Épargne en Allemagne : une première, le taux moyen devient négatif pour les particuliers à -0.01%
Notre monde marche sur la tête. Et ce n’est pas fini ! Avec le grand retour de l’inflation, voici qu’Outre-Rhin, le taux moyen des dépôts à court terme (comptes à vue, livrets, etc.) devient négatif. Inédit. En France, si le taux moyen reste très bas (0.28%), il n’est pas encore prêt pour passer dans le rouge. Et l’épargne réglementée (Livret A, LDDS, PEL, etc.) sauvegarde encore l’épargne de précaution.
jeudi 18 février 2021, par Denis Lapalus
En Allemagne, jusqu’alors certaines banques seulement appliquaient un taux négatif à leurs clients, sur les dépôts à vue, ou sur les placements de court terme. Mais désormais, la moyenne du taux de rendement sur l’ensemble du pays est devenue négative, à -0.01%. Rien de dramatique à ce niveau de taux, mais tout de même, un drôle de monde. Au Luxembourg, le taux moyen est de -0.22%, selon les données publiées par la BCE pour le mois de décembre 2020. Ce n’est déjà plus la même histoire.
En Allemagne, détenir des liquidités coûtent de l’argent aux particuliers...
C’est fait. C’était attendu et le cauchemar pour les épargnants allemands perdurent. Ils vont devoir investir leur pactole, dans quelque chose, peu importe, ou alors laisser leurs euros sous leur matelas. L’argent laissé sur les comptes à vue et les placements court terme (moins d’une année) est à bannir. Évidemment, vous devez ajouter à cette situation ubuesque l’inflation qui revient en force.
Intérêts négatifs sur les dépôts : forcer les épargnants à investir... Mais dans quoi ?
Les consommateurs et les entreprises sont confrontés à la perspective de payer des pénalités importantes. Selon la dernière analyse de Raisin (intermédiaire européen de placements épargne), le taux d’intérêt moyen offert en Allemagne est inférieur à zéro, l’Espagne se situe au seuil du zéro et les Français ne font pas exception avec un taux moyen extrêmement bas. Ceux-ci sont en partie protégés par les taux de rendement, même faibles mais garantis par le gouvernement à travers les livrets réglementés (livret A, LDDS..). Cependant, si on prend en compte les derniers chiffres de l’inflation annoncés par la BCE à savoir 0,9% pour le premier trimestre 2021, l’épargnant européen subit une perte de pouvoir d’achat réelle.
En France, l’épargne réglementée sauve les épargnants
L’épargnant européen risque d’être doublement pénalisé, entre d’une part des taux de rendements inférieurs à l’inflation et d’autre part, la possibilité d’avoir à payer des frais sur leur compte courant et leur compte d’épargne. En effet, la plupart des banques domestiques sont excédentaires en termes de liquidités et subissent une « pénalité » de la BCE lorsqu’elles placent cet excédent auprès de cette dernière (Analyse mensuelle de janvier). Ce phénomène est d’autant plus accentué par le comportement des ménages qui, face à la crise sanitaire, thésaurisent ou consacrent une plus grosse partie de leur budget à l’épargne (L’Europe ou le royaume de l’argent mort-vivant).
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Pour compenser ces lourdes charges, certaines banques notamment en Suisse, Allemagne, Danemark, les Pays-Bas et Italie ont commencé à répercuter les coûts sur leurs clients. Certaines banques françaises privées ont également suivi cette tendance mais cette problématique est bien plus complexe pour les banques commerciales qui facturent déjà des frais de tenue de comptes et craignent la concurrence si elles étaient seules à appliquer cette politique. Aussi, elles doivent s’assurer que leurs systèmes informatiques et opérationnels permettent l’application de taux d’intérêt négatifs dans le calcul des intérêts et du capital à rembourser.
Des taux négatifs en France pour les dépôts à vue et livrets ordinaires ?
Non, pas pour le moment et pas en l’état. D’après un rapport de la Banque de France sur les taux d’intérêt négatifs (Rapport sur la problématique des taux d’intérêts négatifs, 2017), « le code civil envisage uniquement les flux de l’emprunteur vers le prêteur et non l’inverse. Une telle pratique des taux d’intérêts négatifs serait susceptible de remettre en cause cette analyse classique en droit civil. » Bien sûr, le cadre réglementaire peut évoluer. A défaut, il existe aussi des solutions alternatives, comme l’application de frais de gestion.