Bulle immobilière : ni en France, ni en Allemagne selon le CERS
Si le marché de l’immobilier résidentiel est menacé de surchauffe dans huit pays de l’Union européenne, le Conseil Européen du Risque Systémique (CERS) ne constate aucune bulle immobilière en France, ni en Allemagne. Un constat surprenant.
mardi 29 novembre 2016, par Denis Lapalus
Une flambée des prix de l’immobilier, due aux taux de crédits ultra bas
Le marché de l’immobilier résidentiel est menacé de surchauffe dans huit pays de l’Union européenne, en partie à cause des effets imprévus des taux d’intérêt ultra bas, prévient le Conseil européen du risque systémique (CERS ou ESRB en anglais).
En France, ce phénomène s’est pourtant produit. Avec des taux de crédit immobilier au ras des pâquerettes, le pouvoir d’achat immobilier des Français s’est accru de près de 20%. Cette hausse du pouvoir d’achat n’a pas eu cependant totalement l’effet escompté. Les acquéreurs n’ont pas acheté des biens immobiliers 20% plus grands, mais ils ont du partager cette embellie avec les vendeurs. Ces derniers profitant d’une hausse des prix parfois irrationnelle. Ce phénomène s’est accentué notamment sur le marché de l’immobilier neuf. A ce jour, les prix de l’immobilier neuf sont sur-évalués de près de 30% en France.
Tout va bien en Allemagne, selon le CERS
Aucune mention n’a été faite sur la situation de l’Allemagne, première puissance économique de l’UE, dont le marché immobilier est en plein essor. Cela donne à penser que les fortes hausses de prix enregistrées dans plusieurs villes d’importance n’ont pas créé de risque systémique.
Huit pays touchés plus fortement par une surévaluation des biens immobiliers
Pour l’organisme chargé de la surveillance du système financier dans l’Union européenne, ces huit pays —* Autriche, Belgique, Danemark, Finlande, Luxembourg, Pays-Bas, Royaume-Uni et Suède —* sont confrontés à un risque à moyen terme, soit d’une surévaluation des biens, soit d’un endettement excessif des ménages. Cela constitue un risque systémique pour la stabilité financière de l’Union qui nécessite une attention réglementaire, souligne le CERS dans son rapport. Le Conseil demande aux autorités nationales de prendre des mesures appropriées et relève les vulnérabilités des banques dans un contexte de taux d’intérêt toujours plus bas.
"L’endettement des ménages et la surévaluation de l’immobilier résidentiel se développent sur plusieurs années", ont souligné le président du CERS et celui de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, lors de la présentation du rapport à une commission du Parlement européen. "Mais, en cas de choc, les vulnérabilités connexes peuvent se matérialiser rapidement —* par exemple, sous la forme d’une réduction de la consommation des ménages, de défauts de paiement sur des prêts ou de baisses des prix".