Crédit : pourquoi emprunter à un taux de crédit inférieur à celui de l’inflation n’est pas toujours un si bon plan ?

Les taux de crédit sont historiquement bas. Crédits à la consommation, avec des taux proches de 1%, ou de crédits immobiliers, sous les 2% sur 15 ans, alors que l’inflation dépasse les 2% en rythme annuel, l’idée répandue qu’il s’agit d’une aubaine financière d’emprunter dans de telles conditions est pour le moins sujette à caution. Décryptage.

vendredi 13 juillet 2018, par Denis Lapalus

Que mesure l’inflation ? Le passé

L’inflation, telle que définie par l’INSEE, est la valeur de l’argent. Plus l’inflation augmente, plus les prix augmentent pour acheter la même chose, et donc moins vaut chacun de vos euros. Mais l’inflation chiffrée est la photo actuelle de l’évolution des prix dans le passé. Elle n’indique pas l’avenir. L’inflation en rythme annuel indique ce qui s’est passé au niveau des prix les 12 derniers mois. L’inflation mesurée ne dit rien sur l’avenir. Or emprunter, c’est faire un pari sur l’avenir.

Un taux de crédit porte sur le futur

Le taux d’un crédit lui, à l’inverse de l’inflation, est une donnée certaine, pour les crédits à taux fixes, portant sur l’avenir. Cet avenir est défini par la durée de l’emprunt. Si aujourd’hui j’emprunte à 2% sur 15 ans, bien que le taux actuel de l’inflation soit de 2%, rien ne dit que dans 5 ans, le taux de l’inflation ne redescendra pas sous les 1%. Ce qui compte est donc l’inflation moyenne durant toute la durée de remboursement, et non pas l’inflation au moment de la souscription du crédit. Premier écueil. Mais le pire est encore d’emprunter alors que le consommateur n’en a pas véritablement besoin, ou a les capacités de rembourser son crédit.

Emprunter alors que la somme dort sur son compte courant est juste stupide

La masse financière dormante sur les comptes bancaires des Français est hallucinante, pas moins de 530 milliards d’euros à fin 2017, selon les chiffres de la Banque de France. Le comble est que parmi toute cette manne disponible à la consommation, mais soumise à la dépréciation de l’inflation, certains Français continuent d’empruntent pour "profiter" des taux bas de crédit. C’est ce que l’on appelle la double-peine. Non seulement, ils vont donc payer cet achat d’argent dont ils n’ont pas besoin, mais d’un autre côté leur capital va diminuer en valeur d’autant du montant de l’inflation. Le seul gain ? Espérer que l’inflation va rester au-dessus de leur taux de crédit. Et quand ce dernier court sur 15 ans, autant dire que cela tient de la roulette de casino.

Envolée des encours de crédits, l’effet taux bas

Phénomène inquiétant pour les autorités de contrôle. Les Français souscrivent des crédits à la consommation à tour de bras, sous l’influence d’un marketing bien léché, et de taux aguicheurs.

En premier lieu les crédits auto, les Français cèdent largement aux sirènes du leasing et autres locations longues durées, quitte à souscrire un crédit à la consommation. Le plus souvent, ces Français possèdent le capital correspondant sur leur compte courant. Un endettement peu cher, mais une fois l’impact négatif de l’inflation sur leur compte courant, la facture est déjà plus conséquente, mais évidemment les consommateurs ne calculent que rarement ainsi.

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