Objectif de déficit de 3% du PIB en 2015 : autant lui dire adieu tout de suite !
Pourquoi continuer à se mentir encore plus longtemps ? L’économie française est au ralenti, et ce ne sont pas les indicateurs actuels qui révèlent le moindre réveil. Au contraire, la déflation pourrait bien pousser la France dans un cycle de sommeil encore plus profond.
jeudi 14 août 2014, par Denis Lapalus
Ne jamais s’avouer vaincu quand un espoir subsiste, c’est courageux, mais ne pas reconnaître son échec quand tout est plié, c’est de l’aveuglement
Même si personne n’y croyait véritablement, nos politiques comptaient sur la reprise de l’économie mondiale pour sortir la France de l’ornière. Mais, bien que certains pays tirent leur épingle du jeu, cela ne le fera pas. La croissance du PIB français est de nouveau à 0% au deuxième trimestre, et l’inflation est négative pour le moins de juillet. Rien de réjouissant.
Même l’Allemagne, le fer de lance de la zone Euro est en proie à de sévères ralentissements. Le nombre de pauvres ne cesse d’augmente outre-Rhin, le bien-être économique de ce pays, vanté par les médias français, n’est qu’une façade. Les salariés pauvres sont légions en Allemagne, et la mise en place d’un salaire minimum prouve que ce malaise est profond. La crise russo-ukrainienne va plomber davantage l’économie allemande, des périodes encore plus difficiles restent à venir pour la première économie de l’UE.
Reconnaître que l’objectif de maintien du déficit français sous les 3% du PIB est impossible...
Même du côté du PS au pouvoir, les langues se délient. Avouer trop rapidement que l’objectif est inatteignable serait révéler un manque de combativité, mais toujours reconnaître que cela est possible est de toute évidence un manque de lucidité.
- Cambadélis jette le pavé dans la mare
Compte tenu du risque de déflation, le premier secrétaire du PS juge qu’il est "inévitable" de revenir sur l’objectif de ramener le déficit public sous les 3% du PIB en 2015, comme le veut Bruxelles.
Il est "inévitable", pour le premier secrétaire du Parti socialiste Jean-Christophe Cambadélis, d’abandonner l’objectif de faire revenir le déficit public de la France à 3% du PIB en 2015. "Ces seuils ont été fixés avant la crise, explique-t-il dans un entretien aux journal Les Echos. Et aujourd’hui, il y a une nouvelle situation. On est dans une possible déflation. Il faut en tenir compte." (Source : FranceInfo.fr)
Enumérant "le fléchissement des prix ce mois-ci en France, leur niveau historiquement bas en Europe, une croissance anémique, une demande faible, un euro fort", il juge que "nous sommes en situation de pré-déflation, si ce n’est de déflation", et appelle "à un débat public national sur ce sujet".
Jean-Christophe Cambadélis s’était déjà montrait critique, pendant la campagne des élections européennes, sur les critères de Maastricht, dont fait partie la barre des 3%. il estime aujourd’hui que pour abandonner ce critère, "il ne faut pas demander la permission" au gouvernement allemand", mais "provoquer le débat". L’Allemagne a des mesures à prendre
"Beaucoup de pays font des efforts, estime le numéro un du PS. Mais la spirale de l’austérité qui les a conduits à la récession produit de nouveaux effets, ceux de la déflation. Nos amis allemands devraient se rendre compte que leur investissement est plus que léger, et que leur croissance est particulièrement faible." Ainsi, selon lui, les Allemands "ont des mesures à prendre, comme nous, pour relancer la zone euro."
- Le "Nein" de l’Allemagne face à la demande française
Angela Merkel avait récemment opposé une fin de non recevoir à la demande de François Hollande, qui souhaitait que l’Allemagne apporte un "soutien plus ferme" à la croissance européenne. Et le président de la banque centrale allemande, Jens Weidmann, a rappelé la France a l’ordre ce mercredi, lui demandant d’être "un exemple en matière budgétaire", et de cesser ses appels à l’Allemagne afin que celle-ci soutienne sa croissance.