Rentes des péages d’autoroutes : sur 100 euros payés, de 20 à 24 euros sont directement des bénéfices nets pour les sociétés d’exploitation
Une rentabilité exceptionnelle largement déconnectée des coûts, des hausses de tarifs de péages supérieures à l’inflation, une situation assimilable à une rente selon l’autorité de la concurrence.
jeudi 18 septembre 2014, par FranceTransactions.com
L’autorité de la concurrence a dressé un constat sévère des sociétés autoroutières dans un avis publié mardi 17 septembre.
A la demande de la commission des finances de l’Assemblée nationale , les sages de la rue de l’Echelle se sont penchés sur la situation de ces sociétés privatisées en 2006 et cédées à des groupes de BTP comme Eiffage (APRR, AREA), Abertis (Sanef,SAPN) et Vinci (ASF,Escota), qui possédait déjà Cofiroute.
« Nous n’avons pas voulu faire un rapport à charge , mais c’est la vérité des chiffres qui s’est imposée », indique estime Buno Lasserre, le président de l’autorité de la concurrence, récusant l’idée de mener une croisade.
Ainsi l’automobiliste paye 100 euros, entre 20 et 24 euros constituent du bénéfice net pour les concessionnaires d’autoroutes. L’Autorité de la concurrence estime que cette rentabilité exceptionnelle n’apparaît pas justifiée par le risque de l’activité.
Hausse des tarifs de péages : normalement bornés à 70% de l’inflation, mais dans la réalité, bien au-delà de l’inflation !
Les prix ont augmenté de 21,7 % en dix ans, une hausse quasi systématiquement supérieure à l’inflation alors que l’augmentation du trafic est limitée depuis 2007 (+4,1%).
Un risque prix inexistant : le cadre juridique garantit une hausse réglementaire annuelle égale à 70 % de l’inflation. Avec les contrats de plan la hausse a été portée à 80-85% de l’inflation, à laquelle s’ajoute la compensation des investissements prévus par les sociétés d’autoroutes.
L’Autorité de la concurrence note que, même lorsque le niveau de circulation baisse fortement, le chiffre d’affaires des sociétés d’autoroutes a continué à croître par le seul effet de l’augmentation du tarif des péages.