Greenwashing : la polémique enfle autour du SBTi et de son souhait d’intégrer les crédits carbones dans sa méthode d’évaluation
Intégrer les crédits carbones ? Information démentie depuis, le Science Based Targets Initiative (SBTi) n’a pas modifié ses normes actuelles.
mardi 16 avril 2024, par Denis Lapalus
Le conseil d’administration de l’initiative Science Based Targets (SBTi) a précisé qu’« aucun changement n’a été apporté aux normes actuelles du SBTi », à la suite d’une forte réaction interne suite à sa récente annonce de son intention de mettre à jour sa norme pour la définition d’objectifs nets zéro pour les entreprises en étendant l’utilisation de certificats d’attributs environnementaux (EAC), tels que les crédits de réduction d’émissions, pour aider à lutter contre les émissions. Cette clarification fait suite à des informations faisant état de lettres du personnel du SBTi répondant à l’annonce du conseil d’administration, indiquant que le personnel était « profondément préoccupé » par cette déclaration et appelant apparemment à la démission du PDG et des membres du conseil d’administration.
SBTi : Science Based Targets Initiative
Le SBTi a été fondé en 2015 dans le but de faire de la définition d’objectifs environnementaux fondés sur la science une pratique d’entreprise standard. Les fonctions clés des organisations comprennent la définition et la promotion des meilleures pratiques en matière de réduction des émissions et d’objectifs de zéro émission nette conformément à la science du climat, la fourniture d’une assistance technique aux entreprises qui fixent des objectifs fondés sur la science et la fourniture aux entreprises d’une évaluation et d’une validation indépendantes de leurs objectifs de réduction des émissions.
Crédits carbones : du greenwashing ?
Les accusations de GreenWashing fusent contre le SBTi depuis l’annonce de vouloir intégrer les crédits carbones dans sa méthode d’évaluation. Le conseil d’administration d’un des indicateurs les plus sérieux et mondialement connu pour mesurer l’atteinte ou non des objectifs climatiques que se fixent les entreprises avait estimé qu’il pouvait être utile aux entreprises d’intégrer l’achat carbone pour compenser leurs émissions résiduelles. « Ce type de dispositif vise à compenser et non à réduire ses émissions de gaz à effet de serre. C’est pourtant là qu’est la priorité pour lutter contre le changement climatique. » assure Joseph Choueifaty, cofondateur de GoodVest, startup pionnière en matière de produits d’épargne, (assurance-vie verte et PER vert) alignée avec l’Accord de Paris sur le climat. « Cette nouvelle règle va profiter à certaines entreprises polluantes qui ne mettent pas en place de réelles stratégies de décarbonation de leur activité, mais pourront obtenir cette reconnaissance. C’est ce type d’arrangements avec la réalité de la part des entreprises qui suscitent la méfiance des particuliers. »
Selon une étude Goodvest réalisée par l’institut Poll &Roll en mai 2023, 75 % des Français se disent méfiants à l’égard des promesses écologiques des entreprises. 72 % d’entre eux sont ainsi convaincus de la nécessité de mieux réguler en France les promesses écologiques des entreprises. Un enjeu majeur pour rétablir la confiance et inciter les Français à se tourner vers des solutions écologiques en toute sérénité.