Placement dans les manuscrits : une arnaque à la Madoff ? 700 millions d’euros de préjudice présumés
La justice étudie le cas de la société Aristophil, leader mondial du marché du placement sur les manuscrits. Cette société est suspectée d’avoir organisé un vaste montage financier, à la madoff, pour encourager les épargnants à placer à bon compte. Mais les rendements servis ne seraient que les versements d’autres épargnants...
mardi 2 décembre 2014, par FranceTransactions.com (avec FranceInfo)
Tout a commencé par une communication trompeuse de la société Aristophil. Cette dernière s’étant targuée d’avoir un agrément AMF pour la commercialisation de ses parts en indivision de manuscrits. Or le placement sur les manuscrits ne fait l’objet d’aucun agrément par l’AMF car ce marché n’est tout simplement pas réglementé. L’AMF avait alors précisé que, contrairement aux éléments indiqués dans le communiqué de presse adressé par la société Aristophil le 20 novembre 2014, qu’elle ne valide en aucune façon l’activité de la société Aristophil, celle-ci étant hors de son champ de compétence.
La Justice a ouvert une enquête financière auprès de la société Aristophil, fondée par Gérard Lhéritier. Selon le journal Libération, les soupçons sont étayés, cette société fonctionnerait sur un montage financier à la madoff, les épargnants pourraient perdre pas moins de 700 millions d’euros dans l’affaire. Son patron s’en défend. Mais en attendant les résultats de l’enquête, tous les comptes de la société ont été saisis.
700 millions d’euros de préjudice présumé
Toujours selon les informations du quotidien Libération, la Justice a décidé la saisie de tous les comptes bancaires du plus gros marchand de manuscrits au monde, ainsi que ceux de plusieurs personnes qui y sont liées. Elle soupçonne Aristophil d’escroquerie à grande échelle. Sur le modèle bien connu de la "cavalerie", cher à Bernard Madoff, il est soupçonné d’être l’auteur d’un préjudice record de près de 700 millions d’euros, révèle le journal, sur la foi des calculs du parquet financier.
Un placement financier dont les rendements seraient issus des versements des nouveaux épargnants
Aristophil vendait en effet des parts en indivision de ses manuscrits à de petits épargnants, contre la promesse de rendements alléchants : faire de l’argent en participant à la sauvegarde d’un patrimoine mondial prestigieux, de quoi tenter de nombreux clients. Ils pouvaient revendre leurs part au bout de cinq ans avec des bénéfices, via la société, qui affirme racheter systématiquement. Ce qui n’est pas le cas.
Contrairement à ce que pensaient les investisseurs, elle n’a pas obligation de le faire. En outre, les manuscrits sont surévalués et en cas de rachat, la différence serait financée à la fois par de l’argent frais apporté par les nouveaux entrants, le schéma maintenant bien connu d’un montage à la Madoff, et par les encouragements faits aux épargnants de réinjecter les sommes gagnées, selon les premiers éléments de l’enquête.
Gérard Lhéritier ne voit aucune escroquerie dans son système de financement. Il souligne que les prix de ses manuscrits sont fixés par des experts internationaux et indépendants et que les investisseurs sont largement remboursés de leur mise de fond. Il qualifie sur France Info de "pure invention" les accusations de cavalerie et accuse à son tour la Justice de se livrer à une exécution sans sommation d’Aristophil. La société, totalement bloquée par les saisies de comptes, est en effet sur le point d’être placée en redressement judiciaire. Quant aux 18.000 épargnants, ils pourraient y perdre leurs fonds.