Récession en France : Le scénario noir de la Banque de France pour 2023 ne va pas rassurer les Français
Les craintes des Français sont déjà nombreuses, la publication du scénario défavorable par la Banque de France pour 2023, leur donnera sans doute de quoi conforter leur attentisme. La récession en France arriverait en 2023, si toutefois la situation économique, et notamment l’inflation ne se réduit pas significativement d’ici là.
mercredi 22 juin 2022, par Denis Lapalus
Si près de 50% des Français s’attendent à une crise économique et financière à venir, ils ne seront pas rassurés. La Banque de France revoit ses prévisions de croissance à la baisse pour 2022. Dans une estimation défavorable de la situation mondiale, la Banque de France envisage désormais également que la France connaisse une phase de récession dès la fin 2022 pour s’enfoncer en 2023 (Pib de -1.3%).
Révision de la croissance française 2022 à la baisse
Dans ses projections macroéconomiques de juin 2022, la Banque de France a revu son estimation de croissance pour la France en 2022 à seulement 2.3%. Cette revue à la baisse n’a rien de significative, mais ce qui est retenu dans la publication de son étude de conjoncture est que tout est possible pour les mois à venir, le meilleur comme le pire.
Tout est possible...
De son côté, le rapport du baromètre de la Coface, expert mondial d’évaluation des défauts de paiement, prévoit également de son côté l’arrivée de nuages noirs sur la zone Europe. L’Espagne, la France, l’Italie et l’Allemagne seraient les pays les plus impactés par une inflation perdurant encore quelques mois. La récession provoquée par les banques centrales ne serait donc forcément la meilleure issue pour réduire cette inflation.
Le scénario noir
La Banque de France prévient que des risques existent, ces derniers pourraient noircir davantage le point actuel. Dans un scénario "défavorable", marqué par une poursuite du conflit en Ukraine l’an prochain avec son intensité actuelle et un durcissement des tensions sur les prix de l’énergie, La Banque de France estime que la croissance ne serait plus que de 1,5% en 2022. Le PIB reculerait même de 1,3% en 2023, avec une récession "qui commencerait dès 2022, même si cela ne se refléterait pas dans le PIB" annuel.
Une inflation élevée en 2022 et 2023, qui reviendrait cependant autour de 2 % en 2024
La hausse de l’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) s’est poursuivie au cours de ces derniers mois, passant de 5,1 % en rythme annuel en mars à 5,4 % en avril, puis 5,8 % en mai. L’inflation mesurée par l’IPC (indice des prix à la consommation) s’établirait quant à elle à 5,2 % en mai 2022, après 4,8 % en avril et 4,5 % en mars ; cet écart entre les deux mesures, inhabituellement élevé actuellement et qui devrait se réduire dans le futur, découle principalement du poids plus important de l’énergie dans le panier de l’IPCH.
Les conséquences de la guerre en Ukraine, qui sont venues s’ajouter aux tensions préexistantes sur les approvisionnements, alimentent cette inflation élevée à travers la forte contribution des prix de l’énergie en lien avec le prix du pétrole. De plus, le prix du diesel raffiné, déjà en hausse tout au long de l’année 2021 à la suite de la reprise post-Covid, s’est fortement apprécié depuis le mois de février 2022. En effet, le conflit en Ukraine a entraîné une baisse importante des exportations russes de diesel (la France importe autour de 20 % de son diesel depuis la Russie), contribuant à une hausse des marges de raffinage, qui sont in fine répercutées dans les prix à la pompe. Enfin, comme déjà indiqué, nous faisons l’hypothèse conventionnelle que les mesures prises pour contenir les hausses de prix de l’énergie (de type bouclier tarifaire) ne seraient pas prolongées au-delà de la fin 2022.
Perte de pouvoir d’achat
Au total, la guerre en Ukraine et ses conséquences engendreraient donc une perte de pouvoir d’achat de 2 points de PIB entre 2022 et 2024 en France, ainsi qu’une hausse de 3,5 points de l’inflation, estime la Banque de France. Pour les ménages, cela se traduirait par une perte de pouvoir d’achat d’environ 1% cette année, tandis que les entreprises verraient leur taux de marge amputé de 2 points, soit deux fois moins que ce qu’elles avaient subi lors de la forte inflation des années 70.