Finance verte : la lutte contre le green washing s’organise, l’AMF entend imposer des standards minimaux
La finance verte c’est tendance ! Pour inciter les épargnants à investir, le green-washing, cette opération consistant à verdir toutes les activités des entreprises, sans pour autant avoir un impact positif quantifiable sur la planète, alerte le gendarme des placements financiers, l’AMF.
jeudi 14 novembre 2019, par FranceTransactions.com (avec AFP)
Pouvoir garantir à l’épargnant que son investissement durable l’est effectivement : c’est l’un des enjeux clés auquel est confrontée l’industrie de la finance verte, selon une conférence organisée jeudi soir par l’Autorité des marchés financiers (AMF).
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"Il est indispensable d’éviter le dévoiement de la notion même d’ESG , bref d’éviter un +green washing+ qui serait à tous égards très désastreux", a estimé le président du régulateur français, Robert Ophèle, à l’occasion des Entretiens de l’AMF, consacrés cette année àla finance durable. Pour ce faire, "il est nécessaire de pouvoir s’appuyer sur un corpus de standards minimaux" établis au niveau européen, selon lui. "L’épargnant veut avoir des éléments pertinents, savoir dans quoi il investit, c’est déterminant mais avec un certain nombre de normes et de seuils minimaux", ce qui incombe au régulateur, a plaidé M. Ophèle.
L’AMF et l’ACPR doivent contrôler que la finance verte l’est effectivement
Dans une vidéo diffusée en conclusion de la conférence, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a estimé que "la question du contrôle est décisive". "Il faut garantir aux particuliers, aux citoyens, que la finance verte est rigoureuse et que chaque euro qui est labellisé finance verte aille bien vers des investissements verts. Et c’est là que l’AMF, que l’ACPR (le gendarme des secteurs de la banque et de l’assurance, NDLR) ont un rôle absolument crucial à jouer", a-t-il plaidé.
Confiance mesurée des épargnants envers la finance verte
Une enquête menée en juin pour l’AMF sur la finance durable et les placements responsables avait révélé "une confiance très limitée des épargnants dans l’impact réel des investissements faits ainsi qu’envers la pertinence des labels qui sont disponibles", a rappelé le président de l’AMF. Isabelle Kocher, la directrice générale d’Engie qui intervenait dans l’un des panels, a estimé qu’il fallait "donner plus de capacité aux individus de vérifier que leur épargne est investie comme ils le souhaitent", c’est-à-dire en ligne avec leurs convictions.
L’Union européenne travaille actuellement à l’élaboration d’une classification des investissements verts. En juin dernier, le Groupe d’experts techniques de l’UE sur la finance durable a recommandé de ne pas inclure le nucléaire dans la liste des activités économiques pouvant recevoir des investissements labellisés verts, du fait de son impact en matière de production de déchets radioactifs.