Le paiement fractionné (paiement en 3 fois sans frais, proposé souvent comme gratuit) peut vous coûter très cher, des pénalités prohibitives
Les facilités de paiement, le plus souvent proposées désormais sur la toile de façon quasi systématique, annoncées comme gratuites, peuvent couter très cher aux consommateurs. Il suffit d’être en retard pour un remboursement d’une échéance et les frais appliqués seront alors très élevés. Un piège pour les particuliers ne gérant pas leurs finances personnelles au cordeau.
mardi 21 juin 2022, par Denis Lapalus
Paiement fractionné, le revers de la médaille...
En France, le paiement fractionné, tant qu’il est inférieur à une période de remboursement de 90 jours, échappe à la réglementation stricte du crédit à la consommation. Et pourtant, ce paiement fractionné a tout d’un crédit à la consommation. Sous apparence d’être le plus souvent gratuit, cette facilité de paiement ne l’est plus dès lors que l’emprunteur ne peut rembourser une de ses échéances. Un simple retard et une pénalité pourra être appliquée. Et c’est bien tout le business model de ces facilités de paiement. Si les principaux acteurs s’en défendent, le taux de mauvais payeurs ne serait que de l’ordre de 1%, ils vont payer le prix cher pour leur manque de liquidité.
Paiement fractionné, de fortes critiques dans d’autres pays...
Les facilités de paiement, ces "Buy Now Pay Later" créent de véritables ravages outre-manche. Les associations de consommateurs se mobilisent et entendent bien mettre un terme à ces propositions. Ce serait une base de départ pour le surendettement.
En France, le paiement fractionné fait également débat
L’association de consommateurs UFC-Que Choisir est également monté au créneau concernant ces frais de facilités de paiement, le plus souvent annoncées comme gratuites, fin 2021. L’association souligne que les risques du paiement fractionnés ne sont pas nuls, loin de là, à commencer par des frais sortis du chapeau. Si l’achat fractionné est souvent gratuit, les frais en cas d’incident de paiement flambent rapidement. Bien au-delà du taux autorisé en cas de crédit à la consommation. Certains opérateurs n’hésitent pas en effet à pratiquer des pénalités de retard atteignant 30 ou 40 % du capital restant dû. Et cela peut arriver vite. Par exemple, si le plafond de dépenses mensuel de sa carte est atteint, une mensualité de remboursement pourra être bloquée, entraînant ainsi des pénalités de retard.
Des pénalités prohibitives, au seuil de l’usure
Le taux de l’usure limite les intérêts de retard lors d’un crédit à la consommation, comme un découvert autorisé par exemple. Si certains organismes financiers infligent un pourcentage sur le montant total du capital emprunté, certains n’appliquent la pénalité que sur le solde restant dû.
Du côté de MoneyVox (détails du tableau ci-dessous), le constat des frais prohibitifs sur les pénalités en cas d’échéance impayée est plus modéré.
Organismes financiers | Pénalités de retard |
---|---|
ALMA | 8% du capital restant dû |
CLEARPAY | Par échéance impayée 12 euros (6 euros au 2e jour de retard + 6 euros au 7e jour), Frais maximum : 36 euros ou 25% du capital prêté |
COFIDIS | 8% du capital restant dû |
FLOA | 8% du capital restant dû |
KLARNA | Par échéance impayée, selon le montant initial de l’achat, 3 euros sous 100 euros, 5 euros entre 100 et 199,99 euros,8 euros au-delà |
ONEY | 8% du capital restant dû ou 8% des échéances impayées |
PLEDG | 15% du capital restant dû ou des échéances impayées |
SCALAPAY | Par échéance impayée 12 euros (6 euros après 24 heures de retard + 6 euros après 9 jours), Frais maximum : 15% du capital prêté |
Des facilités de paiement qui n’en sont pas ?
Au final, les consommateurs ont-ils véritablement avantage à bénéficier de ces facilités de paiement ? En effet, comme il faut être certain de détenir les fonds sur son compte afin de pouvoir rembourser ces échéances. Mais que peuvent faire les consommateurs des sommes non versées lors de leur achat ? En fait, rien, car l’échéance étant toujours très courte, inférieure à 90 jours. Seuls les consommateurs n’ayant pas les fonds au moment de leur transaction ont donc avantage à bénéficier de cette facilité de paiement. La prise de risque est donc importante, et impose une condition sur ses finances personnelles sur l’avenir à court-terme. Une charge mentale supplémentaire.