères isolées en particulier sont très nombreuses à demander l’aide du Secours catholique. Cette année, elles ont représenté un quart du million de bénéficiaires que l’association a accompagné. Une situation qui s’explique, en partie, par le manque de paiement des pensions alimentaires : près d’un tiers des pères solvables continuent à ne pas les verser. Mais la tendance à l’appauvrissement est plus large et causée, selon l’Insee, par l’arrêt des aides mises en place lors de la pandémie de Covid et par la non-reconduction de la majoration de l’allocation de rentrée scolaire, qui a largement touché les familles les plus fragiles.
Des retraités qui s’appauvrissent
Si les retraités restent toujours légèrement mieux lotis que la population active, la tendance commence à s’inverser. Pâtissant de l’inflation, leur niveau de vie médian a baissé de 1,1 % en 2021, année durant laquelle ils étaient 10,9 % à vivre sous le seuil de pauvreté.
Une tendance qui s’observe depuis 2017 : alors que la pension moyenne de retraite augmentait jusque-là chaque année, portée par des néo retraités aux carrières complètes, la courbe s’est inversée. Les nouveaux retraités gagnent maintenant un peu moins que l’ensemble des retraités.
Réforme des APL
La réforme des APL est aussi pointée du doigt : d’après l’Insee, le niveau global des aides versées a baissé depuis son entrée en vigueur en janvier 2021. Résultat : presque un quart (20,6 %) des enfants vivant en France en 2021 étaient en situation de pauvreté.
L’inflation arrivait seulement en 2021
L’inflation joue enfin son rôle : atteignant 1,6 % en 2021 contre 0,5 % en 2020, elle a contribué à faire baisser les niveaux de vie puisque les prestations sociales, alignées sur le taux d’inflation de l’année précédente, augmentent moins vite que les prix.
Les revenus des plus aisés en augmentation
À l’inverse, si la pauvreté a augmenté, les revenus des plus aisés ont, eux, profité de la reprise de l’activité après l’arrêt imposé par le Covid. Peu touchés par l’arrêt des aides de l’État, les niveaux de vie des Français les plus aisés ont ainsi augmenté en 2021, creusant encore l’écart avec les populations les plus pauvres.
À titre d’exemple, portés par l’augmentation des salaires et des revenus du patrimoine, les 5 % de la population les plus aisés ont vu leur niveau de vie grimper de 4,5 % entre 2020 et 2021, tandis que les 20 % de Français les plus pauvres ont perdu 2 % de pouvoir d’achat. En tenant compte de l’inflation, le niveau de vie n’a ainsi reculé, en 2021, que pour les Français les plus pauvres, tandis que celui des plus riches s’est amélioré.