Augmentations de salaires : 25% des collaborateurs envisagent de changer d’emploi dans les prochains mois afin de gagner plus

Les chiffres concernant les augmentations en 2022 soufflent le chaud et le froid. D’après l’INSEE, 93% des salariés ont été augmentés en 2022, mais d’après ce nouveau sondage, seulement 50% des salariés en auraient bénéficier. Et ils ne sont évidemment pas satisfaits...

jeudi 29 septembre 2022, par Denis Lapalus

Augmentation de salaires : le jour et la nuit dans les stats...

Selon l’étude annuelle sur les salaires publiée mercredi 31 août par le cabinet Deloitte, la hausse médiane des salaires seuls s’établit à 2,5 % en 2022. Cette étude est fondée sur l’évolution des rémunérations d’un million de salariés de 300 entreprises. En 2022, la proportion de salariés ayant été augmenté est bien plus forte : 93 % en 2022, contre seulement 55 % en 2021. 70 % ont vu leur fiche de paie grimper de plus de 2%.

Mais d’après le sondage effectué par YouGov pour Talent.com, la situation sera bien moins favorable : 1 salarié sur 2 déclare qu’il n’aura pas d’augmentation de salaire en 2022.

La grande ou la petite démission ?

Alors que le marché du travail est en pleine mutation (Grande Démission, Quiet Quitting, Job Hopping…) et que les entreprises rencontrent de plus en plus de difficultés à recruter, le gouvernement se tourne vers elles pour les inciter à aider leurs salariés à supporter la flambée des prix. Cependant près d’un Français sur deux déclare que leur employeur ne l’augmentera pas cette année. C’est ce qu’il ressort d’un sondage réalisé par Yougov pour Talent.com, spécialiste du marché de l’emploi et du recrutement dans le monde (présent dans 77 pays), qui a interrogé 1010 salariés français, alors que la question de la hausse des salaires est actuellement au cœur des débats.

Principaux enseignements

  • Un Français sur quatre envisage de démissionner dans les prochains mois
  • Le souhait d’un salaire plus élevé en est la raison principale (51%)
  • Plus d’un salarié sur deux estime ne pas recevoir un salaire juste pour l’emploi qu’il occupe (55%)
  • Une grande majorité le juge trop faible par rapport au travail qu’ils fournissent (66%)
  • Seuls 27% des salariés déclarent que leur employeur augmentera leur salaire
  • Seulement 8% affirment qu’ils recevront une prime pouvoir d’achat
  • Deux salariés sur trois prétendent qu’une prime ou une hausse de salaire les ferait rester plus longtemps dans leur entreprise actuelle
  • 45% des Français seraient prêts à diminuer leur rémunération pour un emploi qui leur offrirait d’autres avantages

Ce qui pousse certains Français à démissionner

Une grande majorité des salariés français n’envisage pas de quitter leur emploi actuel (76%). Seul 1 salarié sur 10 prévoit de le faire d’ici la fin de l’année et 15% dans les douze prochains mois. Néanmoins ce chiffre monte à 23% chez les 25-34 ans. Parmi les raisons invoquées, le souhait d’un salaire plus élevé (51%) est le principal argument qui amène les salariés à quitter leur employeur ; vient ensuite l’envie de changement car cela fait longtemps qu’ils se trouvent au même poste ou dans la même entreprise (30%) ; puis la possibilité d’obtenir de meilleurs avantages (mutuelle, plan retraite, tickets resto, jours de congés… - 29%). Plus d’un salarié sur deux estime ne pas recevoir un salaire juste pour l’emploi qu’il occupe (55%), un chiffre constant quel que soit le niveau d’expérience (juniors autant que séniors). Parmi ceux qui considèrent ne pas recevoir un salaire adéquat, les raisons sont multiples : une grande majorité le juge trop faible par rapport au travail qu’ils fournissent (66%). Près de la moitié des salariés trouve qu’ils ne reçoivent pas ce qu’ils méritent par rapport à leurs compétences et leur expertise (48% - notamment ceux ayant fait des études supérieures ce chiffre monte à 57%). Deux sur cinq estiment que leur salaire est bas par rapport à leur ancienneté (40%, notamment les plus de 55 ans - 52%). Un quart évalue leur salaire plus faible que celui du marché (26% et enfin 11% présument une rémunération plus faible que celle de leurs collègues.

Augmentations et primes, pas pour le moment

Face à l’emballement de l’inflation et aux difficultés de recrutement, les entreprises vont-elles augmenter les rémunérations ? Seulement 27% des salariés déclarent que leur employeur augmentera leur salaire cette année. Parmi eux, 17% indiquent qu’ils recevront une augmentation de moins de 5%, 7% entre 5 et 10% et seulement 2% gagneront une augmentation de plus de 10%. Peut-être à cause d’un manque de communication de la part de leur hiérarchie, un quart des Français ne sait pas ce que prévoit leur employeur d’ici la fin de l’année et près de la moitié affirme qu’ils n’en auront pas (47%). Ces derniers sont d’ailleurs en majorité ceux qui ont indiqué souhaiter quitter leur entreprise dans les prochains mois (49%).

En outre, seulement 8% affirment qu’ils recevront une « prime pouvoir d’achat » cette année. Un quart des Français indique ne pas savoir (27%) et plus des deux tiers assurent qu’ils n’en auront pas (67%). Et pourtant, le fait d’avoir une prime ou une hausse de salaire augmenterait de manière significative la fidélité des employés envers leur employeur. En effet, deux salariés sur trois prétendent qu’une prime ou une hausse de salaire les ferait rester plus longtemps dans leur entreprise actuelle (66%) ; un chiffre qui monte même à 87% chez les 18-24 ans.

Augmentation oui. Avantages, pourquoi pas

Pour autant 45% des Français seraient prêts à diminuer leurs prétentions salariales pour un emploi qui leur offrirait d’autres avantages : flexibilité, avantages sociaux, plus proche de leur domicile, nouvelles missions, valeurs de l’entreprise, bien-être au travail, etc. Plus des deux tiers des 18-24 ans accepteraient ce sacrifice (68%) alors qu’ils ne sont que deux sur cinq des plus de 55 ans à adhérer à une diminution de salaire (39%) en échange de meilleures conditions de travail.

Dans un contexte tendu, une pénurie de main d’œuvre et un candidat roi, les entreprises n’ont d’autre choix que de négocier à nouveau des augmentations de salaires. Et ce d’autant plus que les tendances en provenance des USA traversent progressivement l’Atlantique pour toucher directement le marché du travail français. Le salaire reste un élément clé pour retenir les talents. D’ailleurs, notre sondage montre que ceux qui veulent en majorité quitter leur entreprise sont d’une part, ceux qui veulent une meilleure rémunération et d’autre part, ceux qui savent qu’ils ne seront pas augmentés cette année. Mais ça ne fait pas tout. Les DRH sont amenés à poursuivre leurs efforts sur les conditions d’emploi, l’environnement de travail, la qualité des missions proposées, la flexibilité des postes… s’ils veulent conserver des collaborateurs engagés” déclare Adrien Scemama, responsable de Talent.com en France.

Méthodologie : sondage mené par Yougov grâce à un questionnaire en ligne administré du 1er au 5 septembre 2022 auprès d’un échantillon de 1010 salariés, représentatif de la population française. Plus de renseignements sur simple demande au service de presse.

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