Crise financière II, le retour : 10 ans après, Jean-Claude Trichet juge le système financier plus vulnérable qu’en 2008
Le surendettement des États en cause. Les pays émergents sont les premiers concernés par la spéculation financière sur l’état de leurs dettes. Le FMI a lancé de multiples signaux d’alarme au fil de ces derniers mois mais rien n’y fait. C’est au pied du mur que l’on voit mieux le mur.
jeudi 6 septembre 2018, par Denis Lapalus
Si pour Danièle Nouy, présidente du conseil de supervision au sein de la Banque centrale européenne, la prochaine crise financière, inéluctable, aura pour origine la chute des marchés de l’immobilier, pour Jean-Claude Trichet, l’origine pourrait bien être le sur-endettement des États. Toujours est-il que ces experts sont d’accord sur le fond, nous allons une nouvelle fois droit dans le mur.
Le surendettement, source de la prochaine crise financière
Alors que les économistes tirent le signal d’alarme quand la dette d’un pays dépasse les 100% de son PIB, de son côté, le FMI rappelle que la dette mondiale a atteint 164.000 milliards de dollars en 2016, soit représentant 225% du PIB mondial ! « Le monde est désormais de 12 % plus endetté que lors du précédent record en 2009 », déplore le Fonds monétaire. Pour les pays développés, la dette se situe en moyenne à 105 % de leur PIB, soit le niveau le plus haut depuis la seconde guerre mondiale, précise Le Parisien dans ses colonnes.
Crise financière de 2008, des risques mal couverts
Lors de la crise mondiale, consécutive à l’effondrement de la banque américaine Lehman Brothers, Jean-Claude Trichet était en première ligne en tant que gouverneur de la Banque de France.
2018, des risques financiers mal couverts
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Dix ans après, l’ex-gouverneur de la Banque de France alerte sur les risques d’une nouvelle crise financière globale. Selon lui, même si la croissance mondiale doit encore progresser de près de 4 % en 2019 selon le FMI, le niveau record de l’endettement des pays émergents rend « le système financier mondial aussi vulnérable sinon plus qu’en 2008. »
Dans les pays émergents, elle atteint en moyenne 50 % du PIB, du jamais-vu depuis la crise de la dette des années 1980 qui avait frappé avec force les économies en développement. A elle seule, la Chine représente 43 % de l’augmentation de la dette mondiale depuis 2007.
L’endettement des ménages est un risque majeur
« L’endettement des ménages et des entreprises a atteint des niveaux records dans de nombreux pays », a récemment confirmé Angel Gurria, le secrétaire général de l’OCDE. Il pointait notamment les entreprises dites « zombies » qui survivent en se finançant grâce à de l’argent pas cher et qui pourraient se retrouver la tête sous l’eau lorsque les taux remonteront.