Livret A : Vers une nouvelle hausse de plafond pour rien ?

Alors que le taux du livret A pourrait baisser à nouveau, des voix s’élèvent pour demander de ne pas tenir la promesse du candidat Hollande : passer le plafond des versements à 30 600 €. Le livret A coûte cher à l’Etat, pour rien ! Le financement des logements sociaux n’étant en rien limité. Faut-il que le chef de l’Etat tienne absolument sa promesse électorale, même si celle-ci était stupide ?

vendredi 22 mars 2013, par Denis Lapalus (avec AFP)

Alors que le taux du livret A pourrait bien baisser dés le 1er août prochain, à 1,25 ou 1,50%, la promesse du candidat Hollande de doubler le plafond de versement du livret A inquiète de plus en plus. Inutile pour le financement des logements sociaux, une nouvelle hausse pourrait être un fardeau supplémentaire pour les comptes de l’Etat.

Le patron de BPCE contre un nouveau relèvement du plafond du Livret A

Le président du directoire du groupe bancaire BPCE, François Pérol, a mis en garde jeudi contre un relèvement du plafond du livret A, considérant que cela pourrait dénaturer de ce produit.

"Augmenter le plafond du Livret A, c’est transformer l’esprit de ce produit, garanti par l’Etat, non fiscalisé et liquide", estime M. Pérol dans une interview au journal 20 Minutes.

"A 30.600 euros, et même à 22.950 euros, nous ne pouvons plus parler d’épargne populaire car, finalement, ce sont les plus aisés, une minorité de nos clients, qui bénéficieront de ce relèvement de plafond... Moins de 2% de nos clients sont au nouveau plafond", fait-il valoir.

Livret A : Une hausse de plafond des versements pour rien !

Le plafond du Livret A, que le candidat François Hollande s’était initialement engagé à doubler -ce qui l’aurait porté à 30.600 euros-* a été relevé en deux temps : de 25% au 1er octobre puis de nouveau de 25% au 1er janvier, pour atteindre 22.950 euros contre 15.300 euros fin septembre.

Résultat, 2012 a été une année record de collecte nette (dépôts moins retraits) avec 28,16 milliards d’euros.

Livret A : Un coût financier important pour l’Etat

Non seulement l’Etat contribue au financement des intérêts servis sur le livret A, mais il rémunère également les banques, de l’ordre 1% des montants collectés, pour la gestion des comptes. Bilan, une bien mauvaise affaire pour l’Etat, dont le financement des logements sociaux pourrait être effectué par d’autres formes, les taux actuels de marché étant très bas. Mais rien n’y fait... Aucun politique ne semble visiblement suffisamment courageux pour stopper les frais.

"La Caisse des dépôts n’a pas besoin de cet afflux", juge encore M. Pérol. "Avec les taux de rendement actuels, ce surplus finit par coûter beaucoup d’argent à l’Etat dont les finances ne sont pas au mieux", poursuit-il.

Fiscaliser les intérêts du livret A, issus de placements au-delà de 15 300 € ?

M. Pérol critique aussi l’idée de la Cour des Comptes de taxer les intérêts au-delà de 15.300 euros. "Ce serait venir compliquer la lisibilité et la gestion d’un produit d’épargne simple et compris, depuis longtemps, par tout le monde", selon lui.

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