La banque de France éponge une perte financière de 12,4 milliards d’euros en 2023
La Banque de France a publié, au titre de l’année 2023, un résultat net à l’équilibre pour 2023. Pour ce faire, l’institution a du puiser 12,4 milliards d’euros dans son fonds de secours.
mardi 19 mars 2024, par Denis Lapalus
Perte de 12,4 milliards d’euros
Ce n’est pas un souci, ni une crise et encore moins une surprise. La Banque de France a du puiser dans ses réserves pour couvrir une perte de 12 milliards d’euros. La conséquence directe sera que l’Etat ne percevra aucun dividende au titre de l’année 2023.
Hausse des taux
La Banque de France a évidemment publié un résultat net à l’équilibre pour 2023. Mais, pour ce faire, elle a du éponger pas moins de 12,4 milliards d’euros. Une banque centrale ne peut pas véritablement être en faillite, puisque l’émission de monnaie lui permet de faire face. Par ailleurs, ce montant de 12,4 milliards reste relativement faible pour la Banque de France. Son Fonds pour risques généraux (FRG) lui permet de faire face pour 2023. Mais la marge de manœuvre pour 2024 est faible (cf plus bas).
Hausse de la rémunération versée aux banques
Après des années à engranger d’importants revenus à la faveur d’une politique monétaire très accommodante, la tendance s’est inversée en 2022. Mais au terme de cette année de transition, la Banque de France avait tout de même dégagé un bénéfice opérationnel de 4,4 milliards d’euros. Un an plus tard, la hausse des taux a fait grimper en flèche la rémunération versée aux banques lorsqu’elles confient leurs dépôts à la Banque de France.
Taux fixes directeurs de la BCE (au 02 décembre 2024) | Taux |
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Taux de refinancement | 3.40 % |
Taux de dépôt au jour le jour | 3.25 % |
Taux de prêt marginal au jour le jour | 3.65 % |
Le taux de dépôt - qui est l’un des trois taux directeurs de la zone euro - est grimpé de -0,50 %, mi-2022, à 2 % début 2023, puis 4 % à son pic de l’actuel cycle monétaire en septembre dernier. Et la liquidité excédentaire reste importante. Elle était estimée à 3.509 milliards d’euros à fin 2023 pour l’Eurosystème.
« Nous nous engageons à ne pas faire appel à la recapitalisation et à rester en capitaux positifs, en mobilisant les réserves constituées au cours des exercices antérieurs », a déclaré François Villeroy de Galhau. Recapitaliser signifierait faire appel à l’Etat, c’est-à-dire aux contribuables, pour renflouer les caisses.
Plus que 3,9 milliards de marge sur le fonds
Mais après cette ponction, le FRG a sérieusement fondu. En 2023, la Banque de France avait décidé de ne pas verser de dividende à l’Etat et de mettre ses 4,4 milliards de bénéfices en réserve. Le FRG avait alors gonflé à plus de 16 milliards d’euros. Aujourd’hui, il n’a plus que 3,9 milliards d’euros, son étiage le plus bas depuis 2012. « Nous pourrons mettre à contribution d’autres types de réserves comme la réserve de réévaluation des réserves de change, qui s’élève à 18 milliards d’euros », a avancé Denis Beau.
Les banques centrales en pertes financières
Banques centrales | Pertes en 2023 |
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Allemagne | -21 600 M € |
BCE | -8 000 M € |
France | -12 400 M € |
Pays-bas | -3 500 M € |
USA | -114 300 M $ |
M = millions |
La Banque de France n’est pas la seule à être dans le rouge. La BCE est en pertes de 1,27 milliard d’euros (près de 8 milliards avant imputation sur les provisions). La Bundesbank et la Banque des Pays-Bas apparaissent, comme la Banque de France, à l’équilibre mais leurs déficits opérationnels s’élèvent à 21,6 et 3,5 milliards. Quant à la Réserve fédérale américaine, elle a annoncé le 12 janvier dernier la plus importante perte opérationnelle de ses 110 ans d’histoire, à 114,3 milliards de dollars.