Souscrire un prêt étudiant pour investir ? Bonne idée ou pure BullShit ?

De nombreux jeunes investisseurs se questionnent par cette idée d’emprunter via un prêt étudiant pour investir... Pas si bête ?

mercredi 29 mai 2024, par Denis Lapalus

Certains étudiants sont privilégiés. Ils n’ont pas réellement besoin d’un prêt de trésorerie afin de financer leurs études. La question vient alors de bénéficier de cette aubaine d’emprunter via un prêt étudiant à un taux parfois à 0% ou proche de 0% (hors assurance) afin de le placer. Certains prêts étudiants proposent même des reports de remboursement, de plusieurs années. Certains pensent évidemment aux placements sans risque, comme l’épargne réglementée. Mais est-ce bien légal ? D’autres, plus avides de gains rapides et plus conséquents s’imaginent déjà à la tête d’un portefeuille boursier, ou de détention de parts en immobilier fractionné. Qui ne connaît dans son entourage une connaissance qui se targue d’avoir mis en place ce plan ? De la bonne idée à la pure BullShit, la frontière est parfois ténue.

Placer sans risque, position d’attente

Emprunter quelques dizaines de milliers d’euros à moins de 1% assurance incluse, placer sur son LEP à 4,00 % (il faut être fiscalement indépendant), son livret A à 3,00 %, LDDS. Cela sonne bien. J’emprunte 50.000 € à 1%, je place 10.000 € sur mon LEP, 22.950€ sur mon Livret A, 12.000 sur mon LDDS, et puis le solde me permet de financer mes dépenses courantes durant mes études. Une vie à crédit qui débute donc bien, sans trop de risques.

Attiré par le côté obscur ? L’appât du gain comme seule motivation

Et pourtant, certains seraient prêts à pousser le bouchon encore plus loin. Le Livret A et le LDDS sont déjà au taquet, et une idée trotte dans la tête : et si j’investissais en bourse, sur un ETF MSCI World Index (l’ETF des jeunes investisseurs)... Histoire de gagner bien davantage, enfin potentiellement. Passons les idées les plus farfelues d’investir cet argent sur des SCPI voire des cryptos, cela tient à ce stade de la douce folie. C’est donc à ce moment que la raison s’envole et qu’un retour sur terre est impératif. La notion de risque n’est pas qu’une vieille rengaine chantonnée par mamie AMF. Les performances passées... En cas de chute de 30% de l’ETF MSCI World Index, qui ira demander à papa et maman de payer le loyer du studio ? Souscrire un prêt c’est aussi avoir recours à une caution, et bien souvent, ce sont les parents en première ligne. Les accidents de parcours n’arrivent pas qu’aux autres.

Souscrire un prêt n’a rien d’anodin...

Que ce soit un prêt étudiant ou tout autre crédit, emprunter de l’argent à une banque est un engagement important. Il faudra être certain de pouvoir rembourser ce capital et les intérêts, si faibles soient-ils. D’entrée de jeu, cela devrait donc exclure tous les placements à risques. Emprunter via un prêt étudiant pour placer sans risque ou investir sur des placements à risques, même faibles, est de la pure BullShit. Mais il existe un vide juridique, n’est-ce pas ?

Aucun vide juridique, les choses sont claires

En France, il est légal pour un étudiant d’utiliser un prêt étudiant à d’autres fins que ses études, tant que cela n’est pas contraire au contrat de prêt. Ce qui régit l’utilisation des fonds d’un prêt, c’est le contrat de prêt qui l’indique. Un crédit immobilier indiquera clairement qu’il s’agit du financement d’un bien immobilier. L’emprunteur ne peut donc pas acheter une voiture avec cet argent emprunté, etc. Or, pour la grande majorité des prêts étudiants (voire tous !), il sera clairement stipulé que les fonds octroyés par un prêt étudiant le sont dans le cadre du financement d’études (frais de scolarité, ou dans le cadre de la vie courante durant la période de vie étudiante). Ce qui exclut d’investir en bourse ou dans l’immobilier ou dans une œuvre d’art.

Les banques peuvent même inclure dans le contrat de prêt des clauses de contrôle d’utilisation des fonds. Ces clauses permettent à la banque de vérifier que l’argent est utilisé pour les fins prévues, c’est-à-dire les études, au sens large. En cas de non-respect de ces clauses (argent dormant sur le livret A après 3 années par exemple), la banque peut exiger le remboursement immédiat du prêt, en appliquant ou non des pénalités via des frais supplémentaires. Si la banque découvre qu’un client a utilisé le prêt étudiant à d’autres fins, elle peut prendre les mesures suivantes :

  • Exiger le remboursement immédiat du prêt.
  • Appliquer des pénalités de retard ou des frais supplémentaires.
  • Résilier le contrat de prêt et interdire au client d’emprunter auprès de la banque à l’avenir.

Etant jeune, vous avez toute la vie devant vous pour faire fortune, gagner de l’argent en respectant pleinement les règles du jeu. Commencer à jouer avec les lignes blanches avant même de débuter ce voyage, vraiment, est-ce bien nécessaire ?

Un crédit vous engage et doit être remboursé. Vérifiez vos capacités de remboursement avant de vous engager.

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