Placements : la hausse des taux d’intérêts change la donne, objectif rendement et rien d’autre ! Adieux cryptos, or, pétrole, matières premières ?
Retour au monde d’avant, celui de la finance des rendements. La récréation est terminée. Les taux négatifs ce sera bientôt terminé, retour à la loi du rendement. Tous les actifs sans rendement accessibles en direct ou via des produits dérivés se font massacrer sur l’autel du dieu rendement : cryptos, or, pétrole, cuivre...
samedi 18 juin 2022, par Denis Lapalus
La spéculation avec ces allers-retours sur la valorisation des actifs ont connu leurs heures de gloire. Désormais, avec le retour aux taux d’intérêts positifs et à la fin des liquidités abondantes, le calcul de la prime de risque reprend le dessus. La recherche du rendement sur le long terme redevient un objectif majeur. Les actifs financiers procurant du rendement sont recherchés, les autres actifs, n’en procurant pas, sont délaissés. Or, métaux précieux, cryptos, subissent ou vont subir des dégagements importants. Le krach des cryptos est lié à la remontée des taux d’intérêts. Binance, l’acteur n°1 mondial du secteur, s’est même préparé pour un cours du bitcoin à 0$, c’est dire si l’absence de rendement est un souci majeur pour un actif pourtant largement prisé par les particuliers et les institutionnels.
Retour du rendement en premier lieu
Logique. La forte remontée des taux d’intérêt signe la fin de la période ubuesque de taux négatif, de l’argent facile. Les bulles financières se sont formées, notamment sur de multiples actifs qui ne servent aucun rendement, à l’instar des cryptos. Les stratégies d’investissement régulier sur les cryptos vont montrer leur faille, car cette stratégie sur des actifs sans rendement n’a que peu de chance d’être gagnante à terme. Mais ce n’est pas tout. De nombreuses sociétés, dont le modèle économique n’a pas été démontré, ont levé des montants conséquents. Désormais cette époque est révolue. Nous entrons dans une ère inconnue. Par le passé, les revenus augmentaient, générant de l’inflation et une remontée des taux. Mais en 2022, nous assistons à un phénomène toutefois différent. L’inflation est structurelle, liée à différents événements (crise Covid, circuits d’approvisionnement jamais rétablis, guerre en Europe, changement climatique, etc.). Cette inflation n’est pas celle que nous avons connu par le passé. Or, les banques centrales, après avoir fermé les yeux, ne pensant qu’à un petit coup de chaud, se rendent finalement compte, que cette inflation va durer. La seule solution sera donc de freiner l’économie. Pour ce faire, rien de mieux que d’augmenter fortement les taux d’intérêts.
Prendre des risques pour aller chercher du rendement ?
Oui, mais attention. Nous ne sommes plus dans le monde de l’easy money. Les valorisations délirantes des sociétés car l’idée séduit les jeunes, c’est ringard, c’est du passé consommé ! Les investisseurs rechercheront donc avant tout les actions servant des rendements les plus élevés.
Les produits de taux d’intérêt sur le retour
Les premières hausses de taux sur les produits de taux sont effectuées. De nombreuses hausses de taux de rendement sont encore à venir, fort heureusement, car nous partons de très bas. Si les taux de l’épargne réglementée va encore augmenter à compter du 1er août prochain, dont celui du livret A, à 1.7% ou plus, selon l’inflation du mois de juin, seul le taux du LEP à 4% net et plus semble véritablement attractif.
Si les rendements des obligations indexées sur l’inflation procurent des rendements de 7% et plus, il fallait avoir le nez creux pour souscrire à l’époque de leurs émissions. Le krach obligataire, évoqué dans les médias, est la chute des cours des obligations à taux fixe, lors de la remontée des taux d’intérêts. Tout à fait logique. Mais ce krach obligataire ne veut pas dire que les investisseurs porteurs de ces titres sont perdants, bien au contraire. Il suffit de laisser porter ces obligations afin de réaliser un bon placement. Si l’Etat français continue ses émissions d’obligations indexées sur l’inflation, il est tout de même probable que cette inflation galopante ne dure pas encore trop d’années, prendre garde donc de ne pas investir sur le trop long terme, 2 ou 3 ans maximum !
Fond euros, à quand un redressement significatif des rendements ?
Du côté des fonds en euros, il faudra encore du temps pour que les rendements des fonds euros se redressent vraiment. Les fonds en euros classiques sont investis en majorité sur des obligations d’Etat. 40% de la dette française est achetée par les épargnants, via leurs assureurs vie. Mais il faudra être patient. En effet, bien que le marché devienne favorable sur les nouvelles émissions d’emprunts d’Etat dans les mois à venir, l’inertie du portefeuille d’un fonds euros est telle qu’il ne faut pas espérer un redressement sensible des rendements avant quelques années. Si toutefois les gestionnaires se donnent bien la peine d’effectuer leur travail. Certains assureurs pourraient bien entériner leur démarche de pousser les épargnants à s’exposer aux risques de marché, coute que coute. Une situation pour le moins ubuesque, sachant que sur les unités de compte, aucune garantie de capital ne porte, et que les commissions sont les plus élevées... Sur les unités de compte, l’assureur n’assure rien et empoche davantage de frais, pas belle la vie ?