Energie renouvelable (éolien, solaire) : l’Etat va toucher un pactole totalement inattendu
Les énergies renouvelables et surtout les parcs éoliens implantés en France pourraient rapporter selon les estimations de la CRE 8,6 milliards d’euros au budget de l’Etat en 2022 et en 2023.
jeudi 22 septembre 2022, par Denis Lapalus
Dans toute crise, il y a du bon...
Relative bonne nouvelle. Conséquence directe de la flambée des prix de l’électricité. Pour la première fois, en 2022, les énergies renouvelables ne viennent pas alourdir le budget de l’Etat mais deviennent une source de profits pour les finances publiques. Selon les estimations publiées par la Commission de régulation de l’énergie (CRE), les énergies renouvelables doivent rapporter au total 8,6 milliards d’euros au budget de l’Etat entre 2022 et 2023. Pour le secteur, lancé grâce au soutien massif de l’Etat et en particulier grâce à ses contrats d’achat d’électricité à prix fixe sur très longue période, c’est une révolution.
Cagnotte imprévue
En 2022, les recettes liées aux contrats d’achat d’électricité passés entre l’Etat et les producteurs d’énergies renouvelables doivent atteindre 4,278 milliards d’euros, alors qu’initialement la CRE tablait sur une charge budgétaire de 5,154 milliards d’euros. En 2023, compte tenu des prévisions de prix de l’électricité toujours stratosphériques sur les marchés de gros de l’électricité, la CRE table sur 4,27 milliards d’euros de recettes liées aux énergies renouvelables électriques - contre une prévision initiale de 5,154 milliards d’euros de charge budgétaire.
Fin du complément de rémunération des producteurs d’énergie renouvelable
Cette recette surprise pour les finances publiques provient de la mise en œuvre des contrats d’achat d’électricité passés avec les producteurs d’énergie renouvelable. Conçus pour garantir un prix de rémunération fixe aux producteurs pendant quinze à vingt ans afin de les inciter à investir, ils oscillent en moyenne entre 81 euros et 137 euros le MWh. Ces contrats prévoient une compensation financière pour les producteurs lorsque les prix de marché sont inférieurs à ce prix cible, ce qui pèse dans ce cas sur les finances publiques. Mais en retour un versement à l’Etat est prévu quand les prix de marché sont supérieurs aux prix de rachat garantis. Or en France, les prix du MWh se sont envolés, pour atteindre 1000 euros au pire de la spéculation...
Concrètement, en 2022 et 2023, ce sont les parcs éoliens implantés en France qui doivent contribuer le plus à ce gain exceptionnel pour l’Etat. Sur les 8,6 milliards d’euros de recettes attendues, la filière éolienne terrestre contribue à hauteur de 7,6 milliards, indique la CRE, qui précise que « la filière photovoltaïque continue de peser marginalement sur les charges de service public à hauteur de 0,9 million d’euros ». Ceci compte tenu du « poids des contrats historiques, conclus au lancement de la filière à des tarifs élevés ». Dans le solaire, certains contrats atteignaient en effet les 300 euros, voire au-delà.
Remboursement des subventions
Le secteur est cependant encore loin d’avoir remboursé le total des subventions reçues par l’Etat, quelque 43 milliards d’euros depuis 2003, dont 11,5 milliards d’euros pour l’éolien et 24,6 milliards pour le solaire.