Faux prêt de 125 millions de dollars pour une île artificielle (la Grèce) à Dubaï
Le tribunal correctionnel de Paris a condamné mardi à 5 ans d’emprisonnement, dont 4 ferme, un homme qui avait fait miroiter un faux financement de 125 millions de dollars à un homme d’affaires pour un projet immobilier sur une ile artificielle à Dubaï.
mardi 10 février 2015, par Denis Lapalus (avec AFP)
Faux prêt de 125 M USD pour île artificielle à Dubaï : 4 ans ferme pour le principal intermédiaire
Ancien banquier, l’homme d’affaires franco-belge avait acheté la "Grèce",une des îles créées de toutes pièces par l’émirat de Dubaï dans un ensemble en forme de planisphère baptisé "The World".
Pour réaliser un complexe hôtelier qui comprenait 18 villas et 42 chambres, ce quadragénaire avait besoin de 125 millions de dollars, fin 2008.
Mais la crise financière venait d’éclater et aucune banque ne voulait le suivre. Des dirigeants de la banque suisse EFG le mettaient néanmoins en relation avec un homme d’affaires aux passeports guinéen et libanais implanté au Nigeria, Ali Soobhe Kassem.
Cet homme, associé à un autre Libanais du Nigeria présenté sous une fausse identité, Hussein Ali Sulaiman, lui promettait de débloquer les 125 millions de dollars moyennant le paiement d’une commission de 10 millions de dollars et d’intérêts représentants 8% de la somme empruntée.
Le promoteur leur versera, en plusieurs fois, 8,3 millions de dollars de commissions sur le compte de Mme Sulaiman, soeur d’Hussein, sans jamais obtenir son prêt.
Mardi, M Kassem a donc été condamné à 5 ans d’emprisonnement dont 4 ferme, soit plus que les réquisitions du ministère public, qui avait demandé 5 ansdont 3 ferme.
Quant à M. et Mme Sulaiman, le tribunal a prononcé contre eux des peines de 3 ans d’emprisonnement dont un avec sursis et de 2 années de prison avec sursis respectivement.
Aucun des trois prévenus n’était présent lors de la lecture du jugement.
Sur le plan pécuniaire, MM. Kassem et Sulaiman ont été condamnés à 100.000 euros d’amende chacun.
A cela s’ajoute, pour les deux hommes, 7,47 millions d’euros de dommages et intérêts à verser aux parties civiles, dont 4,43 pour l’homme d’affaires franco-belge.
M. Kassem a déjà reversé 1,9 million d’euros des fonds perçus sous forme de caution, mais le promoteur n’a jamais revu le solde, soit environ 5 millions d’euros.
Les parties civiles se dont dites "satisfaites" de ce jugement, selon leur conseil, Me Julien Andrez.
Quant à The World, la crise financière a gelé l’ensemble et aucune des 300 îles n’est aujourd’hui habitée, même si un projet a récemment été relancé.
Le promoteur dubaïote d’origine autrichienne Kleindienst Group a ainsi mis en vente, le 7 février, des villas sur plans à 5 millions de dirhams l’unité.