Sommet Européen : 158 milliards pour sauver la Grèce
Le sommet européen de Bruxelles a débouché jeudi 21 juillet sur un plan d’aide d’envergure pour sauver la Grèce. Près de 160 milliards d’euros seront ainsi débloqués pour sauver la zone euro. Décryptage.....
vendredi 22 juillet 2011, par Jérémie G.
Un "ouf" de soulagement
Jeudi 21 Juillet, les dirigeants de la zone euro sont parvenus à un accord en début de soirée pour sauver la Grèce.
Après un premier plan d’aide en mai 2010 à hauteur de 110 milliards d’euros, les dirigeants européens se sont mis d’accord hier pour une nouvelle levée de 158 milliards d’euros. Echelonner jusqu’en 2014, cette aide devrait permettre de stabiliser les problèmes de la dette grec qui avait déjà commencé à déstabiliser l’ensemble de la zone euro.
Au total, le financement de ces fonds sera supporté, pour la majeur partie, par l"Europe et le FMI, qui en assumeront 109 milliards, le reste allant aux investisseurs privés.
C’est sur ce point particulier que le monde retenait son souffle puisque beaucoup d’experts mettaient en garde contre une participation du secteur privée qui risquait d’entraîner selon eux un défaut de paiement de la Grèce.
Au final, c’est donc cette solution qui a été retenue, et si le risque d’un défaut de paiement est toujours à l’ordre du jour, les autorités se veulent rassurantes et le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, a affirmé que le plan d’aide n’engendrerait pas un "évènement de crédit", c’est à dire l’activation des contrats d’assurance contre le risque de défaillance des pays [1].
Ce défaut de paiement presque annoncé, serait une première pour un pays européen mais ne constitue en rien un fait exceptionnel dans le monde de la finance tant qu’il est couvert par des garanties importantes et qu’il n’est pas trop important en terme de valeur et de durée.
Allègement de la dette et élargissement des prérogatives du FESF
Outre la définition des sommes qui seront allouées à la Grèce, plusieurs mesures ont été décidées hier.
En effet, si le montant des fonds débloqués était l’information que tout le monde attendait, l’allègement de la dette grecque et l’augmentation du champ d’action du Fonds européen de stabilité financière (FESF) sont aussi très importants pour le renforcement de la zone euro et l’avortement d’une crise de la dette qui s’annonçait déjà à l’horizon.
Ainsi, alors que le taux d’intérêt pour le premier plan d’aide atteignait les 4,5%, il sera réduit pour ce second plan, à 3,5% allégeant ainsi la charge de la dette grec.
La zone euro allonge aussi à l’ensemble des pays en difficulté (Grèce, Irlande et Portugal) la durée de ses prêts de 7 ans et demi les repoussant ainsi à un minimum de 15 ans.
Dans le même temps, le FESF voit son pouvoir d’action accru et pourra désormais acheter de la dette publique de pays en difficulté si la BCE constate des "circonstances exceptionnelles" et que les Etats membres donnent leur aval unanimement.
Un plan d’aide suffisant ou trop restreint ?
Si l’ensemble des observateurs se félicitent qu’un accord ai été trouvé, les réactions sur la portée de celui-ci sont en revanche très diverses.
Ainsi, Ségolène royale indiquait que « les conclusions de ce sommet sont à court terme et n’engagent aucune réforme de structure ».
« L’accord final reporte à plus tard les deux questions fondamentales pour l’avenir de l’Europe : la lutte contre la spéculation financière et la relance économique de la zone euro », poursuit-elle.
Car en effet, si bon nombre des réactions positives (notamment à droite) soulignent l’importance de ce plan d’aide à la Grèce, Nicolas Sarkozy y voyant même « l’amorce d’un Fonds monétaire européen », c’est bien l’absence d’un volet sur la régulation financière qui en agace certains.
Fallait il alors inclure les prémisses d’une régulation financière européenne pour faire face aux attaques répétées des spéculateurs ? Une chose est sûre, il faudra bien se pencher sur la question dans un avenir proche au vu des récents évènements.
Dans tous les cas, la priorité était avant tout de trouver un moyen de prévenir ce qui s’annonçait comme une catastrophe colossale et qui aurait pu signer l’arrêt de mort de l’union monétaire européenne tel que nous le connaissons aujourd’hui, c’est chose faite et c’est tant mieux !