BCE : Draghi a fêté son départ avec des bulles, immobilières et financières. Mais qui va trinquer ?
Avant son départ de la BCE, Draghi a confirmé la politique durable de taux négatifs de l’institution. Il a donc quitté son poste satisfait. Des bulles immobilières et financières à la clé. Toute tentative de retour des taux vers des niveaux de l’inflation souhaitée (à savoir 2% ou plus) et ces bulles exploseraient illico. Une impasse donc pour Mme Lagarde, sa remplaçante à la tête de la BCE. Nous connaissons que trop bien ceux qui vont trinquer du retour à des taux positifs.
jeudi 7 novembre 2019, par Denis Lapalus
Prise de fonction de Mme Christine Lagarde
Mario Draghi a donc tiré sa référence. L’ancienne directrice du FMI, Mme Lagarde a pris la tête de la Banque Centrale Européenne. Elle continuera d’aller dans le même sens que son prédécesseur. La politique de taux négatif devrait donc perdurer. Ce qui reste du moins assez croustillant, car à la tête du FMI, l’institution pointait le niveau alarmant de l’endettement de l’économie toute entière. La Banque de France dressait le même constat : le surendettement du pays à tous les niveaux est un risque majeur. Perdurer donc dans la voie du développement du crédit ne pose dorénavant plus de souci. Et pourtant, avant de partir, M. Draghi avait reconnu, lors de sa dernière intervention devant la presse, que cette politique n’avait pas que des effets positifs, notamment pour les citoyens, épargnants et les clients des banques, en première ligne. La BCE reconnaît du reste que sa priorité reste l’économie, l’inflation et le taux de chômage, plus que la préservation du capital des citoyens. Nous l’avions effectivement constaté.
Du côté des effets collatéraux de cette politique de sur-consommation du crédit, c’est évidemment l’envolée des prix de l’immobilier, dans la plupart des pays de l’Union. La bulle immobilière est flagrante dans toutes les grandes villes européennes, et la hausse irrationnelle des prix sur Paris n’est qu’un seul exemple.
Bulle immobilière en Europe, c’est la BCE qui le dit... Une nouvelle crise est inévitable
Fin 2018, La BCE, via la voix de signalait son inquiétude sur la bulle immobilière présente au sein de l’Union. Le marché de l’immobilier serait sur-évalué de l’ordre de 30%, aussi bien en Allemagne, qu’en France et essentiellement pour l’immobilier d’entreprise. Le prix des biens dépasse trop largement leur valeur.
En 2007, aux USA, n’était-ce pas déjà le cas ? Non, la source de la crise était la mauvaise catégorisation des risques financiers portant sur les crédits immobiliers, nuance. Cette fois-ci, la prochaine crise financière pourrait trouver son origine dans la bulle immobilière que l’Europe connaît actuellement. Ainsi, Danièle Nouy, présidente du conseil de supervision au sein de la Banque centrale européenne, a expliqué sa vision des choses en septembre 2018 "Qu’est-ce qui pourrait provoquer la prochaine crise ? Je ne sais pas, mais je suspecte que ce pourrait être le marché immobilier", a déclaré Danièle Nouy dans l’entretien accordé à l’agence de presse lettone LETA. "Nous savons avec certitude qu’il y aura une nouvelle crise. Mais nous ignorons quand et pour quelle raison."
Bulle financière, c’est la BCE qui l’entretien
Deuxième effet collatéral non souhaité de ces taux bas : un afflux de liquidités à investir sur des actifs. L’argent pas cher permet d’investir largement dans tout et n’importe quoi, sans pour autant créer de la valeur. A ce petit jeu, la récréation se terminera dès lors que les taux ne seront plus aussi faibles. Un tel afflux de liquidités provoque une hausse des prix des actifs, alors que leurs valeurs ne progressent pas dans la même mesure. C’est le principe d’une bulle. Les investisseurs paient trop cher leurs investissements. La correction sera donc brutale. Scrutez les niveaux des indices boursiers actuellement, de nombreux indicateurs pointent un ralentissement économique et les prix des actifs continuent de grimper ? Quelle logique ? Quand la correction devrait-elle avoir lieu ? Dès lors que les plus gros investisseurs vont se retirer du marché, en empochant leurs colossales plus-values. Les particuliers seront une nouvelle fois les derniers à sortir du marché, comme à chaque crise financière, par manque de réactivité. Le signal est évidemment la remontée des taux d’intérêts, il sera lors temps de réaliser ses plus-values afin de placer sur le marché de taux. Dans le même temps, le marché de l’immobilier plongera de la même manière.
Une vision trop pessimiste ? Tant mieux, c’est un bon angle de vue pour une gestion prudente de ses avoirs. Surveillez les taux d’intérêts !