Banques / taux d’intérêt : la BCE siffle la fin de la récréation, l’argent gratuit pour les banques, ce sera terminé dès septembre
La BCE a enfin décidé de se bouger. Entre critiques ouvertes sur les cryptos et annonce de la fin des taux directeurs négatifs, le monde de la finance se prépare à cesser de marcher sur la tête, retour les pieds sur terre.
mardi 24 mai 2022, par Denis Lapalus
Taux de dépôt au jour le jour
La Banque centrale européenne (BCE) devrait remonter son taux de dépôt à zéro d’ici fin septembre et pourrait le relever encore si l’inflation se stabilise à 2%, a déclaré lundi sa présidente, Christine Lagarde. "Sur la base des perspectives actuelles, nous devrions être en mesure de sortir des taux d’intérêt négatifs d’ici la fin du troisième trimestre", écrit-elle dans une note de blog publiée sur le site internet de la BCE. Le taux de dépôt est actuellement fixé à -0,5%, ce qui revient à faire payer les banques qui souhaitent déposer des liquidités auprès de la banque centrale.
Taux fixes directeurs de la BCE (au 02 décembre 2024) | Taux |
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Taux de refinancement | 3.40 % |
Taux de dépôt au jour le jour | 3.25 % |
Taux de prêt marginal au jour le jour | 3.65 % |
Hausse des taux d’intérêt
La première remontée devrait être décidée en juillet, a précisé Christine Lagarde, soit peu de temps après la fin des achats nets d’actifs. Ces déclarations illustrent le revirement plus marqué que devrait prendre la BCE sur sa politique monétaire alors que Christine Lagarde, en fin d’année dernière, jugeait peu probable une hausse de taux en 2022. Car le taux de dépôt est en territoire négatif depuis 2014. À l’époque, la banque centrale était en prise à une faible inflation. Or, la hausse des prix a accéléré ces derniers mois, notamment ceux du carburant, en raison entre autres de l’invasion de la Russie en Ukraine.
Inflation : 7.4% en Europe
L’indice des prix à la consommation a atteint le niveau record de 7,4% sur un an en avril et en excluant l’alimentation et l’énergie, l’inflation dépasse largement l’objectif de 2% fixé par la BCE. "Si nous constatons que l’inflation se stabilise à 2% sur le moyen terme, une poursuite progressive de la normalisation des taux d’intérêt vers le taux neutre sera appropriée", ajoute Christine Lagarde, qui évoque même la possibilité d’une poursuite de la hausse au-delà du taux neutre "si l’économie de la zone euro était en surchauffe".
Christine Lagarde a toutefois souligné que le rythme et l’ampleur de ces hausses de taux ne pouvaient être déterminés d’emblée en raison des incertitudes sur l’offre, avec notamment les restrictions liées au COVID-19 en Chine et les répercussions du conflit en Ukraine. "Cela crée davantage d’incertitudes sur la vitesse à laquelle les pressions actuelles sur les prix vont s’atténuer, sur l’évolution des capacités excédentaires et sur le degré d’ancrage des anticipations d’inflation à notre objectif", a déclaré la présidente de la BCE.
"Les taux d’intérêt négatifs appartiennent au passé" : les propos de Christine Lagarde, ce lundi, vont dans le sens du patron de la Bundesbank, Joachim Nagel, lequel, en fin de semaine dernière, a plaidé pour un relèvement rapide des taux d’intérêt afin de juguler la flambée des prix. "Lorsque vous êtes dans un environnement de taux d’inflation autour de 7% (...), la conclusion est que les taux d’intérêt doivent augmenter", a justifié Joachim Nagel à l’issue d’une réunion du G7 en Allemagne, ajoutant : "Il est certain que les taux d’intérêt négatifs appartiennent au passé". Au cours de leur réunion, les ministres des Finances et banquiers centraux des sept grandes puissances (États-Unis, Japon, Canada, France, Italie, Royaume-Uni, Allemagne) ont fait de la lutte contre l’inflation l’une de leurs priorités.