Cryptos : la Libra de Facebook fait déjà trembler le monde financier, et fantasmer les membres du réseau social
Et si tous les GAFA émettaient leur propre monnaie ? Facebook sera le premier test grandeur nature dès 2020. 27 grandes entreprises internationales suivent et participent financièrement au projet de Facebook, dont Iliad, la seule firme française ayant réussi à mettre un pied dans le projet. Côté monde financier, les craintes sont déjà là, côté internautes, les fantasmes les plus fous font déjà le buzz.
jeudi 20 juin 2019, par FranceTransactions.com (avec AFP)
Coup de projecteur sur les cryptomonnaies. Le bitcoin en profite également, la sépculation a repris sur les cryptomonnaies depuis les mentions du projet de Facebook. Le Libra, la crytomonnaie que Facebook mettra en circulation à partir de 2020 créé la confusion et est source de nombreuses interrogations. Le buzz fonctionne donc comme jamais...
Libra, pas encore sortie, bientôt déjà encadrée
Le gouvernement français, par la voix de son ministre de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire, souhaite que le G7 encadre Libra, la cryptomonnaie créée par Facebook. « J’ai demandé aux gouverneurs des banques centrales des sept pays membres du G7 de nous faire un rapport pour la mi-juillet [...] pour qu’ils nous disent ’voilà les garanties qu’il faut fixer sur ce projet de monnaie’ », a expliqué le ministre sur Europe 1. Bruno Le Maire juge nécessaire de protéger les consommateurs, car « cet instrument de transaction va permettre à Facebook d’accumuler à nouveau des millions et des millions de données. Ça me renforce dans ma conviction de réguler les géants du numérique, de s’assurer qu’ils ne se trouvent pas dans une situation monopolistique ».
Libra doit en outre rester un instrument de transaction
Libra doit en outre rester « un instrument de transaction » : « ça ne peut pas et ça ne doit pas devenir une monnaie souveraine, avec tous les attributs d’une monnaie, c’est-à-dire la capacité à émettre un titre souverain [et à servir de] réserve. L’attribut de la souveraineté des Etats doit rester aux mains des Etats, et pas des entreprises privées, qui répondent à des intérêts privés », a insisté le ministre.
Libra
Le réseau social Facebook a confirmé mardi le lancement de sa cryptomonnaie, dont les grandes lignes ont été détaillées dans un livre blanc. Libra sera garantie par une réserve d’actifs réels, comme des bons du Trésor, pour assurer sa stabilité et la préserver de la spéculation. Facebook va créer une filiale réglementée, nommée Calibra, qui gérera le porte-monnaie lié au Libra. Le service devrait être opérationnel en 2020. Il sera disponible sur les applications de messagerie instantanée Messenger et WhatsApp (qui regroupent plus de deux milliards d’utilisateurs), ainsi que par le biais d’une application propre.
Iliad, seule entreprise française embarquée dans le projet Libra
Regroupant des entreprises de référence, des organisations multilatérales et des institutions académiques, l’Association Libra est chargée de créer cette monnaie électronique, « avec des frais de transaction minimes ». Dans un communiqué séparé, Iliad, maison mère de l’opérateur de télécommunications Free, a annoncé être l’un des membres fondateurs initiaux de l’Association Libra, une organisation indépendante à but non lucratif. Iliad précise avoir « vocation à être l’un des nœuds de validation du réseau Libra ». Iliad est la seule entreprise française impliquée dans ce projet.
Au nom de l’association, l’opérateur français a dressé la liste de ses membres. Elle comprend, également dans le secteur des télécommunications, l’opérateur Vodafone et, dans le domaine des technologies et des places de marché en ligne, Booking, eBay, Farfetch, Lyft, Mercado Pago, Spotify, et Uber Technologies. Dans les sociétés de paiements, l’association compte Mastercard, PayPal, PayU (filiale de Naspers), Stripe, et Visa. Cette association a « pour ambition de faciliter le développement de la blockchain Libra et de gérer la Réserve », a indiqué Iliad. Le réseau reposera sur une blockchain open-source « sécurisée, évolutive et fiable », a poursuivi la société.
Calibra
Calibra est une nouvelle filiale de Facebook basée en Suisse. La direction de la société a été confiée à David Marcus, patron de l’équipe blockchain de Facebook. C’est cette société qui gérera l’application « Calibra » (portefeuille numérique) et les services financiers que Zuckerberg veut développer dans l’écosystème du libra.
Des fantasmes chez les internautes
Facebook ne lance pas une cryptomonnaie uniquement pour faire le buzz. Il s’agit là de créer un nouvel éco-système, le réseau social arrivant à maturité, il convient de trouver de nouveaux relais de croissance. Alors que certains pensent que Facebook va monétiser les données personnelles des membres du réseau, les internautes pensent qu’ils seront crédités de quelques libra. Des libras qu’ils se voient échanger en toute quiétude sur les plateformes d’échanges (ou via Calibra) de cryptodevises contre des euros sonnants et trébuchants. Il est bien plus probable que Facebook incite ses membres à donner plus d’informations complémentaires sur eux-mêmes, moyennant récompenses. Facebook ne paiera pas pour des informations déjà connues. Il est encore temps de quitter le réseau social pour bénéficier de ce nouveau modèle économique. Les faux-profils devraient avoir encore une longue vie devant eux.