⚠️ Produits structurés : rendements potentiels à 2 chiffres, sous-jacents décrémentés, méfiance !
C’est la dernière tendance du moment, proposer des produits structurés aux épargnants, affichant des rendements potentiels élevés, supérieurs à 10%, mais sur la base de produits dont le sous-jacent est un indice venu d’ailleurs, coté en points. Le diable se cache dans les détails.
mardi 12 septembre 2023, par Denis Lapalus
Toujours les mêmes ficelles...
Afin de distribuer aisément des produits financiers, il suffit de faire miroiter des objectifs de rendement potentiellement élevés. Les épargnants les plus avides aux gains rapides plongeront, sans forcément prendre la peine de comprendre l’ensemble de la machinerie infernale qui leur est proposée. Avec les produits structurés, c’est en effet la dernière tendance, il faut battre l’inflation et donc faire miroiter des potentielles performances à deux chiffres : plus de 10 % ! Evidemment, le revers de la médaille étant que la prise de risque est élevée. Rappelons-le, pas de rendement élevé sans risque élevé. Point de magie en finances. Quand le scénario favorable se déroule, aucun souci, le remboursement du capital et des intérêts est effectué rapidement, trop rapidement d’ailleurs. C’est un signe que ces placements ne sont pas si réellement avantageux, car quand tout va bien, un remboursement effectué, alors que l’épargnant souhaiterait justement qu’il perdure. Le parallèle avec le crowdfunding immobilier est marquant : des taux élevés, mais des périodes de placement initiales très courtes, alors que le risque pris reste très élevé.
Scénario défavorable
En revanche, quand le scénario défavorable se déclenche, les épargnants découvrent, souvent trop tard, que les conditions d’application de leur "protection" sont bien faiblardes. C’est notamment le cas pour les produits structurés dont le sous-jacent est un indice boursier, libellé en points. Entre point et pourcentage, la différence n’a rien de neutre. Le diable se cache dans les détails.
De quels indices parlent-on ?
Ils ont des noms étranges, et le plus souvent, les épargnants n’en n’ont jamais entendu parler. Une partie du nom de ces indices évoquent toutefois le plus souvent un indice de référence, mais n’ont pas grand chose à voir avec les grands indices boursiers renommés. Ainsi, voici quelques exemples :
- S&P Euro 50 Equal Weight 50 Point Decrement Index,
- EURO iSTOXX Banks GR Decrement 50 Series 2,
- Indice iSTOXX France ESG 40 Decrement 50,
- Indice S&P Eurozone Equal Sector Weight 50 50-Points,
- Bloomberg Eurozone DM Top 30 Banking, Consumer Discretionary and Energy Decrement 50 Points Index EUR,
- MerQube® ENGIE 1.2 Point Decrement (EUR),
- etc..
Ces fameux Index decrement 50 points, indiquant que 50 points sont retirés systématiquement. Ce qui veut dire que lorsque les actifs financiers constituant cet indice voient leur valeur baisser, cette marge de 50 points retirés, devient, en proportion de plus en plus grande. Les baisses sont amplifiées... Et donc les hausses pour revenir à un scénario favorable seront d’autant plus difficilement atteignables. La trappe se referme gentiment.
Indice sous-jacent | Valeur départ | Baisse de 20% | Sous-jacent mesuré | Baisse effective constatée |
---|---|---|---|---|
En points (décrement de 50) | 600 | 480 | 430.0 | -28.3% |
En pourcentage (décrement de 0.5%) | 600 | 480 | 477.6 | -20.4% |
Exemple, cotation de l’indice EURO iSTOXX Banks GR Decrement 50 Index à 600 points |
L’écart de variation d’une baisse des marchés appliquée de 20%, sur un indice sous-jacent en points et un indice sous-jacent cotant en pourcentage, est de près de 40% (-20.4% vs -28.3%) ! Un indice basé en points favorise donc le scénario défavorable et une potentielle perte de capital plus importante pour l’épargnant. C’est pourquoi nombre de conseillers en investissements financiers préconisent de ne pas céder aux sirènes des objectifs de rendements alléchants trop rapidement, mais au contraire, de bien étudier à quelle sauce leur capital risque d’être accommodé, en cas de baisse des marchés financiers. Un épargnant averti en vaudrait deux... Là encore, cela reste à voir.
Capital garanti versus capital protégé
L’épargnant ne doit pas confondre capital garanti et capital protégé. Un capital protégé signifie qu’une perte de capital est possible, en cas de scénario défavorable. Un capital garanti exclut tout perte de capital, à tout moment, ce qui est très rare pour un produit structuré. Lorsque le terme de capital garanti est évoqué pour un produit structuré, là encore, le plus souvent ce n’est qu’à l’échéance du placement.
- Les produits structurés sont des titres de créance présentant un risque de perte en capital partielle ou totale en cours de vie et à l'échéance.
- Les produits structurés ne sont pas adaptés aux investisseurs âgés (plus de 70 ans, non respect de leur profil d'investisseur) ou souhaitant sortir avant l'échéance du produit.
- L’attention des investisseurs est attirée sur le fait qu’en investissant sur des titres de créance ils prennent un risque de crédit sur l’Emetteur et sur le Garant de la formule. Vous supportez le risque éventuel de défaut de paiement et de faillite de l’émetteur ainsi que le risque de défaut de paiement, de faillite et de mise en résolution de la formule.