Bénéfices records en 2022 pour la SNCF avec près de 2,2 milliards d’euros
Les résultats 2022 de la SNCF ne seront présentés officiellement qu’en février 2023. Toutefois, le Parisien dévoile ce que pourrait être le bénéfice affiché de la société de chemin de fer, un record, avec près de 2,2 milliards d’euros. De quoi rénover les voies et mettre un terme à ces grèves à répétition ?
mercredi 28 décembre 2022, par Denis Lapalus
Voici une nouvelle qui a encore de quoi faire enrager. Alors que les grèves ont perturbé les vacances de Noël de nombre d’usagers, la SNCF devrait publier, selon des informations de presse à confirmer, un record de bénéfices pour l’année 2022. La publication des résultats de la SNCF ne seront publiés officiellement qu’en février 2023. L’on peut notamment se demander si cette "fuite" du montant des bénéfices 2022 ne tombe pas à point nommé pour la négociation des revendications salariales des agents de la compagnie nationale des chemins de fer. Les médias restant une arme absolue de manipulation de l’opinion publique.
Pour les usagers, de tels bénéfices seraient une excellente nouvelle, un espoir que les lignes les moins fiables soient enfin bénéficiaires d’investissements conséquents afin de les remettre sur les "bons rails".
SNCF : bénéfices records en 2022
Selon les informations du quotidien Le Parisien, sur les douze derniers mois, la SNCF a engrangé un profit de 2,2 milliards d’euros. Les résultats du premier semestre avaient donné le ton avec un bénéfice net de 928 millions d’euros. L’été 2022 a été splendide, puisque des records de trafic ont été réalisé, avec pas moins de 14 millions de billets longue distance vendus pour les seuls mois de juillet et août. Soit 10 % de plus qu’en 2019, juste avant la pandémie.
Record de 2017 explosé
Le précédent record remonte à 2017. En pleine présentation gouvernementale de la réforme ferroviaire, la SNCF avait affiché un bénéfice net de près de 1,5 milliard d’euros. « Le groupe SNCF ne confirme aucun chiffre, balaie-t-elle. Les résultats pour 2022 seront présentés en février prochain. » « Ce mutisme n’est pas étonnant, décrypte une source bien informée. Cela fait plusieurs semaines que la direction tente de garder ce chiffre secret. En pleine Négociation annuelle obligatoire sur les salaires, ces bons résultats auraient pu polluer les échanges. Voire compliquer la recherche d’une sortie de grève des contrôleurs. »
Le résultat définitif pourrait même être bien plus important : « Ces 2,2 milliards d’euros, c’est sans la vente d’Akiem, confie une source. Il faudrait rajouter plusieurs centaines de millions d’euros ». Cette filiale de la SNCF, détenue à parts égales avec l’Allemand DWS, est spécialisée dans la location de locomotives. Elle a été cédée à la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ). Une vente sous la pression du gouvernement français, pour désendetter le groupe ferroviaire, qui fait jaser en interne. « Akiem va servir de loueurs de trains pour les concurrents qui souhaitent attaquer le marché ferroviaire français, s’agace un cheminot qui connaît bien le dossier. On se tire une balle dans le pied. »
Du côté des syndicats, on regarde ces 2,2 milliards d’euros avec envie. « C’est l’argent des cheminots, insiste un responsable syndical. Il a été gagné grâce à la productivité des agents mise en musique par les différentes réformes de l’entreprise. Il s’agit de toujours faire plus avec moins. Là, on a supprimé un guichet, ici on a remplacé les taxis par des VTC à la qualité de service moindre, pour que les conducteurs puissent rejoindre leur gare de départ. Des petites choses, des irritables, qui pourrissent le quotidien des agents qui finissent par exploser comme pour les contrôleurs. »
De quoi moderniser le réseau
Mais attention, une grosse partie du pactole va disparaître au profit du fonds de concours. Créé en 2014, il sert à financer la modernisation du réseau ferroviaire. « Pour l’alimenter, la SNCF doit verser chaque année 40 % de ses bénéfices, rappelle un cheminot. C’est même 60 % depuis 2018. » Un abondement critiqué.
Des factures d’électricité qui vont tripler en 2023
« Avec ces 2,2 milliards d’euros, la SNCF devra aussi payer sa facture d’électricité, prévient une source interne. Elle va être multipliée par trois l’année prochaine. ».