Faillites d’entreprises en France : le tsunami en vue ? Le nombre de défaillances commence seulement à grimper...
Les mesures d’aides financières mises en place par le gouvernement ont repoussé de nombreuses faillites d’entreprises, sans toutefois éviter le pire. Anormalement bas depuis près de 16 mois maintenant, le nombre de faillites d’entreprises en France va exploser dans les semaines à venir.
jeudi 24 mars 2022, par Denis Lapalus
Crises Covid et Guerre en Ukraine...
Depuis quelques semaines, le nombre de faillites déclarées explose en France. Les défaillances d’entreprises sont systématiquement supérieures à 2021 depuis le début de l’année 2022, selon les statistiques hebdomadaires de la Banque de France. Une nette augmentation a été remarquée la dernière semaine. Toutefois, ce n’est que le début, le tsunami des faillites ne devrait arriver que dans quelques mois.
Pour la Banque de France, une légère augmentation, rien de plus
Selon les chiffres officiels publiés par la Banque de France, à fin février 2022, le nombre de défaillances cumulé sur un an (entre mars 2021 et février 2022) s’élève à 28 765. Ce chiffre marque une légère augmentation du nombre de défaillances de 2,0 % par rapport à celui enregistré entre mars 2020 et février 2021.
Un taux de faillite toujours anormalement bas
Dans l’ensemble, le nombre de défaillances se maintient à un niveau bas par rapport aux années précédentes. Malgré l’interruption progressive des dispositifs de soutien - une partie des mesures étant reconduites dans le plan de sortie de crise - les chiffres de défaillances en début de 2022 restent globalement très inférieurs à ceux observés en 2019 et 2020. Il n’y a pas à ce stade de signe d’une vague de faillites à venir. L’augmentation s’observe dans plusieurs secteurs, dont le transport (+ 16,1 %), la construction (+ 14,8 %) et l’agriculture (+ 9,8 %). Quelques secteurs continuent à enregistrer une baisse des défaillances sur un an, en particulier l’hébergement et restauration (- 19,3 %) et l’enseignement, santé, action sociale et services aux ménages (- 10,3 %) (cf. tableau A).
Lorsque l’on compare le cumul du nombre de défaillances sur un an à fin février 2022 au cumul à fin février 2021, la période de référence inclut les premiers mois de la crise de la Covid-19 où le nombre de défaillances a été particulièrement faible du fait de la fermeture temporaire des tribunaux de commerce et des mesures qui ont temporairement modifié les dates de caractérisation et de déclaration de l’état de cessation de paiements. Ainsi, si l’on rapporte cette fois-ci le chiffre à fin février 2022 au nombre de défaillances enregistré sur un an à fin février 2020, période entièrement antérieure à la Covid-19, le recul des défaillances est encore bien marqué, avec une baisse de 41,4 %.
Affolement du côté des indépendants
Marc Sanchez, Secrétaire général du SDI, déclare : « Nous alertons les pouvoirs publics depuis plusieurs mois sur la forte dégradation des conditions d’exercice de leur activité par les petites entreprises. A la cinquième vague de Covid a succédé la guerre en Ukraine qui a renforcé la restriction de consommation dans les commerces physiques selon notre dernière enquête. La reprise des défaillances d’entreprises n’est que la partie émergée de l’iceberg. Depuis le début de l’année, nous constatons une augmentation de 35% des cessations volontaires d’activité avec près de 76.000 chefs d’entreprise qui ont baissé les bras au constat qu’ils n’auraient aucun soutien de la part des pouvoirs publics comme l’a démontré le Plan de résilience. Pour préserver l’avenir, nous demandons un allongement de droit de la durée de remboursement du PGE d’au moins deux années ainsi qu’un nouvel étalement des charges sociales et fiscales sur 12 à 36 mois. Ces mesures ne coûtent rien à l’État et lui éviterait même de devoir rehausser fortement ses projections de défaillances sur les PGE alors que 45% des entreprises n’ont pas encore entamé le remboursement de ce prêt »