Un investissement hôtelier tourne au fiasco financier, des nuits blanches pour les épargnants
Investir dans des hôtels de luxe, c’était la grande tendance quelques années de cela. Tous les épargnants voulaient investir. Surtout avec une ristourne fiscale ISF à la clé. Mais comme d’habitude, quand la mariée est trop belle, les lendemains peuvent rapidement déchanter. L’investissement en question, sensé investir dans un hôtel de luxe à rénover tourne au véritable fiasco financier. Les investisseurs en font les frais.
dimanche 5 août 2018, par Denis Lapalus
C’est le quotidien Le Parisien qui révèle l’affaire ce jour. Une enquête préliminaire est ouverte par le parquet de Paris depuis le 1er août. Une quarantaine d’investisseurs s’estiment lésés, leurs investissement ayant tourné au fiasco financier, de façon anormale selon eux.
Certes, tous les épargnants ne doivent pas négliger le fait qu’investir dans l’immobilier est un placement à risque. Investir dans la rénovation d’hôtels de luxe l’est plus encore. Mais de là à perdre 94% de la valeur de son capital investi, la pilule est difficile à avaler.
Un capital investit réduit de 94% !
Les contribuables soumis à l’ISF avaient de nombreuses portes de sortie afin de réduire leur facture. L’une d’elle était d’investir dans des hôtels de luxe, la carotte fiscale étant de 50% de la somme investie. Trois millions d’euros ont été ainsi collectés. Mais l’affaire tourne court et la société d’investissement, créée avec ce capital, tourne court. La société n’a jamais acheté d’hôtel et par le jeu de fusion/acquisition, le capital a fondu comme neige au soleil. Bilan : un fiasco total.
Proposé à la vente par un intermédiaire, la société Arkéon Finance, ce produit consistait à co-investir auprès de Patrick Machefert, PDG et fondateur du groupe Hôtels de Paris, un acteur de premier plan dans l’hôtellerie de luxe. La société Arkéon Finance a fait faillite en 2016.
Créées depuis peu, trois sociétés devaient mettre en commun tous ces fonds et les investir dans l’acquisition et la rénovation d’hôtels. Prenons un exemple : la société dénommée Thalie. « Après l’acquisition d’un fonds hôtelier idéalement situé au cœur du Quartier Latin et du Vieux Paris avec ses rues typiques et ses pierres chargées d’histoire, la décoration des 22 chambres sera revue pour offrir aux résidents une expérience de quiétude inspirée par le séjour d’Arthur Rimbaud qui y rédigea ses poèmes », promettait, en 2014, la plaquette de promotion de ce produit financier. Mieux, toujours selon ce document, « dès la première année d’exploitation pleine, la société dégagera un résultat net positif ».
Double-peine : perte du capital et redressement fiscal en prime
Aucune acquisition d’hôtels n’yant été effectué, aucun travaux, le fisc considère de son côté que le contrat n’a pas été respecté et demande donc logiquement aux investisseurs de rendre la ristourne fiscale à l’Etat.
L’avocat des investisseurs particuliers Nicolas Lecoq-Vallon précise dans les colonnes du Parisien « C’est parfois la double peine, certains de mes clients subissent en plus des redressements fiscaux ! » En effet, cerise sur le gâteau, comme les sociétés créées pour l’occasion n’ont jamais investi dans des hôtels, le produit financier n’ouvre plus le droit à des réductions d’impôts. Résultat, l’administration a donc réclamé à une partie de ces plaignants le remboursement de leurs aides fiscales et leur a appliqué de lourdes pénalités.