Épargne COVID : que faire de ces 156 milliards d’euros amassés sur vos comptes courant en seulement 3 mois ?

Selon les derniers chiffres de la Banque de France, les Français ont amassés 156 milliards d’euros sur leurs compte à vue aux cours des mois d’avril, mai et juin 2020. 28,3 autres milliards d’euros ont été placés sur les livrets épargne, CEL, PEL et comptes à terme. De leur côté, les versements en assurance-vie ont été de 22 milliards d’euros.

samedi 29 août 2020, par Denis Lapalus

Heureusement que ce n’est pas la crise...

Les Français ont visiblement changé de vision. La faillite des banques et des assureurs ne fait plus peur. L’épargne contrainte du confinement reste sagement à dormir sur les comptes à vue. Dans le détail, les comptes à vue ont gonflé de 156 milliards d’euros en 3 mois (de début avril à fin juin).

Épargne constituée durant les mois d’avril, mai et juin 2020. Sources BDF & FFA
Comptes/PlacementsÉpargne constituée en milliards d’euros
Comptes à vue
156 M€
Produits épargne bancaire (livret A, etc.)
28.3 M€
Assurances-Vie
22 M€

Les Français ont épargné pas moins de 206.3 milliards d’euros en 3 mois.

Ces 156 milliards d’euros mis à part, les épargnants ont versé 28,3 milliards d’euros sur les placements sans risque, liquides, tels que le livret A, LDDS, livrets bancaires, PEL et autres comptes à terme, et même sur des CEL. Chose assez surprenante, le solde courant des CEL comptabilise pas moins de 30,5 milliards d’euros d’encours... Ce CEL dont le taux de rendement plafonne à 0.17%. Et enfin l’Assurance-Vie a vu le versement de quelques 22 milliards d’euros sur ces 3 mois (à ne pas confondre avec la collecte nette, qui elle est négative sur cette période). Bref, tout ne va pas si mal pour les Français pouvant épargner. Que faire donc de ce pécule ?

Et maintenant on fait quoi ? On prie pour que l’inflation ne fasse pas son grand retour ?

Amasser autant d’argent sur son compte courant, c’est sans conteste rassurant. Ce fameux au-cas où... Les épargnants les plus aguerris appellent cela de l’épargne de précaution. Ce pécule facilement utilisable en cas d’imprévu. Logiquement, le réceptacle tout désigné pour laisser dormir son épargne de précaution est le couple livret A/LDDS. Peu importe la faible rémunération, l’idée n’est pas de faire fructifier son épargne de précaution, encore moins de se constituer un capital pour la retraite. L’idée, en cette période de taux négatifs, est de perdre le moins d’argent possible. Alors les Français prient-ils pour que l’inflation ne fasse son grand retour ?

Hyper-inflation, vas-tu revenir ?

Le retour d’une hyper inflation est-elle à craindre ? Quand on est à la tête d’un capital dormant, l’ennemi, c’est l’inflation. A ce jour, les sommes placées sur les comptes à vue se déprécient de l’ordre de 1% par an. Les Français auront donc perdu pas moins de 1,56 milliard d’euros, en théorie, au bout d’une année. C’est ballot. Mais au final, ce n’est pas le vrai danger. Le réel danger est le retour d’une inflation bien plus forte, 3, 4 ou 5%. Alors, oui, plusieurs économistes de renom peuvent nous expliquer en long et en large, que non, ce n’est pas possible qu’une hyper-inflation soit de retour rapidement... Aucun d’entre eux n’avaient vu arriver la crise financière de 2008 et les autres voient une crise financière arriver chaque année... Bref, comme personne n’en sait rien. Aux USA, la FED annonce qu’elle s’attend à une inflation au-delà des 2%... Mais bon, c’est loin les USA.

Livrets bancaires ? Comptes à terme ?

Si cet argent reste sur votre compte courant, c’est qu’à priori vous êtes averse aux risques. Regardez donc du côté des placements sans risques. Pas de super bons plans auxquels vous n’avez pas pensé... Mais les livrets bancaires devraient proposer quelques offres attractives à la rentrée, c’est la saison. Scrutez les offres promotionnelles de livrets épargne. Quand on a pas d’objectif long terme, et que l’on ne souhaite pas prendre de risques, c’est toujours mieux qu’un compte courant.

Acheter de l’OR ?

Acheter de l’or, le métal, et non un instrument financier portant sur l’or. Dans ce dernier cas, il ne s’agit que d’un instrument financier, et cela revient à parier en bourse, au gré des spéculations, des crises, des euphories... Et puis quoi ? Mettre son lingot sous son matelas et attendre la fin du monde ? L’OR ne rapporte rien, et sa valeur va fluctuer en fonction des marchés financiers, du dollar, et des tendances. Bref, hormis pour le transmettre à vos enfants, l’or physique ne vous permettra jamais de payer votre baguette de pain lorsque l’euro sera tombé dans le trou noir de la dette. Détenir de l’or est valable uniquement dans un cadre patrimonial global avec une optique de transmission.

Acheter de l’immobilier ?

  • Immobilier physique : Au sens propre du terme. La pierre, cela ne subit pas l’inflation. Du moins, pas aux yeux des Français. Pourquoi ne pas investir ce pactole dans l’immobilier ? C’est le péché mignon des Français, quand on ne sait pas où investir, on achète de l’immobilier. Afin de contrecarrer l’inflation, l’immobilier physique semble mieux. Investir dans un Pinel ou un Denormandie (Pinel dans l’ancien avec travaux) semble tout indiqué. De plus les taux des crédits immobiliers sont encore bas... A moins que le marché de l’immobilier ne vienne à s’écrouler ? Chacun son avis sur le sujet. Mais pas de krach pour le moment... Les prix commenceraient à peine à baisser, notamment sur Paris, après une reprise euphorique post-confinement.
  • Pierre-papier : Pour les plus aventureux, l’immobilier financier, via des SCPI notamment, au sein de contrats d’assurance-vie permettant d’investir en pierre-papier, ce peut être bien, car les risques sont moindres qu’en détention de parts en direct. Restons prudents.
  • Crowdfunding immobilier : placement financier à risques, le crowdfunding est un placement court terme, proposant des rendements attractifs, mais avec des risques conséquents. Âmes sensibles s’abstenir.

L’assurance-vie, comme toujours ?

Évidemment, ce placement sert à tout. Donc autant en profiter, d’autant plus que vous pourrez bénéficier de belles offres assurances-vie à la rentrée. Ne vous attardez pas trop sur les fonds euros moribonds. Évitez les fonds structurés (les marchés financiers pourraient bien vaciller encore un peu avant une potentielle reprise, annulant du coup toutes les garanties...) et préférez les supports immobiliers et les fonds euros performants, cela existe encore.

Miser en bourse ?

Oui, bien-sûr. Comme toujours, un petit peu, de façon régulière, sur un PEA, un PEA-PME, une assurance-vie et pour vos enfants des PEA Jeunes. Pour ne pas avoir à se soucier de savoir si c’est le bon moment d’investir ou pas. En investissant régulièrement des petites sommes, c’est le plus sûr moyen de gagner en bourse, sur le long terme. Évitez évidemment de tenter le diable en misant sur des valeurs "exotiques", des small-caps dont vous ne comprenez même pas véritablement le métier ou des bio-techs. Bref évitez les actions recommandées par les médias spécialisés, quand tout le monde en parle, c’est qu’il est temps de vendre et non d’acheter. Investissez sur des mastodontes, servant des dividendes conséquents. Pour les investisseurs qui ne veulent même pas choisir, optez pour un ETF global actions, et le tour est joué.

Et si vous pensiez à votre retraite ?

Au final, ce sera sans doute le placement idéal pour ce pécule amassé durant la crise. Et si vous prépariez votre avenir, une fois que vous serez à la retraite. Les nouveaux PER sont là, de nouvelles offres vont encore sortir à la rentrée 2020, ce sera le moment de faire le point. Une réduction d’impôt à la clé, ce n’est pas un motif suffisant pour verser sur ce type de placement, mais cela fait toujours un peu de bien au moral d’avoir une ristourne fiscale.

Si vous n’êtes pas décidé, attendez de voir comment la situation va évoluer.

Tous droits réservés © FranceTransactions.Com, 2001-2024