Prix des fruits et légumes en 2018 : une envolée des prix peu compréhensible

La variation des prix des fruits et légumes d’une année sur l’autre n’a rien de surprenante, tout dépend à priori des conditions météo. Certes, mais les écarts de prix constatés en 2018 sont tellement importants (+43% sur le prix des carottes, +18% pour les pêches, +16% pour les pommes, +15% sur les melons, etc.) que d’autres paramètres rentrent en ligne de compte. En moyenne, le budget fruits et légumes des consommateurs augmente de +4.50% en 2018.

jeudi 23 août 2018, par Denis Lapalus

La Croix publie aujourd’hui, en exclusivité sur son site et dans ses pages, les résultats d’une étude de l’observatoire annuel des prix des fruits et légumes de l’association de consommateurs Familles rurales. Selon cette étude, les fluctuations sont très importantes d’une année sur l’autre depuis 2010.

La volatilité des prix des fruits et légumes d’une année sur l’autre est surprenante © La Croix

Une envolée des prix incompréhensible

En 2018, "manger 5 fruits et légumes par jour" coûte à une famille de 4 personnes 160 euros par mois, soit une hausse de 4,5% par rapport à 2017, soit près du double de l’inflation courante en cet été 2018.

L’envolée des prix est totalement surréaliste :

  • Carotte : +43.3%
  • Pêche : +17.9 %
  • Nectarine : +17.3%
  • Pomme : +15.7%
  • Abricot : +15.6%
  • Melon : +15.3 %
  • Courgette : +13.1%
  • Salade : +11.6 %

Comment expliquer ces hausses irrationnelles des prix ?

D’une part, les conditions météo. Certes, certains fruits ont connu des gelées tardives, trop de pluie au printemps, la production est donc plus faible que l’année précédente. Par exemple, pour l’abricot, la récolte est estimée à 30% de moins qu’en 2017. Beaucoup de demandes pour peu d’offre, l’on peut comprendre.

Mais alors pour la carotte, si l’on suit le même raisonnement ? La production a du chuter de plus de 80% ? Et bien pas du tout. La production n’est en baisse que de -3% ! La vérité est donc bien ailleurs.

Les négociations commerciales entre distributeurs et fournisseurs

Maximisation des marges à tous les étages. Ces hausses de prix seraient liées, selon l’association Familles Rurales, source de l’étude, aux négociations commerciales entre les distributeurs et les fournisseurs, sur lesquelles des réformes sont possibles. On se lâche. Les prix augmentent, certaines fois, pour un juste retour des choses, mais le plus souvent pour récupérer des marges bien plus confortables. Et visiblement, tout le monde y trouve son compte, sauf évidemment, le consommateur en bout de chaîne.

Les consommateurs font les prix, le bio, 2 fois plus cher

© stock.adobe.com

Comme nous sommes dans un marché de l’offre et de la demande, les consommateurs ont toujours le dernier mot. Si le prix d’un fruit devient trop élevé, les consommateurs s’en détourneront. Avec le Bio, c’est bien ce principe. Les prix sont élevés, près de 2 fois plus cher en moyenne pour le panier moyen, mais ne grimpent pas aussi fortement qu’en mode de culture conventionnel. Les consommateurs les plus aisés continuent d’acheter mais représentent au final une demande ne permettant pas une nouvelle envolée des prix. Des fruits et légumes bientôt plus cher que la viande... Il serait temps de se remettre à cultiver son jardin.

Une volatilité des prix à étudier de près

La volatilité des prix, c’est leur faculté de varier, aussi bien à la hausse qu’à la baisse. Si cette indication est souvent l’apanage des indices boursiers, la volatilité des prix des fruits et légumes est étudiée de près par les consommateurs, car avec plus de 15% de variation de prix d’une année sur l’autre, les arbitrages sont rapidement gagnants. A quand un indice de volatilité sur la pomme (et non sur Apple, il existe déjà...) ?

Tous droits réservés © FranceTransactions.Com, 2001-2024