Évolution du comportement des épargnants : aversion aux risques et placements immobiliers restent deux ancrages forts
La tribune de Michel Dinet, Directeur du Développement Richelieu Gestion, met en relief les paradoxes du comportement des Français vis à vis de l’épargne. Une forte aversion aux risques, mais une attirance pour les placements atypiques. Entre défiance envers le monde financier, préjugés et méconnaissances, l’importance du conseil en matière de placements financiers reste primordial. 80% des Français ne savent pas encore ce qu’est un DICI...
mardi 11 février 2020, par Michel Dinet
Si la dernière enquête de l’AMF [1] témoigne de la stabilité des préférences et opinions des Français en matière d’épargne et de placements, elle montre également le décalage important entre la réalité des marchés et les fortes attentes de nos contemporains.
Aversion aux risques
Le Baromètre AMF de l’épargne et de l’investissement montre, sans surprise, des paradoxes déjà relevés comme la préférence affichée des Français pour les placements garantis, sans oublier l’appétence toujours forte pour l’immobilier. Ainsi, deux-tiers de répondants ne souhaitent pas s’ouvrir au risque, malgré leur baisse de rémunération (livrets d’épargne, fonds en euros…).
Un placement sans risque devrait être rémunéré à 3%, selon les Français
De la même manière, les Français montrent toujours peu d’intérêt pour les placements boursiers, puisque 21% seulement déclarent « avoir confiance » envers les placements boursiers en dépit des forts niveaux atteints par les marchés actions en 2019. Si l’aversion au risque est toujours très présente, leurs attentes sont paradoxalement très élevées en matière de rémunération : 56% des personnes interrogées estiment qu’un placement sans risque devrait être rémunéré à 3%, et ils ne sont plus qu’une personne sur trois à accepter de prendre des risques à partir d’une rémunération de 7%, une baisse par rapport à 2018.
La réalité des marchés en 2019, pourtant, infirme l’opinion des Français
À ce phénomène d’aveuglement collectif s’ajoute l’émergence de comportements à risques, sujets à la recherche d’actifs non cotés soi-disant sûrs, lesquels se targuent de taux alléchants. Il suffit de voir les publicités diffusées sur les réseaux sociaux sur des cryptomonnaies, certaines offres d’investissement en Private Equity occulté par une approche immobilière (crèches, promotions, hôtels...), ou encore sur des forêts ou du whisky...
Les placements atypiques paradoxalement plus rassurants que la bourse ?
Actifs non-côtés, donc non-volatiles, donc sûrs… L’argument revient comme une mélodie. Il n’est pour autant pas avenu. Pire, sans généraliser ni évidemment dénigrer les offres très qualitatives existant en la matière, il risque précisément de devenir ce nouvel espace, à l’ombre de la réglementation, au sein duquel, un jour, l’épargnant se trouvera floué.
Ceci démontre s’il en était besoin que le conseiller en gestion de patrimoine, ou le banquier privé, a un rôle déterminant pour informer et former nos contemporains à l’épargne financière. Car c’est aussi dans cette étude que l’on découvre que 80% des français n’ont aucune idée de ce qu’est un DICI [2], tandis que moins de 8% en ont lu un... Et à la question de savoir si c’est un bon moment pour investir, il n’y a qu’une seule bonne réponse : Le meilleur moment pour investir... c’est tous les jours... régulièrement.