Immobilier, le malaise : quand le pompiste ne fait pas forcément un bon maçon...
Dans un rapport rendu public hier, l’échec de l’atteinte des objectifs immobiliers en France serait dû aux acteurs publics du marché. La conclusion du rapport est sans appel, l’Etat doit arrêter de subventionner le marché de l’immobilier. Une recommandation dénuée de bon sens pour les professionnels du secteur.
samedi 31 janvier 2015, par Jean-François Buet
Prenez une voiture et confiez-la à plusieurs pilotes qui ne connaissent ni le véhicule, ni la route, ni leur destination. Incapables de s’entendre, ils sont constamment le pied sur le frein et la voiture n’avance pas. « Puisqu’elle ne marche pas, arrêtez de faire le plein, vous économiserez du carburant », dit le pompiste.
C’est l’image qu’inspire le rapport remis au gouvernement par trois corps d’inspection publics et révélé par le quotidien économique « Les Echos » du 30 janvier 2015. La voiture, c’est la politique du logement. Les pilotes, ce sont les élus et les administrations en charge de cette politique. Le pompiste, c’est Bercy, le ministère des Finances.
Ce rapport date de l’été dernier mais il a été tenu secret depuis. On comprend pourquoi !
Après avoir rappelé le coût exorbitant du logement pour les finances publiques, surtout vu le maigre résultat obtenu, il désigne le coupable : ce sont les acteurs publics du logement !
Eclatement des responsabilités, objectifs multiples et souvent contradictoires, manque d’informations précises sur les besoins, etc., le réquisitoire est sans appel.
Conclusion des rapporteurs, puisque l’argent a été dépensé inutilement, économisons-le. Première victime, l’APL en faveur des accédants à la propriété, qui s’arrêtera fin 2015.
Il y en aura d’autres (TVA à taux réduit, réduction d’impôt Pinel, fiscalité du meublé, etc.) car la finalité du rapport est de fournir des pistes au ministère des Finances pour réduire les dépenses de l’Etat. Il y a 50 milliards d’euros d’économies à trouver d’ici 2017, l’immobilier doit y apporter son écot.
Et le mal-logement, dans tout ça ? Il semble que ce soit le grand oublié du rapport, plus enclin à revoir les besoins à la baisse – le chiffre de 500 000 nouvelles constructions par an serait sans fondement – qu’à proposer des solutions pour remédier à ses maux : difficultés de se loger pour les jeunes et les ménages modestes, prix d’achat ou de location trop élevés pour les classes moyennes, insuffisance de l’offre pour assurer la fluidité du marché et la mobilité professionnelle…
La réalité est là, l’immobilier ne va pas bien. Et si la faute en revient aux élus et à l’administration – comme le disent d’autres administrations –, réinvestissons les professionnels du secteur de toutes leurs prérogatives. Mobilisons les compétences de terrain plutôt que la dépense publique. Pour réussir quelque chose, il faut l’aimer. Il y a des gens, dans ce pays, qui aiment l’immobilier pour sa finalité : loger nos concitoyens.
Et non pour sa fiscalité ! Un pompiste ne fait pas un bon maçon.