Bulle boursière, c’est Noël avant l’heure, le FOMO bat son plein
Nicolas Chéron, Responsable de la Recherche Marchés pour Binck.fr, livre son analyse sur les conditions actuelles des places financières. Noël avant l’heure. La spéculation va bon train, les indices boursiers sont au plus haut, tandis que la macroéconomie reste en berne.
lundi 18 novembre 2019, par Nicolas Chéron
La peur de manquer le train de la hausse
Le FOMO, la peur de manquer le train de la hausse, bat son plein ces dernières semaines. Les actions tous secteurs et toutes capitalisations confondues, reprennent des couleurs. Les indices américains battent des records historiques quotidiennement, le CAC40 retrouve ses plus hauts d’il y a 12 ans à une encablure du seuil majeur des 6000 points et rien ne semble pouvoir enrayer la dynamique en cours. Pour la première fois depuis janvier 2019, les flux entrants sur les actions ont dépassé significativement les flux vers les marchés obligataires la semaine passée, parallèlement les gérants de fonds ont réduit leur allocation en cash et se portent de nouveau à l’achat notamment sur des secteurs délaissés ces derniers mois comme les bancaires ou l’énergie. De plus, les 80 milliards de dollars déversés tous les mois par la BCE et la FED font leur effet, les liquidités battent des records, justifiant ceux des indices.
Macroéconomie en berne et indices boursiers au plus haut
Coté macroéconomie, les chiffres sont toujours au plus bas, que ce soit les PMIs en Chine ou en Allemagne, mais l’hémorragie semble sous contrôle, du moins à court terme, ce dont se suffisent les opérateurs. Les indices de sentiment économique remontent en Europe, les résultats sont bien inférieurs aux attentes au T3 mais les anticipations pour 2020 restent élevées, les analystes comme à leur habitude au sujet de l’avenir, portent leurs lunettes roses. Enfin, les rumeurs, annoncent et tweets au sujet des négociations entre la Chine et les USA ont continuellement dopé le mouvement haussier, comme si la première phase du deal avait été signée (alors que ce n’est pas encore le cas). Pour le moment, les deux puissances se sont accordées sur le fait de continuer les discussions, le manège continu. De fait, une bonne partie du potentiel haussier de l’impact d’une signature entre les deux parties nous semble en partie consommée.
Morgan Stanley passe à neutre sur le marché actions
Comme l’a justement souligné Morgan Stanley dans une note où la banque est passée de sous-pondérer à neutre sur les marchés actions, aucune action supplémentaire de la Fed, de la BCE ou de la BoJ n’est désormais attendue en 2020, les indices vont devoir voler de leurs propres ailes. Même si l’action des prix est haussière jusqu’à nouvel ordre, que la saisonnalité est porteuse et l’ambiance à la fête, l’investisseur prudent ne doit pas oublier de régulièrement prendre ses bénéfices et/ou remonter ses stops de protection.
Réaliser ses bénéfices est prudent
Il serait regrettable de ne pas concrétiser au moins une partie des potentiels gains accumulés après +25% sur le CAC40 depuis le début de l’année et 500 points de hausse en seulement quelques semaines. L’indicateur « Peur et avidité » de CNN Money atteint ses sommets de 2017, l’indicateur d’appétit pour le risque de Goldman Sachs inscrit un nouveau record historique et le Volatility Index (VIX) évolue sur ses plus bas de 2 ans, zone à partir de laquelle il connait généralement de forts rebonds, la prudence reste donc de mise.