Gel des loyers du CROUS en 2020 : cela ne résout pas la précarité étudiante
Les loyers des résidences universitaires (Crous) seront gelés en 2020, a annoncé jeudi le Cnous, l’organisme qui les gère, une mesure réclamée par les organisations étudiantes pour faire face à la précarité, mais qui reste insuffisante à leurs yeux.
jeudi 28 novembre 2019, par FranceTransactions.com (avec AFP)
Précarité étudiante : gel des loyers dans les résidences universitaires en 2020
Ce gel des loyers a été décidé "en plein accord avec le ministère de l’Enseignement supérieur", pour répondre à un début de mobilisation étudiante. Cette décision intervient quelques semaines après la tentative d’immolation d’un étudiant devant un Crous à Lyon, qui avait expliqué son geste par des difficultés financières. "Le logement constitue le principal poste de dépenses et la difficulté majeure que peuvent rencontrer les étudiants et leurs familles", rappelle le Cnous dans un communiqué.
Son parc de logements compte près de 175.000 places, alors que 1,5 million d’étudiants sont inscrits dans des universités et établissements assimilés. Chaque année, les conseils d’administration des Crous augmentent les prix des logements en appliquant un indice de revalorisation des loyers .
"Les tarifs pratiqués par les Crous sont d’ores et déjà extrêmement bas au regard des prix du marché", fait valoir le Cnous : en moyenne, une chambre revient à un étudiant à "100 euros par mois", un studio de 18 m2 équipé, "entre 150 et 200 euros par mois", une fois les aides au logement déduites.
Mettre un frein à l’aggravation de la précarité étudiante
Le gel des loyers représente un coût pour l’Etat d’environ 6 millions d’euros, précise-t-il. Cela faisait partie des revendications des organisations étudiantes, qui tirent la sonnette d’alarme depuis plusieurs années sur la précarité étudiante et demandent au gouvernement la mise en place rapide de mesures concrètes depuis l’immolation dujeune à Lyon. "Ce gel des loyers va seulement empêcher que la situation s’aggrave en 2020", a réagi Mélanie Luce, à la tête de l’Unef, qui réclame une hausse des bourses de 20%. "Le gouvernement ne propose que des mesures avec un faible coût budgétaire, il faut des réponses plusfortes".
"C’est une bonne chose mais il faut aller plus loin", a aussi souligné Orlane François, à la tête de la Fage. "C’est une étape du combat, mais qui ne va pas résoudre toute la question de la précarité étudiante".
Il y a dix jours, la ministre Frédérique Vidal avait annoncé la création d’un numéro d’appel qui favoriserait l’accès aux aides d’urgence. Elle avait exclu de revaloriser de nouveau les bourses, en rappelant qu’elles ont augmenté de 46 millions d’euros à la rentrée. Le gouvernement travaille aussi à inclure les jeunes dans le futur revenuuniversel d’activité. "Le gel des loyers" dans les Crous est "un geste très significatif", fait-on valoir dans l’entourage de la ministre. Les discussions continuent avec les organisations étudiantes, qui doivent être reçues à Matignon et l’Elysée dans les jours qui viennent. Mardi, les étudiants, pourtant appelés à manifester par l’ensemble des syndicats étudiants, ont peiné à mobiliser, sauf à Lyon. L’Unef, qui veut "maintenir la pression" sur le gouvernement, a appelé les étudiants à se joindre à la journée de grève interprofessionnelle du5 décembre.